«Il y a trois enjeux pour la Communauté portuaire de Paris. Le premier est la transition écologique des flottes pour être au rendez-vous de l’interdiction du diesel en 2024 et des véhicules thermiques en 2030 dans la capitale, des mesures qui ne concernent pas directement le fluvial mais qu’il doit prendre en compte pour conserver son image de mode de transport propre et respectueux de l’environnement par rapport à la route, ainsi que les Jeux Olympiques », indique Olivier Jamey, président. Il souligne que fin janvier 2021, le comité d’organisation des JO de Paris a évoqué une réflexion en cours sur la place de la Seine, des quais, des bateaux pour les cérémonies d’ouverture et de clôture en sortant ces événements des stades. « Cette mise en avant peut renforcer l’importance du fleuve et de la voie d’eau ».
« La logistique urbaine fluviale pour les approvisionnements au service du développement urbain est le deuxième enjeu et doit prendre une place très importante pour apporter des activités nouvelles au fleuve. Le troisième, c’est la mixité des usages dans Paris. Un quai, en fonction des moments de la journée, peut passer d’un usage à un autre. L’idée se décline aussi pour les bateaux qui pourraient avoir plusieurs usages. C’est l’idée qu’avec un même actif, les usages sont maximalisés. C’est une approche non plus statique mais dynamique des usages », continue Olivier Jamey.
Le président de la CPP cite en exemple les feuilles mortes chargées au fur et à mesure dans une barge Cemex quai de Bercy puis transportées jusqu’à Gennevilliers en décembre 2020. « Tout s’est fait rapidement car tous les acteurs étaient volontaires. C’est de la mixité des usages car la barge transporte habituellement des matériaux de construction, le quai a été utilisé pour une activité supplémentaire par rapport à celles habituelles de Cemex. La mobilité induite du fleuve doit amener davantage de fluidité. Il ne faut pas avoir une vision cloisonnée des activités, industrielles d’un côté et touristiques de l’autre, mais se demander ce que le fleuve, le linéaire de quai, les bateaux peuvent apporter comme services à la ville, comment ils peuvent participer à son essor. Cela ouvre des perspectives de développement au fleuve qui doit être au centre pour des usages économiques et le bien-être de la population ». Un autre exemple porteur pour l’avenir est celui des expérimentations autour du transport fluvial d’éléments préfabriqués en bois, d’abord en lien avec les JO, et avec l’objectif de mettre en place une solution pérenne par la Seine entre la Normandie et l’Ile-de-France en héritage des Jeux.
Un lien renoué avec la clientèle locale
Concernant l’année 2020, Olivier Jamey rappelle que « les activités touristiques, de passagers et de loisirs ont été très affectées. Des compagnies ont choisi de ne pas ouvrir alors qu’elles le pouvaient. C’est un moment sinistre. Certaines ont jusqu’à 90 % de baisse de leurs activités. Des personnes sont en inactivité depuis des mois. C’est un traumatisme important. Mais cette période doit aussi permettre de regarder quels sont les sujets nouveaux pour permettre une relance sur le fleuve ».
Parmi les enseignements de l’été 2020 : « Avec le peu d’activité qu’on a eu, la fréquentation de la clientèle francilienne a été au rendez-vous et a retrouvé le plaisir du fleuve à bord des bateaux ou sur les quais. Nous avons renoué ce lien avec la clientèle de proximité et nous souhaitons le renforcer. Ce fil avec la population locale, on doit l’entretenir ».
Des offres accessibles et personnalisés avec des bateaux adaptés peuvent répondre à ce qu’attend cette clientèle. Celle-ci fréquente également fortement les quais sur lesquels il est possible d’envisager une mobilité avec les vélos qui pourraient aussi être acceptés à bord des bateaux. « Il y a un sujet entre tourisme à terre et le fluvial. C’est une opportunité pour l’axe Seine, combiner les mobilités douces, la recherche du dépaysement. Il y a beaucoup de pistes à explorer pour favoriser le développement des activités autour du fleuve. On sent que le fleuve sera au cœur des enjeux de demain ».