Avec l’étude (ou « schéma directeur prospectif ») sur le « verdissement » de la flotte fluviale sur le bassin Rhône-Saône menée par l’IFPEN à la demande de VNF, il s’agit d’identifier les solutions technologiques et les vecteurs énergétiques pertinents pour la transition énergétique des bateaux et d’élaborer des scénarios prospectifs.
« La spécificité de l’étude est de construire des scénarios prospectifs de verdissement de la flotte en s’intéressant aux solutions technologiques en prenant en compte l’ensemble du cycle de vie, aussi bien du vecteur énergétique que du bateau », a expliqué Brigitte Martin, directrice adjointe Transports de l’IFPEN, lors du webinaire « Vert le fluvial » de VNF, le 13 décembre 2021 à Lyon.
L’analyse du cycle de vie est une double évaluation : d’un côté « du berceau à la tombe » pour le bateau et plus particulièrement de sa chaîne de propulsion, et, d’un autre côté, du puits à l’hélice pour le « vecteur énergétique » (carburant fossile, biomasse, biocarburant…). Il s’agit d’avoir une vision exhaustive de l’ensemble des émissions depuis la fabrication du bateau au vecteur énergétique et non pas seulement de l’un ou de l’autre.
Plusieurs familles de bateaux ont été déterminées dans la suite de la conviction que les solutions pour la transition énergétique de la flotte fluviale varient selon les usages : automoteur, pousseur, bateau-promenade, paquebot. L’étude examine plusieurs « architectures de chaines de traction » comme des moteurs conventionnels avec de la récupération de chaleur/énergie (ORC), de l’hybridation, l’électricité, les piles à combustible ainsi que différents vecteurs énergétiques qui peuvent être du GNR, du B100 (oléo 100), du GTL/BTL, du HVO, du GNL/biogaz, de l’hydrogène, du méthanol. L’étude prend en compte différentes échelles de temps d’ici 2035 puis 2050 et les évolutions concernant les vecteurs énergétiques ou les motorisations.
« Tout cela, on le projette en analyse économique, c’est-à-dire combien cela va coûter en termes de coût total de la possession à la tonne transportée, mais aussi en analyse énergétique c’est-à-dire quelle est la quantité d’énergie nécessaire pour transporter une tonne sur un kilomètre ».
Trois scénarios
La responsable de l’IFPEN a présenté des résultats préliminaires de l’analyse du cycle de vie du cas de l’automoteur et une projection à 2050. « On voit ici que les biocarburants ont un intérêt important » pour la réduction des émissions.
Une dernière phase de l’étude va consister à « projeter les résultats sur des scénarios ». Ceux-ci, définis avec VNF, sont au nombre de trois : « business as usual » (ou extrapolation des tendances actuelles et optimisation du coût économique), « développement hydrogène » (quelles seraient les conséquences d’un développement de la solution hydrogène en termes de coûts et sur les émissions), « neutralité carbone 2050 » avec un point d’étape en 2035.
Au final avec la totalité de l’étude, il s’agit d’avoir des informations les plus fiables possibles sur la composition de la flotte en fonction des solutions adaptées pour chaque famille de bateaux, une évaluation des émissions de CO2 et autres polluants de la flotte, une évolution du TCO (coût total de possession/détention) de la flotte, les ressources consommées par les filières alternatives.
L’étude doit être finalisée d’ici avril 2022.