Une pilotine convertit du diesel à l’électricité au port de Sète

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La « e-Maguelonne » a été inaugurée officiellement le 13 avril 2022 lors d’Escale à Sète (photo Fabrice Chort).

Crédit photo Fabrice CHORT
La Maguelonne, l’une des pilotines du port de Sète-Sud de France, a évolué d’une propulsion diesel à l’électricité et a été inaugurée lors d’Escale à Sète à la mi-avril 2022. Ce projet « Green Pilot » initié en 2018, mené par la société MGH, filiale du groupe Soper, avec la région Occitanie et le port, montre que ce type de navire peut-être « décarboné ».
La Maguelonne, l’une des pilotines « historiques » du port de Sète-Sud de France, construite en 1980 et dotée d’une propulsion diesel, a fait l’objet d’un rétrofit vers l’électricité dans le cadre du projet « Green Pilot » initié en 2018. Celui-ci est mené par MGH (pour Maritime Green Horizon), filiale du groupe Soper, avec le soutien de la région Occitanie et du port, et avec l’objectif de « répondre aux enjeux environnementaux de « décarbonation » des activités portuaires ». L’électricité constitue l’une des options pour réduire les émissions polluantes et le bruit des activités dans les ports et en mer. Avec la conversion de la Maguelonne, 12 m de long, l’idée est de rendre disponible, pour cette catégorie de navires, une alternative « décarbonée » tout en répondant aux contraintes opérationnelles du travail des pilotes. Le défi a été relevé et la « e-Maguelonne » a été inaugurée officiellement le 13 avril 2022 lors d’Escale à Sète après avoir été mise à l’eau en 2021 et fait l’objet d’essais. Elle est désormais opérationnelle et a repris sa place parmi les autres navires des pilotes du port de commerce de Sète-Frontignan. Défis technique, opérationnel et réglementaire D’un point de vue technique, la e-Maguelonne dispose d’un moteur électrique d’une puissance de 200 kW pouvant être poussée à 250kW, pour les manœuvres d’urgence par exemple, précise MGH. Les 6 batteries embarquées sont rechargées par un dispositif de charge rapide d’une puissance de 120 kW, installé sur le quai par le port de Sète-Frontignan. La capacité des batteries étant d’environ 180 kWh, le temps de rechargement, partant des batteries vides, est d’environ 1h30. Il faut seulement 30 minutes aux batteries pour retrouver leur pleine autonomie entre 2 missions des pilotes. L’autonomie des batteries permet de réaliser deux à trois missions consécutives sans avoir à recharger. La e-Maguelonne est capable d’atteindre une vitesse maximale de 19 nœuds permettant ainsi de réaliser les missions d’embarquement et débarquement des pilotes en toute sécurité. MGH souligne que « la conversion d’un navire existant » a été l’une des complexités du projet sur le plan technique. « Les caractéristiques structurelles et dimensionnelles (espace disponible, matériaux, déplacement, volume et poids maxi admissibles) sont des données imposées par l’architecture du navire. C’est autant de contraintes que le système de propulsion électrique se devait de respecter. Volumineuses et lourdes, les batteries lithium-ion ont représenté un réel enjeu technique. Et c’est grâce à d’importantes études d’ingénierie que ces éléments ont pu être intégrés avec succès à la structure de la Maguelonne ». Une autre complexité a été d’ordre opérationnelle, c’est-à-dire la nécessité de prendre en compte les caractéristiques des missions des pilotes avec leur navire. Ils ont besoin d’un navire doté d’une « souplesse d’utilisation avec notamment une flexibilité en termes d’appels de puissance et d’optimisation de la consommation. La définition du système de propulsion électrique de la e-Maguelonne est le résultat de compromis entre des contraintes techniques et opérationnelles, rendu possible par une conception intégrée » associant les ingénieurs de MGH et les utilisateurs/pilotes. Une troisième complexité a concerné les aspects réglementaires. Lors du lancement du projet Green Pilot en 2018, les batteries électriques disponibles sur le marché n’avaient ni homologation ni qualification pour une utilisation maritime. « Un important travail a été conduit avec l’administration des Affaires maritimes et la société de classification afin de respecter les normes imposées pour cette catégorie de navire et obtenir l’approbation des batteries et du système de propulsion », dit MGH.

Bilan environnemental et économique

D’un point de vue environnemental, la e-Maguelonne, avec sa motorisation 100 % électrique, évite le rejet d’environ 50 tonnes de CO2 par an, selon MGH. Alimentée par ses batteries embarquées, elle n'émet ni gaz à effet de serre, ni polluant et n’expose pas ses passagers aux odeurs et vapeurs du gazole. Ses émissions sonores sont nettement inférieures à celles d’un moteur diesel et représentent un réel confort pour le personnel embarqué ainsi que pour l’environnement immédiat de la pilotine. Au niveau économique, il reste encore un peu de chemin à parcourir pour parvenir à l’équilibre, souligne MGH : « D’un point de vue financier, la propulsion électrique n’est pas encore compétitive face à la propulsion thermique. En effet, même si les coûts d’exploitation (entretien, énergie) d’une vedette électrique sont réduits de 50 % comparé à une propulsion diesel, le coût d’achat de celle-ci, reste encore trop élevé pour compenser les gains d’exploitation. Il est donc encore nécessaire de faire appel à des subventions pour que cette solution devienne économiquement pertinente pour les pilotes. Toutefois, les coûts élevés de l’énergie fossile et le durcissement des réglementations de protection de l’environnement, laissent envisager une compétitivité de la solution électrique à très court terme ».

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