Au deuxième trimestre 2023, VNF a mobilisé pendant un mois la vedette Le Rhône « équipée d’une motorisation thermique ancienne génération, représentative du parc fluvial actuel », pour effectuer des trajets entre Lyon et Vienne, en étant avitaillée avec du HVO (huiles végétales usagées hydrotraitées).
Quels étaient les objectifs des mesures ?
Fabriqué à partir d’huiles végétales résiduelles (huiles et graisses issues de la filière du recyclage), le HVO est « un gazole paraffinique de synthèse, certifié durable qui permet de diminuer jusqu’à 87% les émissions de GES au cours du cycle de vie du carburant par rapport au gazole », en théorie. Est-ce bien le cas lors de son utilisation à bord d’un bateau fluvial ?
La démarche avait ainsi pour objectif de tester l’efficacité de ce biocarburant (ou carburant bio-sourcé) en mesurant, en conditions réelles à bord du bateau Le Rhône, les niveaux de réduction des émissions de polluants locaux et de particules fines.
L’expérimentation s’inscrit en lien avec les objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre GES de 35% assignés à la filière fluviale d’ici 2035, étape vers le « zéro » carbone en 2050.
Le HVO constitue un biocarburant de transition, recommandé dans l’étude de recherche et développement « FLUENT » (FLUvial ENergie Transition) aux côtés du branchement électrique à quai des bateaux et de l’éco-pilotage (ou éco-conduite) (voir article de NPI).
Quels sont les résultats ?
« Les résultats montrent que le recours au HVO permet, dans certaines conditions, de rejeter moins de polluants locaux et de particules fines que le GNR (gazole non routier) et que GTL (gas to liquid). Ce carburant bio-sourcé voit ainsi ses performances environnementales confirmées », indique VNF.
L’établissement ajoute :
Globalement, le HVO affiche des niveaux d’émissions inférieurs à ceux du GTL et du GNR :
- Pour les niveaux d’émissions de monoxyde de carbone, de THC et de NOx, avantage marqué du HVO sur le GTL et le GNR à bas et moyen régimes du moteur ;
- Pour les émissions de particules :
- avantage du HVO de plus en plus net sur le GTL à mesure que le moteur monte en régime ;
- performances du HVO similaires à celles du GNR quel que soit le régime du moteur (à bas, moyen ou haut) ».
Vers une autorisation prochaine
« Le HVO se présente comme un carburant idéal pour naviguer en zone urbaine où la vitesse est réduite, notamment pour les bateaux-promenade ou la logistique urbaine », conclut VNF qui ajoute : « Les résultats de ce test confortent la volonté de l’Etat d’autoriser prochainement l’usage de ce carburant bio-sourcé pour le secteur fluvial en raison de ses performances environnementales sur les GES et les polluants locaux ».
Le bio-carburant HVO utilisé lors du test avec Le Rhône est celui commercialisé et distribué par Altens, fabriqué par Neste à Rotterdam, le distributeur final étant Neptunia (anciennement AS Energy).
Les mesures ont été réalisées à bas, moyen et haut régimes par la société CRMT (Centre de recherche pour les machines thermiques). Les données chiffrées sont disponibles sur le site Internet de VNF.
A noter que sur le bassin Rhône-Saône, toujours dans le cadre de la transition énergétique des bateaux, VNF a mis en service en 2020 le ponton multiservice Valsaôna, qui respecte la norme sur les émissions des Engins Mobiles Non Routiers (norme EMNR, équivalent Euro 6). Equipé de filtres à particules de dernière génération, il répond aux plus fortes exigences en matière d’émission de particules, de NOx et d’hydrocarbures imbrûlés