L’une des conférences lors de la SITL a permis d’évoquer quelques « innovations technologiques dans les logistiques maritimes et portuaires ».
C’est tout d’abord l’automatisation ou plutôt la semi-automatisation des terminaux portuaires qui a été abordée. Lamia Kerkoudj-Belkaid, secrétaire générale de la Feport, a indiqué que dans l’Union européenne, seuls deux terminaux sont entièrement automatisés, l’un à Hambourg, l’autre à Rotterdam. « L’automatisation suppose un volume récurrent et stable », selon cette responsable.
Partout ailleurs, il s’agit donc de semi-automatisation avec « des équipements qui soulagent ou remplacent les humains pour des tâches routinières ou dangereuses ».
Mais dans les deux cas, il est nécessaire de « prendre en compte les risques nouveaux » comme la cybercriminalité, les équipements (semi-)automatisés (par de l’informatique embarquée, des capteurs, etc.) étant particulièrement vulnérables à des attaques malveillantes. « La cybersécurité est d’ailleurs un sujet innovation », a relevé la secrétaire générale.
Celle-ci a également rappelé que « les innovations doivent aussi servir à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris en matière de réduction des émissions ».
En tant que représentant syndical, Franck Gonsse, secrétaire général national de la CNTPA-CFDT au port de Dunkerque, a indiqué que l’automatisation, la digitalisation « ne doivent pas avoir comme conséquence d’éliminer les emplois. Il faut réfléchir à accompagner les évolutions des métiers, à anticiper les formations, veiller à la gestion des compétences. Un dialogue social constructif est nécessaire ».
Pour lui les CCS, les PCS, les données et leur protection, la frontière intelligente, l’informatique embarquée… relèvent aussi des innovations technologiques dans les logistiques maritimes et portuaires. Selon lui, l’ensemble de ces innovations nécessite des investissements élevés dans lesquels l’Etat doit prendre sa part aux côtés de toutes les autres parties prenantes, pour parvenir à une rentabilité.
Plate-formes digitales collaboratives
Autre pan des innovations technologiques, les port community systems (PCS). Courant 2020, MGI et Soget ont fondé le GIE France PCS. Ces deux PME françaises sont engagées depuis plus de 35 ans dans le développement et la mise en œuvre de PCS qui sont des plate-formes digitales collaboratives connectant de manière neutre et sécurisée les acteurs publics et privés du commerce extérieur pour automatiser, sécuriser et fluidifier les process nécessaires au passage des marchandises.
Au sein du GIE, MGI et Soget unissent leurs forces pour améliorer la performance logistique française, apporter une réponse concrète aux instances gouvernementales pour aller plus loin dans l’interopérabilité des différents systèmes d’informations et cybersécuriser les données des acteurs publics-privés. Il ne faut pas oublier non plus la mise à disposition d’indicateurs de la performance (KPI’s) des ports.
Hervé Cornède, président du GIE France PCS a précisé : « Nous digitalisons 95 % du fret passant par les ports français avec 19 métiers présents sur notre plate-forme qui est un outil neutre au service de tous les acteurs de la logistique. Il s’agit d’améliorer le passage portuaire, la fluidité du traitement des marchandises. La cybersécurité est un axe important et national. Il y a aussi une dimension « douanes ». Nous travaillons sur le futur guichet unique européen pour que la France en soit l’un des leaders. Notre objectif est d’améliorer toujours plus les process métiers, d’apporter notre pierre à la compétitivité de la chaîne logistique française ».
La solution Buyco propose une plate-forme en mode collaboratif (ou SaaS) pour simplifier les procédures d’import/export des conteneurs, faciliter les échanges de données, automatiser certaines tâches pour davantage de performance et de fluidité, selon Benoît Fichefeux, l’un des co-fondateurs de cette entreprise. « Cela permet de dégager du temps pour la gestion des situations exceptionnelles ou complexes par les humains ».
Jean-Pierre Guyot, directeur supply chain d’Andros a choisi la solution Buyco qu’il considère comme « un outil digital avec un temps d’avance pour le booking et le suivi du transport maritime ». Par exemple, parmi ses atouts, elle permet la suppression de l’envoi de mails aux différents intervenants de la chaine (qui ont tous accès à la plate-forme), chacun a ainsi le même niveau d’information. Elle apporte de la flexibilité en permettant un suivi en cas d’absence d’un interlocuteur qui peut-être remplacer ponctuellement par un autre. Andros exporte 5000 à 6000 EVP par an, essentiellement vers les Etats-Unis.
Propulsion vélique
Neoline et son projet de cargo Ro-Ro de 136 mètres à propulsion principale vélique et à propulsion auxiliaire diesel-électrique pour transporter du fret standardisé à un prix stable et compétitif et sans aucune émission polluante est une autre innovation mise en avant lors de cette conférence.
Jean Zanuttini, président de Neoline, a rappelé que « des chargeurs, Renault, Michelin, Clarins… notamment sont convaincus. Le schéma de financement est finalisé. Nous sommes dans la dernière ligne droite pour les accords de prêt bancaire. Nous portons un message pour un transport maritime responsable décarboné, des navires plus petits pour des ports moins grands ».
La construction d’un premier voilier doit durer 2,5 ans, l’objectif étant qu’il soit prêt en 2024.