La technologie est suffisamment mature pour lancer le test avec une barge de grande dimension. Celle-ci est guidée depuis le centre de commandes de Seafar situé à Anvers à l’aide d’écrans de contrôle (photo).
Une réponse à des besoins
Pour le groupe Novandi et sa filiale Tercofin (qui organise le transport fluvial de conteneurs entre les ports de Liège et d’Anvers via les terminaux de Liège Trilogiport et Renory), l’évolution technologique de la navigation vers l’autonomie est une priorité avec l’objectif d’améliorer l’exploitation des bateaux.
Pour Vincent Brassinne, administrateur délégué de Novandi : « L’adaptation de nos barges est une première étape dans l’évolution de nos équipements. La navigation à pilotage déporté permet de répondre à une réelle attente de la batellerie car nous nous rendons compte que de plus en plus de capitaines désirent avoir une vie à terre alors qu’historiquement, toute la famille était à bord toute l’année. Grâce à la navigation déportée, du personnel local peut désormais venir travailler 8 h au centre de contrôle et passer le relais à un autre capitaine après leur journée de travail. Nous espérons susciter un regain d’intérêt auprès des jeunes pour ce métier en pénurie de main d’œuvre »
En attente de l’évolution de la réglementation
Le projet-pilote doit toutefois encore composer avec la réglementation. La navigation à distance, sans capitaine à bord, est déjà autorisée en Flandre mais pas encore en Wallonie. Elle devrait être admise dans cette partie de la Belgique dès que la législation autorisant ce mode de navigation sur les voies navigables wallonnes sera modifiée.
Cela signifie concrètement que pour la navigation entre Anvers et Liège, l’autorisation de pilotage automatique est octroyée par le gouvernement flamand sur le canal Albert entre Anvers et la frontière linguistique wallonne (à Lanaye). Entre Anvers et Lanaye, la barge navigue donc sur les eaux flamandes en pilotage déporté et à distance. A partir de Lanaye jusqu’à Liège, le capitaine (présent à bord pour des questions de sécurité durant la période de test) reprend les commandes de la barge pour être conforme aux lois wallonnes.
Pour Emile-Louis Bertrand, directeur général du Port autonome de Liège : « La navigation autonome va sans aucun doute offrir de nouvelles perspectives pour le transport fluvial de marchandises lui permettant de devenir encore plus attractif, de promouvoir le report modal, c’est-à-dire le transfert de marchandises de la route vers la voie d’eau ou le rail, et de continuer à toujours accroître l’attractivité d’un port intérieur comme le nôtre ».
La navigation autonome fait partie des priorités en Belgique avec de premiers essais concluants menés en Flandre en 2019. Des projets existent également en Wallonie ailleurs que du côté de Liège.