Neopolia devient Neopolia Solutions SAS pour capter du business

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Crédit photo BIGER Bernard
Initiée il y a vingt ans pour permettre aux sous-traitants de la navale et de l’aérien de chasser en meute, l’association Neopolia créée Neopolia Solutions SAS. Conçue pour satisfaire aux demandes de garanties financières des donneurs d’ordres et capter des marchés plus conséquents, la SAS s’est fixée une feuille de route ambitieuse jusqu’en 2021. Objectif : générer trois fois plus de business.

C’est un chantier de longue haleine. « Mais, nous croyons au business collaboratif et l’histoire nous a montré que nous avions raison », indique Alain Leroy, Président du réseau d’entreprises Neopolia. Alors, lorsque près vingt ans après sa création, il s’est agi de dessiner une feuille de route à l’horizon 2021, Neopolia a suivi la ligne de conduite « maison » et a réuni ses adhérents pour phosphorer.  Depuis janvier dernier, après une réunion des partenaires et financiers pour définir leurs attentes, les workshops créatifs se sont, tout à tour, succédés pour libérer et écouter la parole des adhérents et du conseil d’administration. Jusqu’à accoucher du plan stratégique Neopolia 2021 et dessiner un nouveau cap pour cette association née en 1999 à Saint-Nazaire sous l’entité de Pôle Marine, devenu Neopolia en 2007.  Les résultats mettront du temps à venir.

 Durant les premières années, les protagonistes auront du mal à convaincre de la pertinence de l’enjeu collectif. Jusqu’en 2006, Neopolia, soutenue par les pouvoirs publics, compte tout au plus une cinquantaine d’adhérents.  Le décollage viendra à la veille de la crise de 2008-2009. Dès lors, au rythme de 12% par an, les adhésions vont grossir pour atteindre aujourd’hui 245 membres, essentiellement issus des Pays de la Loire. Il faudra attendre, aussi, 2014 pour que soit signer le premier contrat collaboratif, avec le leader de la croisière fluvial, CroisiEurope, pour la construction d’un navire de 100 mètres de long, le Loire Princess. Voulu pour relancer la croisière fluviale sur la Loire, ce bateau s’est même offert le luxe de doper l’activité touristique régional. Le second effet… Un joli coup qui amènera même la construction de deux autres navires (Elbe Princess et Elbe Princesse II) du même type pour le même armateur, pour l’Allemagne cette fois.  De quoi faire rayonner les savoir-faire régionaux à l’international. « Personne n’était en capacité de les réaliser. Soit parce qu’ils n’avaient pas les équipements adaptés, soit parce que ce n’était pas leur marché. Cent mètres, c’est une taille inhabituelle pour un navire. En général, ils sont en-dessous ou au-dessus. Alors, on a saisi l’opportunité et montré que l’on avait vocation à réaliser des projets collaboratifs. On est une sorte d’auberge espagnole, mais on prend les chantiers que les entreprises ne pourraient pas capter», raconte Hervé Germain, premier vice-président de Néopolia et dirigeant de Mapac Panel, fabricant de panneaux sandwich adaptés aux environnements maritimes et terrestres.

Des chiffrages à concrétiser

Neopolia, c’est un parcours long au profit d’une idée simple : « Réaliser à plusieurs ce que l’on ne peut pas faire seul… pour éviter de voir partir ailleurs les marchés », résume Hervé Germain. Créé dans le giron de la navale, l’association s’est progressivement enrichie de six clusters ; Neopolia Marine, Aérospace, Rail, EMR, Oil & Gas, et AtomOuest pour le nucléaire, soit 130 expertises métiers. « En contribuant à la structuration de filières et en remportant des marchés, Neopolia a permis d’ancrer et de développer l’emploi sur le territoire et d’exporter ses savoir-faire », analyse le président de Neopolia. Les deux cent-quarante-cinq adhérents représentent 32000 emplois.   Depuis 1999, l’initiative a permis de générer 32 millions de chiffre d’affaires dont 6 millions d’euros d’aides des pouvoir publics. A lui seul, le chiffre d’affaires liés aux projets collaboratifs menés entre 2015 et 2018 atteint 22,4 millions d’euros.

