Au démarrage, entre fin 2024 et début 2025, le site produira 5 tonnes par jour d’hydrogène pour alimenter en énergie verte Total son premier client. Le groupe énergéticien évitera ainsi le rejet de 15 000 tonnes de CO2 par an. La capacité de production sur site pourrait atteindre, dans une seconde phase, jusqu’à 15 tonnes par jour. De quoi accompagner les industriels locaux dans leur stratégie de décarbonation.
Le projet Masshylia, encore suspendu au soutien des dispositifs français et européen, vise à irriguer les activités industrielles environnantes. Ainsi, des discussions sont en cours avec ArcelorMittal Fos-sur-Mer et les sites industriels de la zone Fos-étang de Berre engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Hub pour l’industrie, la mobilité et l’export
Dans des volumes moindres, l’hydrogène devrait trouver de nouvelles applications dans le domaine de la mobilité. Le port comptabilise chaque année quelque 2 millions de mouvements de poids lourds. Le sujet avance rapidement. À compter de 2022, l’hydrogène bas carbone sera disponible à la pompe dans le cadre d’un projet développé par Air Liquide auquel le transporteur routier Jacky Perrenot et Carrefour sont associés.
Le port vise également l’alimentation en hydrogène des engins de manutention sur les quais et ceux qui évoluent dans les 3 millions de mètres carrés d’entrepôts logistiques autour de Fos, le transport ferroviaire (7 000 mouvements de trains par an), les barges fluviales et, à terme, le transport maritime.
Total La Mède, situé à proximité du port de Marseille, envisage d’exporter cet hydrogène. « Masshylia sera une référence en France et en Europe. Il symbolisera la première phase de l’établissement d’une « plateforme » hydrogène pour la région et donc pour la métropole, ce qui permettra à terme au port d’exporter de l’hydrogène vers les pays du pourtour méditerranéen ou d’horizons plus lointains », souligne Jean-Michel Diaz, délégué régional Méditerranée et président du groupement maritime et industriel des Bouches-du-Rhône.
De son côté, l’établissement portuaire annonce vouloir créer une filiale vouée à la production et à la commercialisation d’énergie verte. « Nous voulons devenir un hub d’hydrogène en intégrant cinq dimensions : la production, la consommation, l’innovation, l’import/export et l’intégration industrielle. Nous n’avons pas de calendrier précis mais nous devons affiner cette feuille de route. Le port souhaite développer des actifs, notamment des fermes photovoltaïques afin de produire de l’hydrogène. Nous travaillons à l’installation d’électrolyseurs sur les quais », pose Sylvain Pichon, responsable de la transition énergétique au port de Marseille-Fos.
Précurseur avec le démonstrateur Jupiter 1000 qui convertit le surplus d’électricité en hydrogène, le port entend attirer sur la plate-forme Innovex les projets innovants autour de l’hydrogène vert.
Une ambition similaire pour Total et Engie qui entendent créer une plateforme pour les start-up souhaitant bénéficier d’un meilleur accès à l’hydrogène renouvelable et d’accélérer la mise en place de leurs solutions. « Le projet Masshylia contribuera au développement de l’industrie de fabrication électrolyseurs et catalysera plusieurs pôles d'expertise sur cette filière de l’hydrogène (sécurité, technologique, start-up) », complète Jean-Michel Diaz.
Des discussions sont en cours afin de développer un centre international d’expertise et de formation sur la sécurité de l’hydrogène, en partenariat avec l’École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (ENSOSP). Total et Engie explorent également la possibilité d’utiliser cette production d’hydrogène renouvelable dans le réseau de gaz, en collaboration avec d’autres partenaires.
Vasco 3, une diversification des débouchés en préparation
Les industriels partenaires de Vasco depuis septembre 2020 préparent aux côtés du port la troisième version du programme de recherche appliquée. Vasco consiste à piéger les fumées industrielles afin de les transformer en bio brut sous l’action des microalgues. Il s’agit également de diversifier le marché aval en trouvant des débouchés dans les domaines de l’alimentaire et des cosmétiques.
Au terme de trois ans et demi de travaux et d'un investissement de 2 M€ (dont la moitié financé par l’Ademe) dans l’étude de faisabilité, Vasco 2 a apporté la démonstration de sa capacité à produire une huile qui soit utilisable comme biocarburant après analyses et caractérisation du produit. Associés dans l’aventure le GPMM, Coldep, Helio Pur Technologies, Kem One, Arcelor-Mittal, Solamat Merex, Lyondell, Inovertis, Total, l’Ifremer et le CEA ont fait appel à la technique de la bio remédiation à base de microalgues. Quatre bassins de 160 m2 ont été positionnés chez Arcelor-Mittal Fos-sur-Mer, Solamat-Merex, Kem One et sur le site de l’Ifremer à Palavas chargé de piloter l’opération. Les algues, récoltées et centrifugées, ont été transformées avec succès par le Liten de Grenoble en bio bruts par liquéfaction hydrothermale.
Avec Vasco 3, il s’agit de passer à un stade industriel en validant l’usage des microalgues comme ressource pour construire une bio-raffinerie tout en recherchant de nouvelles filières de valorisation notamment dans l’alimentaire et les cosmétiques.
Le programme Vasco 3 repose sur la création d’un démonstrateur en taille réelle en opérant des lagunes de 3 000 m².
La réalisation de cette nouvelle phase programmée pour 2023-2024 est conditionnée à l’engagement de nouveaux partenaires industriels et l’obtention de financements. A la clé, de nouveaux débouchés industriels comme, par exemple, l’arrivée d’Eranova sur la ZIF de Fos. Ce spécialiste de la fabrication des bioplastiques entend produire 80 tonnes par an et par hectare à partir d’algues d’échouage.