Les Canalous ont inauguré leur bateau à hydrogène

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Le loueur et constructeur de bateaux de plaisance, basé à Digoin, est engagé dans la transition énergétique avec l’électrification de sa flotte. L’hydrogène n’est qu’un des outils à sa disposition pour avancer sur la voie du bateau hybride électrique.

« Cela fait déjà une quinzaine d’années que l’on cherche une solution pour, à la fois, verdir notre flotte et améliorer l’expérience de nos clients, qui peut vite être gâchée avec la contrainte de rester longtemps branché à une borne électrique pour recharger », explique Alfred Carignant, le PDG de l’entreprise bourguignonne les Canalous.

Cette société familiale de location de bateaux de tourisme fluvial, dispose également dans son fief de Digoin (Saône-et-Loire), de son propre chantier nautique.

Un travail de longue durée

En 2010, la première tentative de bateau électrique mené par les Canalous n’a pas fonctionné pour les locations à la semaine. L’entreprise exploite deux unités, à Digoin et à Dijon, pour des locations à la journée. Elle a aussi continué à proposer des bateaux électriques à sa clientèle de plaisanciers propriétaires.

En 2018, les Canalous participent à la mise en place d’une expérimentation, en Alsace, où VNF a mis en place des bornes de recharge sur un itinéraire d’une centaine de kilomètres. « L’expérimentation est toujours en cours, et fonctionne plutôt bien pour le bateau électrique que nous y avons positionné, souligne Alfred Carignant. Recharger deux heures par jour ne constitue pas une contrainte pour le client, mais nous sommes tributaires du déploiement de l’infrastructure de recharge le long des voies navigables ».

Ne souhaitant pas attendre que VNF ou les collectivités locales accélèrent l’installation de bornes de recharge pour les bateaux de location, les Canalous se sont donc tournés vers une autre solution, qui réponde aux besoins des constructions neuves, mais aussi de la flotte existante.

Une conviction

« Nous sommes convaincus que l’électrique est la bonne solution, affirme Alfred Carignant. Cela supprime les vibrations, le bruit et les odeurs. Un vrai confort en navigation, en plus de l’impact carbone. L’hydrogène permet de stocker facilement la quantité suffisante pour deux semaines d’autonomie, non seulement pour la propulsion mais aussi pour la vie à bord : eau chaude, réfrigérateur, éclairage... ».

Le Wanday est le quatrième bateau électrique construit et exploité par les Canalous, mais le premier basé sur une pile à combustible à hydrogène.  Il a été inauguré le 28 avril 2023. Comme son nom le laisse supposer, le bateau de 8,5 m, qui peut embarquer jusqu’à douze personnes, est prévu pour des locations à la journée.

Les Canalous prévoient la construction d’un second bateau à hydrogène, habitable de 13 m de long prévu pour emmener huit personnes, qui devrait entrer en exploitation vers 2025

Le loueur/constructeur a recours à de l’hydrogène « vert », produit en Vendée, et s'est appuyé sur la société nantaise Europe Technologies pour l’intégration à bord de la pile à combustible.

A bord du Wanday : 

  • des batteries permettent une autonomie de 7 à 8 heures,
  • tandis que le réservoir contenant 1,8 kg d’hydrogène permet à la pile de fonctionner pendant 9 heures pour les recharger.
  • Et alimenter ainsi le moteur de 10 kW.

Apprivoiser l’hydrogène

Il reste deux problèmes à résoudre pour conforter le choix de l’hydrogène : celui de la production et de l’avitaillement.

Le soutage est assuré par camion depuis la Vendée, mais l’objectif affiché par les Canalous est d’avoir une petite production d’hydrogène sur place. Le chantier CPC, d’où sort en moyenne un bateau neuf chaque mois, a été reconstruit à la suite d’un incendie survenu en 2020. Il est désormais doté de panneaux photovoltaïques. La production d’hydrogène sur place n’est pas encore prévue, mais pourra être envisagée.

Il s’agit également d’apprivoiser ce nouveau vecteur d’énergie. Pour Alfred Carignant :

  • « Il y a en France une vraie dynamique autour de l’hydrogène et l’émergence de nouvelles compétences
  • Cela reste cependant plein de paradoxes. Économiquement, c’est un délire, mais c’est sans doute la solution de demain alors nous devons nous y investir.
  • Le choix, pour débuter dans l’hydrogène, s’est porté vers un bateau destiné à la location à la journée car cela facilite l’intégration. Il n’y a pas besoin d’une grande autonomie ; le seul besoin électrique est lié à la propulsion ».

L'électrification est en marche

Hydrogène ou pas, l’électrification de la flotte est en marche chez les Canalous. La flotte de 300 bateaux est progressivement mise à jour, avec une durée de vie des moteurs estimée à 20 ans environ.

D’ici cinq ans, l’entreprise prévoit d’avoir remotorisé en électrique environ 20 % de sa flotte existante, soit une dizaine de bateaux par an passant en propulsion électrique. Pour les constructions neuves aussi, l’électrique est privilégié. Mais dans les deux cas, seule la propulsion est électrique, le courant étant fourni par des batteries alimentées par des groupes électrogènes thermiques.

« On essaie d’aller le plus vite possible vers une flotte hybride électrique, résume Alfred Carignant. Demain, on pourra augmenter l’autonomie de ces bateaux électriques et diminuer le recours aux groupes thermiques. Ce que nous ne savons pas encore, c’est si cela se fera avec davantage de batteries à bord, davantage d’hydrogène, ou davantage de bornes de recharges installées le long des voies navigables ».

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