S’il a gagné en maturité, « le réseau atteignait une taille critique qui exigeait d’aller plus loin », affirme Alain Leroy. D’où, l’émergence de plan stratégique autour de trois axes ; La conquête de nouveaux marchés, notamment dans les secteurs de la défense, du nucléaire et des biogaz. Sixième et dernier cluster à être créé sur le nucléaire, AtomOuest pourrait permettre d’amener sur le territoire des marchés, liés aux EPR, jusque-là, inexistant en pays de la Loire.  Le second axe tend à vouloir croiser les compétences entre filières, où comment le savoir-faire de l’automobile pourrait profiter aux EMR ou à la Marine, en développant des offres à valeur ajoutée intégrant du numérique et de objets connectés.  Le dernier volet vise à mieux coordonner et manager les affaires autour d’un chef de projet par projet. « Car, avant de recruter, il faut veiller à faire du business », rappellent les acteurs de Neopolia.

Selon les chiffrages réalisés, le cluster Marine laisse espérer un potentiel de 140 millions d’euros, les EMR 10 à 15 millions d’euros, le rail 15 millions d’euros notamment avec les projets de TGV du futur, la défense et l’aérospatial 10 millions d’euros. « Nous avons un gros challenge sur le EMR où nous sommes en déficit par rapport à l’Espagne et à l’Europe du Nord. Pour faire tomber les contrats, il nous fallait un hébergement juridique adéquat », explique Alain Leroy. Même si Neopolia peut se targuer de ne pas avoir d’outil industriel à financer et à entretenir, le statut associatif devenait rédhibitoire aux yeux de clients, qui le considèrent comme trop risqué financièrement.  Pour mener à bien ses projets, l’association Neopolia a donc créée Neopolia Solutions, une SAS (société par actions simplifiées) au capital de 535.000 € dont elle détient 51% au côté d’un pool financier constitué du CIC, du crédit Mutuel Arkea, du Crédit agricole et du chantier naval STX pour 49%. Cette société a créé deux filiales, Neopolia Mobility (Marine, aérospatial et rail) et Neopolia Energy (Oil & Gas, EMR, Nucléaire) qui sont chargées de constituer des solutions de financement ad’hoc, pouvant être soutenue par la région des Pays de la Loire, BPIFrance, les fonds européens…. De quoi faire pencher la balance du bon côté pour garantir l’objectif de 65 millions d’euros de business au cours des trois prochaines années.

Comme il a pu le faire avec EDF En et Emyn, le cluster EMR (Energies Marines Renouvelables) vient de signer une convention de partenariat avec la société Saipem, acteur de l’Oil & Gas, intervenant dans le secteur des EMR comme sous-traitant de rang 1. Ce contrat a permis d’établir un cadre de relation, des temps de rencontres pour mieux se connaitre, des échanges d’informations pour les processus de référencement et de participation mutuelles à des évènements, comme le 24 ID EMR, qui, en mars dernier rassemblait au conseil régional des Pays de la Loire, les entreprises, les grands acteurs de marchés français et européens, l’univers académique … concerné par l’innovation et le développement des EMR.

A l’inverse, Neopolia s’est engagée à aider Saipem à l’identification des compétences des entreprises régionales pour alimenter ses projets.  Ce partenariat fait suite au contrat décroché par Saipem comme « Preferred Bidder » pour fournir des équipements nécessaires aux fondations des Parcs éoliens de Fécamp, dont la construction envisagée pour 2019-2020 reste suspendue aux décisions de l’Etat, qui pourrait intervenir dans le courant de l’été. « C’est un élément de visibilité essentiel pour les entreprises adhérentes de Neopolia, un moyen de mieux cerner l’environnement et les besoins des donneurs d’ordres, d’avoir une relation privilégiée en se donnant les moyens de dialoguer et surtout de ne pas passer à côté d’appels d’offres », souligne Benoit Leroux, business développeur et manager de projet pour Neopolia EMR.

La consultation en cours engagée avec la Saipem porterait sur 3 millions d’euros. Depuis sa création, le cluster EMR a permis de générer 4,2 millions d’euros grâce à l’entremise de Neopolia. Le montant serait quatre fois plus important pour les entreprises qui ont pu traiter en direct, sans Neopolia, mais grâce au seul effet réseau.

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