« Ce voyage-test est une suite des « Voyages entre les Deux Mers » dont celui de 2020, qu’Agir pour le fluvial organise depuis près de 10 ans maintenant », rappelle son président Jean-Marc Samuel… « Et une suite des réunions qui ont eu lieu à Damazan et à Bordeaux », ajoute Catherine Jauffred, de l’association Vivre le canal. « Il y a eu une volonté de poursuivre, de passer à l’acte. Le collectif s’est monté très rapidement. C’est là qu’on a passé le cap de la sensibilisation à un voyage-test. Une phase expérimentale s’amorce. Après, l’idée est de poursuivre et de mettre en place des voyages réguliers », continue Catherine Jauffred.
Le collectif comprend principalement quatre types d’intervenants : un transporteur avec le bateau Tourmente (SAS L’Equipage), des acteurs privés (réunis dans l'alliance Compas 47, dans Casa Gaia, dans Agrobio 47, la coopérative MBSO, l’enseigne Biocoop… qui sont des chargeurs prêts à faire transporter leurs marchandises par la voie d’eau), des collectivités (syndicat ValOrizon, communauté de communes du Confluent et des Coteaux de Prayssas) des associations (comme Vivre le canal).
La mise en place du collectif montre que le transport fluvial entre le canal des Deux Mers et la Garonne bénéficie aujourd’hui d’une nouvelle dynamique dans un contexte favorable. Depuis quelques mois, « les planètes s’alignent » entre volonté politique, transporteurs, chargeurs, distributeurs, restaurateurs…
« Garonne Fertile » a été imaginé autour de volontés partagées de réutiliser la voie d’eau pour le transport alimentaire. Dans le contexte climatique et de transition alimentaire des territoires, la convergence de réflexions autour de la création d’une alternative à la route a permis d’initier un premier voyage-test.
Un soutien de VNF par le PARM
Voies navigables de France (VNF) soutient financièrement le projet dans le cadre de son plan d’aide au report modal (PARM) en accompagnant le principal chargeur (la coopérative MBSO).
L’opération est cofinancée par la région Nouvelle Aquitaine, la communauté de communes du Confluent et des Coteaux de Prayssas.
A Bordeaux, la métropole, le grand port maritime et la ville ont été sollicités pour un appui financier ou technique. Val de Garonne agglomération encourage les chargeurs de son territoire par un soutien financier.
Le voyage-test est l’occasion d’organiser des rendez-vous à terre « pour mettre à l'honneur les dynamiques des territoires du Lot-et-Garonne ». Le dernier jour du voyage-test, le 7 mai 2021, à Bordeaux, les « Rencontres du fret fluvial alimentaire sur la Garonne » sont prévus à la maison éco-citoyenne ainsi qu’en format à distance (Youtube et Zoom). Il s’agit de « mobiliser la filière, les acteurs et les collectivités autour d’un projet durable de liaisons régulières et amorcer une concertation élargie ». Le 8 mai, à destination du public, un marché des producteurs devrait clore l’opération à fond de cale du Tourmente, « pour un moment gourmand au contact des agriculteurs et artisans ». Toutes les informations sur le site web : www.garonnefertile.org et toutes les questions par mail : contact@garonnefertile.org.
Imaginer des solutions
Concrètement pour la partie transport fluvial, il s’agit de charger à bord du Tourmente des palettes et de l’agro-alimentaire à Damazan, Meilhan, Castets-en-Dorthe, Lanigon, puis de les décharger à Bordeaux (ponton d’honneur). De là, une partie des produits sera livrée aux distributeurs et restaurateurs de la ville par vélo-cargo, l’autre partie sera vendue lors du marché à bord du bateau.
L’un des objectifs du voyage-test est de valider les conditions de chargements de palettes et de produits alimentaires à bord du Tourmente lors des 4 escales, pareil pour le déchargement à Bordeaux.
Jean-Marc Samuel explique : « Nous allons essayer de résoudre la question du chargement/déchargement des palettes à bord. J’ai imaginé une solution avec un gerbeur électrique, une plate-forme construite sur l’iloire. C’est une solution qui peut servir une fois. A Bordeaux, il faut penser à l’effet de la marée qui influence la hauteur du ponton. C’est un endroit où il faut laisser un accès au quai pour des activités de logistique, ne pas tout transformer uniquement pour de la plaisance ou des loisirs. Avec ce voyage-test, on défriche tous les paramètres, tous les aspects. Ce qu’on fait en mai, c’est totalement nouveau et inédit, c’est ce que l’on voudrait voir sortir comme projet partout. Tout le monde y croit et est partant, ce qui peut permettre d’inscrire la chose dans la durée ».
Début mai, la navigation se fera à la demande, l’implication de VNF est un atout.
Pour Jean-Marc Samuel, après le voyage-test, « l’objectif est un trafic régulier, en comptant deux jours de navigation avec d’éventuels aléas, peut-être jusqu’à deux aller-retour par semaine ».
Pour Catherine Jauffred, le voyage-test va servir à déterminer les conditions de l’après, quels modèle économique, volume, conditionnement, quelles marchandises, manutention, fréquence, quel site, etc.
Pour le voyage-test, les produits à bord sont de l’alimentaire et de l’agro-alimentaire (conserves, boissons…). Il faut réfléchir à une solution sous température dirigée pour du frais ou semi-frais à l’avenir, éventuellement avec de l’hydrogène. L’industriel Hydrogène Vallée est d’ailleurs membre du collectif.
Dans un objectif à moyen terme, selon les acteurs de « Garonne fertile » : « Le fluvial de demain s’intègrera dans une logique de développement vertueux de résilience alimentaire et écologique des territoires via un transport multimodal décarboné. Associée aux vélos-cargo, la perspective d’un bateau à propulsion hydrogène pourrait proposer une logistique urbaine toujours plus soucieuse de l’environnement ».