Présentation de trois projets d’hydrogène renouvelable (ou « vert ») de la Compagnie nationale du Rhône (CNR).
« Nous avons deux points de vue sur l’hydrogène, celui d’un énergéticien et celui d’un aménageur. L’hydrogène est d’abord le couteau suisse de l’énergie qui va permettre, à terme, une meilleure valorisation des énergies renouvelables car c’est une solution de flexibilité et de stockage de masse de l’électricité que l’on compte pouvoir utiliser à grande échelle, la CNR ne produisant que des énergies variables sur le Rhône par hydroélectricité mais aussi par l’éolien et le solaire. C’est un point important à l’horizon 2030 ou 2040. D’autre part, la CNR identifie dans la vallée du Rhône les besoins futurs des industries et des transports pour leur décarbonation. Là, comme nous avons une mission de développement du fluvial, nous souhaitons contribuer à son verdissement », a indiqué Frédéric Storck, directeur transition énérgétique et innovation à la Compagnie nationale du Rhône (CNR), lors du dernier webinaire « Vert le fluvial » de Voies navigables de France (VNF).L’hydrogène « renouvelable » (ou « vert », c’est-à-dire produit à partir de l’électrolyse de l’eau) peut en effet constituer une alternative au gazole pour la décarbonation des mobilités routière, fluviale, maritime et ferroviaire le long du Rhône ainsi que des industries.
De l’hydrogène en mai 2022 au « quai des énergies »
Concrètement, une « station multi-énergies vertes » a été installée à l’entrée du port de Lyon Edouard Herriot, sans être au bord d’un quai même si elle est aussi nommée « quai des énergies ». Depuis octobre 2020, elle propose du gaz et du biogaz comprimé, de l’électricité en recharge rapide et haute puissance.Il est prévu que l’hydrogène renouvelable soit mis à disposition à partir de mai 2022. Il s’agira de recharger des véhicules avec de l’hydrogène renouvelable produit sur site par 2 électrolyseurs, pour une capacité totale de production de 80 kg/jour avec 2 bornes de recharge à 350bars. Les premiers véhicules de transport seront deux bus du Sytral. Sont aussi visées des flottes professionnelles publiques ou privées (bennes à ordures ménagères, poids lourds, etc.) ou des véhicules de particuliers, la station leur étant accessibles.Avec 80kg/j d’hydrogène renouvelable, l’installation apparaît « sous dimensionnée » par rapport aux besoins estimés à 500 kg/j voire 1t/j. La raison est qu’elle a été conçue il y a déjà quelques années alors que l’hydrogène n’avait pas autant « le vent en poupe » qu’actuellement. « Le modèle économique n’existe pas pour une si petite station mais plutôt pour les équipements qui se font en ce moment autour de 500kh/j ». Pour des questions réglementaires, la CNR privilégie un stockage d’hydrogène en dessous d’une tonne tout compris. « Au-dessus, les normes d’autorisation deviennent très contraignantes », a souligné Frédéric Storck
Multiples usages
« OH2 Lyon » est un autre projet de la CNR qui consiste au développement d’une installation de production d’hydrogène par électrolyse de l’eau, d’une capacité de 2 à 2,5 MW environ (production d’environ 1t/j), sur le site du port de Lyon.« C’est un équipement pour le verdissements des activités portuaires avec les véhicules utilisés pour la manutention comme les Reach Stacker ou une traction ferroviaire au diesel qui peut-être remplacé par de l’hydrogène. Il y aura une station d’avitaillement pour les bateaux fluviaux dotés de réservoirs fixes, un centre de conditionnement pour les réservoirs mobiles. C’est un projet financé à 100 % par la CNR notamment car nous n’avons pas sécurisé la majorité des usages. Nous voulons être précurseur et nous savons que les besoins se manifesteront quand l’équipement sera réalisé à l’horizon 2024 », a précisé Frédéric Storck.Le troisième projet concerne plus largement la vallée du Rhône pour un corridor hydrogène de Lyon à Marseille avec un maillage cohérent d’avitaillement. En 2020, la CNR, VNF, le port de Marseille-Fos et Engie ont participé à un appel à projets de l’Ademe puis au niveau européen mais n’ont pas été retenu.Frédéric Storck a indiqué : « Nous avons commencé à retravailler le projet pour aller de l’avant, pour prendre en compte les évolutions et les financements récents autour de l’hydrogène mais aussi l’annonce par le Président de la République de la volonté de développer un grand port fluvio-maritime à partir de Marseille avec son hinterland rhodanien. C’est un territoire où il y a d’importantes consommations industrielles d’hydrogène qui peuvent jeter les bases d’une production renouvelable de cette énergie de manière massive et donc bon marché » pour tous les usages possibles y compris les mobilités.