Les bateliers néerlandais alertent sur l’utilisation du biodiesel

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L’organisation néerlandaise de bateliers indépendants ASV alertent sur les dangers de mélanger du biodiesel au carburant utilisé dans la navigation intérieure en listant des problèmes techniques sérieux. Les avitailleurs ont, eux, exprimé leur inquiétude devant la volonté de La Haye d’imposer cette mesure sans attendre les pays voisins. En application de la directive européenne sur l’énergie renouvelable (RED II) et dans le cadre du « Pacte vert » européen (Green Deal) pour le verdissement de l’économie et pour la réduction des émissions de CO2, les Pays-Bas ont décidé d’instaurer une obligation de mélanger du biodiesel de type FAME (fatty acid methyl ester ou ester méthylique d’acide gras) au carburant utilisé par la navigation intérieure.

Problèmes techniques et surcoûts

D’après l’organisation néerlandaise de bateliers indépendants, l’ASV (Algemeene Schippers Vereeniging), cette mesure soulève de nombreuses questions.

Les expérimentations avec un carburant auquel a été rajouté du FAME auraient fait apparaître que cette opération affecte la qualité du carburant et menace la fiabilité des moteurs, ce qui met en danger la sécurité.

Problèmes avec les filtres ou les systèmes d’injection, dommages potentiels aux moteurs, davantage besoin d’entretien, remplacement plus rapide de pièces, hausse de la consommation et des émissions de NOx, durée plus limitée de conservation, surcoûts inévitables… font partie de la liste des objections formulées par l’ASV.

Pour l’ASV, « les mélanges ne sont acceptables que s’il est démontré qu’ils sont fiables et plus écologique. La navigation intérieure doit pouvoir faire confiance à son carburant ».

L’organisation ajoute que le calcul des émissions par la batellerie néerlandaise a été faussé par le fait qu’il n’aurait pas été tenu compte du caractère international de la navigation intérieure.

« Tourisme de soutage »

L’ASV dénonce aussi la volonté du gouvernement des Pays-Bas d’imposer une mesure sans tenir compte de ce que font les pays voisins. C’est surtout pour cette dernière raison que la décision de La Haye, qui fait actuellement l’objet d’une consultation officielle, inquiète au plus haut point les avitailleurs fluviaux.

Les aspects techniques et de sécurité ne les laisse évidemment pas indifférents. Comme le dit l’un d’eux : « Un bateau n’est pas un camion qu’on range sur la bande d’urgence quand le moteur flanche ou s’arrête ».

Mais l’organisation professionnelle des avitailleurs fluviaux néerlandais, NOVE, qui dit soutenir l’idée de l’adjonction de biocarburants comme levier de verdissement, redoute l’apparition d’un « tourisme de soutage » qui verrait les opérateurs fluviaux aller faire leur plein en Belgique ou en Allemagne et qui pourrait porter sur « 40 à 60 % » de leur activité. D’autant que la mesure aurait aussi un effet sur le prix du carburant: le surcoût pourrait aller jusqu’à 1 600 euros pour 20 tonnes de carburant.

NOVE parle de « conséquences potentiellement désastreuses pour le secteur », en ajoutant que cela mettrait également en cause les objectifs écologiques poursuivis.

Les avitailleurs plaident pour une approche plus réaliste pour permettre à leur secteur de réussir sa transition énergétique et aux bateliers de se familiariser avec les nouveaux mélanges.

Ils préconisent aussi une introduction concertée au niveau européen ou, à défaut, harmonisée dans les pays relevant de la Commission centrale pour la navigation du Rhin (CCNR).

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