« Monitor », projet d’innovation autour du fret ferroviaire, a été lancé mi-février 2023 en pays d’Arles. Associant plusieurs partenaires, ce projet veut accélérer le report modal vers le rail, servir la « décarbonation » de ce mode, en utilisant toutes les solutions digitales possibles et disponibles.
C’est en pays d’Arles, dans l’atelier de maintenance des locomotives de la Régie des transports des Bouches-du-Rhône (RDT13) qu’a été signé, le 17 février 2023, le coup d’envoi de « Monitor », projet d’innovations digitales pour le fret ferroviaire.
Wabtec, Fret SNCF et RDT13 s’engagent ainsi dans une collaboration qui doit durer trois ans et demi. C’est aussi le premier projet d’innovation porté par la coalition « Fret ferroviaire français du futur » (4F). 18 mois de travail des équipes en amont ont été nécessaire pour lancer ce programme d’un coût de 4 millions d’euros, soutenus financièrement à hauteur de 30 %, par l’Ademe.
« Monitor n’est pas un projet de recherche, c’est un projet applicatif !», a lancé Lilian Leroux, président de Wabtec Transit & Freight Europe, filiale d’un équipementier et fournisseur américain de solutions digitales appliquées au ferroviaire. « Ce projet consiste à déployer des briques technologiques dans un système digital complet afin d’accélérer le report modal vers le rail. Nous allons nous baser sur la communication sans fil (avec une couche cybersécurité), assurer un suivi en exploitation du freinage, suivre les vibrations des essieux, des boggies et parvenir à la mise en place automatisée des trains », a continué ce responsable.
« Monitor » consiste à équiper les wagons de capteurs permettant de surveiller et de prévenir les risques de déraillement, de serrage de frein intempestif et de réduire le temps de préparation des trains.
Tests prévus à partir de 2025
Les solutions seront développées et adaptées par Wabtec sur la base de besoins établis par les deux autres partenaires avant d’être testé en conditions réelles sur le matériel roulant de la SNCF et de la RDT 13.
Volontaire pour participer à l’expérimentation, cette régie et opérateur ferroviaire de proximité, exploite deux trains fret de déchets par jour sur l’aire métropolitaine marseillaise, à destination de l’incinérateur Everé de Fos-sur-Mer. Monitor sera également déployé en conditions réelles sur une longue distance, sur une autoroute ferroviaire à définir à horizon 2025.
« Rouler avec un frein serré, constitue un risque élevé d’incendie », a rappelé Paul Sillou, directeur général de la RDT 13. Un frein serré use également des rails prématurément. « Le système permettra, grâce à des capteurs au sol, de détecter les freins serrés. Nous devrions améliorer la fiabilité des trains en réduisant le nombre de pannes. Monitor sera la révolution TGV pour le fret. Cette technologie est au service de la « décarbonation » du transport de marchandises ».
Une dimension européenne
« Fret SNCF joue un rôle majeur dans le projet Monitor, brique essentielle pour préparer le train fret autonome de demain, en partageant son expertise et ses retours d’expérience en matière d’exploitation et en testant de nouvelles solutions en conditions réelles à bord de ses locomotives et des wagons qu’elle exploite », a souligné Frédéric Delorme, président de Rail Logistics Europe à la SNCF.
Ce responsable a ajouté : « Les partenaires souhaitent parvenir à concevoir un standard européen. C’est le début du train standardisé et compétitif comparé à la route. Nous allons retirer des enseignements quant aux fonctionnalités sur les attelages automatiques en France et en Europe. Nous voulons utiliser ce volet de Monitor dans le cadre d’un projet encore plus vaste, baptisé Europe’s Rail doté de 568,4 millions d’euros ».
Selon Lilian Leroux : « Sur les 20 000 locomotives en exploitations aux Etats-Unis, 17 000 sont en pilotage digital ». En France, Wabtec s’appuie sur 2000 salariés, dont des équipes de « data scientists ».
