La nouvelle charte de logistique urbaine durable tout juste signée, une première démonstration de livraison par bateau et trottinettes-cargo entre Frontignan et Sète a eu lieu. L’expérience a permis de mobiliser des acteurs privés et publics autour d’un objectif commun pour la ville portuaire d’Occitanie : libérer le centre-ville et adopter de nouvelles mobilités « douces » pour le fret urbain.
« En 6 minutes, 12 colis ont été livrés, c’est ce qu’il faut retenir pour attirer les entreprises et les commerçants », se réjouit Jean Marchand, chef de projet de mobilité durable à Sète Agglopôle Méditerranée (SAM), au sujet de l'expérimentation de logistique cyclo-fluviale du 5 juin 2023.
Cette démonstration de logistique urbaine durable s’est portée vers une messagerie légère (soja, médicaments, vêtements, petits matériels) destinée à différents commerces, bureaux et cabinets médicaux, situés dans le cœur de ville, quotidiennement saturé.
Les étapes de l’opération-test
En trois heures, la feuille de route des colis palettisés a été la suivante :
- Chargement sur le bateau de la SAS l’Equipage à Frontignan, au bord de l’étang de Thau, à 7 km de Sète.
- Transport fluvial par le canal du Rhône à Sète jusqu’au port Sud de France de Sète.
- Déchargement sur les quais de la criée, situés en centre-ville.
- Livraison aux clients par trottinette-cargo (Cobrane) et triporteur de la société montpelliéraine Service Ecusson vert (SEV).
Les objectifs de l’expérimentation
Cette action, organisée par TENLOG Occitanie Cluster Logistique en partenariat avec les deux transporteurs et la SAM, intervient un mois après la signature de la charte de logistique urbaine mise en place dans le cadre du dispositif Interlud pour l’agglomération de Sète.
« Nous défrichons, explique Isabelle Gimmig, responsable de la commission logistique urbaine durable au sein du cluster. Il s’agit tout d’abord de collecter des données comme les temps des trajets, les émissions de gaz à effet de serre, l’accessibilité des quais. Cette première étape sera suivie d’une expérimentation plus longue avec d’autres types de bateaux ».
Car si Sète est traversé par les canaux, les nombreux ponts très bas représentent une des contraintes identifiées. Le groupe de travail mené par Interlud devra explorer toutes les pistes. « Nous avons sorti les entrepôts de la ville, nous allons les remettre », avance le responsable de la mobilité à la SAM.
Et après ?
« Nous avons voulu démontrer la faisabilité et se prouver qu’en travaillant entre acteurs privés et publics des solutions sont envisageables », reprend Jean Marchand.
Il évoque les nombreux partenaires venus ce jour en soutien ou en observateur : Cerema pour l’Etat, la société Eco CO2 pour les évaluations des coûts carbone, le Port Sud de France, VNF Rhône-Saône. Représentant cet établissement, Benjamin Fauveau a encouragé le collectif à se saisir des dispositifs d’aide qu’offre VNF (PARM, PAMI) pour amorcer les prochains tests.
Elu à la ville de Sète, Vincent Sabatier veut « faire changer les mentalités ». Après avoir découvert la logistique fluviale à Strasbourg, il interroge : « Que veut-on faire des quais ? ». Par un travail coopératif, il espère attirer les entreprises pour qu’elles « jouent le jeu » d’une logistique durable.
« Nous aurons l’apaisement de la circulation si un 38 tonnes ne peut plus entrer aussi si facilement dans le centre. Sète peut devenir un laboratoire pour imaginer une logistique adaptée », conclut Jean Marchand, ciblant les réglementations à revoir.
Dans les prochains mois un appel à manifestation d’intérêt (AMI) sera lancé « quand on saura mieux quel modèle de logistique urbaine nous voulons ».