«Nous sommes présents sur la Seine depuis 2005 pour du transport de conteneurs. Nous sommes convaincus depuis longtemps qu’avec la massification du transport maritime et des navires de plus en plus grands, Rouen doit devenir un centre relais du Havre pour l’évacuation des conteneurs par le fleuve et par le train. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé une ligne ferroviaire vers Bonneuil puis Gennevilliers », déclare Louis Bonnefon, directeur des activités logistiques, fluviales et de manutention chez Marfret. Cette ligne complète le service fluvial entre Rouen et Gennevilliers.
Le montage de la ligne a pris deux ans et le démarrage a eu lieu en octobre 2019 avec une rotation par semaine, l’objectif étant de passer à deux pour offrir un service à des clients les plus divers possibles. « Tout a bien commencé avec du cargo mixte, un tiers de transport nationaux, un tiers avec des commissionnaires, un tiers avec des armateurs. Le mouvement contre la réforme des retraites à partir de décembre 2019 a tout arrêté pendant deux mois puis la crise sanitaire est survenue. Quand nous avons repris, il a fallu nous adapter avec des clients différents, notre cargo mixte ayant volé en éclat, ce qui a aussi entraîné pour nous des difficultés de sillons et de terminaux », continue le responsable.
Le bilan de ce lancement pour Marfret est que la fiabilité est indispensable pour le train et le passage de une à deux rotations par semaine est important mais pas possible immédiatement. Il faut aussi prendre en compte la compétitivité et la concurrence du transport routier de marchandises. « Le contexte a modifié notre modèle d’affaires et nous cherchons encore la meilleurs martingale ».
Fiabilité et fluidité
« Nous sommes convaincu de la pertinence de notre modèle sur l’axe Seine qui a besoin de plusieurs terminaux multimodaux, ce qui explique nos investissements à Rouen dans la manutention pour disposer d’une offre sur le terminal des Moulineaux ». En 2017, Marfret a racheté Somap à Rouen, lequel pour devenir le relais du port du Havre doit être un terminal multimodal, selon Louis Bonnefon.
« Notre credo est de jouer à fond la complémentarité des ports de l’axe Seine dans son ensemble. C’est comme cela qu’on arrivera à regagner des parts de marchés et des volumes sur les ports de l’Europe du Nord ».
Pour ce responsable, il y a des signaux positifs avec le plan stratégique du futur établissement unique et l’intégration des trois ports prévue le 1er juin 2021. « Nous espérons que cela va se traduire par une meilleure compétitivité et par une meilleure fiabilité des ports, par une meilleure fluidité pour la circulation des marchandises. Ces sujets existent depuis longtemps mais ils sont actuellement davantage portés ». En termes d’amélioration de la compétitivité, il y a notamment le sujet du coût du franchissement portuaire au Havre, la fiabilité concerne notamment les aspects sociaux. La fluidité désigne tout ce qui relève de l’administration, des douanes, de la numérisation, du CCS S)One.
Regagner les volumes affectés par la crise sanitaire de 2020 fait partie des priorités pour 2021. 2020 présente, en effet, « un bilan mitigé » avec un premier semestre très difficile, un rebond à partir de juin suivi d’un très bon été puis la fin d’année a été plus moyenne. En 2021, il s’agit de « repartir vers l’avant, d’asseoir la ligne ferroviaire, de réussir le terminal multimodal à Rouen ».
Concernant le « verdissement » et la transition énergétique, « nous suivons avec attention. Nous voyons qu’il y a une demande de la clientèle. Toutefois le plus important reste la pertinence économique ».
Sur la Seine, Marfret transporte des conteneurs, des granulats pour les chantiers du Grand Paris Express, des déchets via Fluveo, filiale que Veolia a créée en partenariat avec cette compagnie.