Le projet de recherche « Smart & Green Ship » dédié à la navigation automatisée de l’université de Duisburg-Essen, en partenariat avec DST, a pour objectif d’étudier et d’expérimenter la navigation intérieure automatisée.
Les objectifs. Le projet vise « à faire progresser de manière significative la navigation entièrement autonome sur les voies navigables intérieures en recherchant diverses combinaisons de systèmes d'automatisation et de conduite », le tout « sans émissions ».
Il s’agit de partir de certaines des technologies de base déjà existantes et utilisés dans d'autres modes de transport et de les adapter aux spécificités des bateaux fluviaux afin de mettre à disposition sur le marché des solutions (matérielles, logicielles…) « clé en main ».
Certains des chercheurs avancent l’hypothèse que les bateaux fluviaux pourraient être même les premiers à atteindre le niveau maximum (le numéro 5) sur l’échelle de l’automatisation telle que définie par la Commission centrale pour la navigation du Rhin (CCNR) car la navigation intérieure a des caractéristiques différentes du transport routier.
Le fluvial a des atouts. L’automatisation constitue une solution d’avenir pour le transport fluvial aussi bien pour des trajets de courte distance, notamment dans les zones urbaines mouillées par une voie d’eau, que de longue distance.
A la différence des véhicules circulant sur les voies routières, le transport fluvial présente des avantages pour connaître un déploiement d’une navigation automatisée, selon les chercheurs :
- Les vitesses de déplacement des bateaux sont relativement lentes (par rapport à des poids lourds, VUL ou automobiles).
- Les itinéraires sont plutôt fixes.
- Le trafic n’est pas congestionné (à la différence de la situation sur les voies routières).
- Il y a aussi peu d’êtres humains dans l’eau des voies de navigation intérieure, pas de passages piétons…
Le tout simplifie certains aspects de l’automatisation même si d’autres la complexifie comme le passage des écluses, les manœuvre d’accostage, d’amarrage, de départ, les croisements, les virements...
Priorité à la modularité. Les chercheurs estiment que « le transport fluvial entièrement automatisé ouvre la voie à un avenir plus respectueux de l'environnement pour les bateaux de navigation intérieure ». L’unité prévue pour l’expérimentation est en effet conçue pour fonctionner avec des énergies alternatives et pourra évoluer en fonction des différents vecteurs qui apparaîtront pertinents au fil du temps.
Le bateau démonstrateur présente une longueur d’environ 15 mètres pour une largeur de 7 m avec un tirant d’eau inférieur à 1 m. C’est un catamaran adapté à la navigation intérieure et le principe qui a régi sa conception repose sur la modularité :
- pour pouvoir transporter des marchandises comme des passagers,
- pour s’adapter successivement à différents vecteurs énergétiques.
Dans un premier temps, il va disposer « d’un entraînement principal électrique permettant d’utiliser divers convertisseurs d’énergie » (batteries, pile à combustible).
La volonté affichée est de permettre toutes les transformations à bord en fonction des besoins liées notamment aux évolutions des vecteurs énergétiques (carburants liquides, carburants de synthèse...) à l’avenir.
Les systèmes embarqués installés au départ pourront être « facilement remplacés si nécessaire » ; il en va de même pour la coque et les deux flotteurs.
L’installation de panneaux solaires est prévue sur le toit pour permettre la plus grande autonomie électrique possible, notamment lors des escales à quai, afin de vérifier si cela peut être une solution au branchement à quai.
Septembre 2024. Financé par le ministère des transports du Länd de Rhénanie du Nord-Westphalie, le projet a retenu un chantier naval local (Feller Yachting) pour la construction du bateau démonstrateur. Parmi les autres partenaires du projet, Torqeedo est le fournisseur des deux moteurs (de 50 kW) et de quatre packs de batteries.
La livraison du bateau démonstrateur est annoncée pour l’automne 2024 et devrait entrer ensuite dans une phase de tests d'un an dans le canal Dortmund-Ems.