Le projet « Masshylia » revu à la hausse et suspendu aux aides européennes

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Crédit photo GRANDEMANGE Dominique
Total Energies prépare pour sa bioraffinerie de La Mède un chantier de conversion énergétique inédit, le projet « Masshylia » en partenariat avec Engie, portant sur l’installation de fermes solaires de 100 MW, d’un électrolyseur de 40 MW pour produire 15 tonnes d’hydrogène à compter de 2025. Un an après l’annonce de ce projet de production d’hydrogène « vert » en masse, visant entre autres à « décarboner » la bioraffinerie, les deux groupes français se sont engagés à présenter le projet à la population et comptent sur des aides françaises et européennes.
Dans la grande famille de l’hydrogène, Total Energies aspire à remplacer le « gris » par une molécule « verte » dans son process industriel pour atteindre ses ambitions de « décarbonation ». Ce groupe a noué, il y a un an, un accord de coopération avec Engie, et conduit un projet baptisé « Masshylia », qui a été labellisé par le pôle de compétitivité CapEnergies. Ce projet prévoit la construction d’une usine de production de 15 tonnes hydrogène, comprenant un électrolyseur de 40 MW et une unité de stockage d’hydrogène, d’une nouvelle centrale solaire de 100 MW et d’un nouveau poste électrique. Les deux partenaires visent un début de construction des installations en 2023, à l'issue de l’étude d’ingénierie avancée et de l’enquête publique, en vue d’une production en 2025. « Nous aurons alors la disponibilité nécessaire pour répondre à tous les usages, être au rendez-vous de la mobilité et devenir un hub d’hydrogène », précise Jean-Michel Diaz, directeur sud PACA et Corse de Total Energies.

15 tonnes d’hydrogène en 2025 et 50 tonnes deux ans plus tard

Une deuxième phase vise à produire 50 tonnes en 2027/2028 avec un électrolyseur plus puissant de 125 MW. Le projet représente un investissement de 100 millions d’euros (hors coût d’installation des fermes éoliennes), reste nénamoins conditionné à l’obtention des aides européennes (IPCEI, fonds de l'innovation) et françaises (AMI) dont la réponse devrait intervenir à l’été 2022. Pour ne pas perdre de temps, Total Energies et Engie ont d’ores et déjà organisé une démarche volontaire de concertation nationale du débat public entre le 31 janvier et le 10 mars 2022. Une phase préliminaire visant à présenter le projet aux populations et tenir compte des remarques des citoyens, des objections des riverains. « L’enjeu de Masshylia repose sur la production en masse d’hydrogène « vert » pour produire du fuel « vert ». Après deux ans d’analyse sur l’approvisionnement en énergie renouvelable, le projet entre dans une phase avancée. Nous allons lancer les études de sécurité. Le défi de Masshylia porte sur l’intégration industrielle sur un site Seveso, sur le stockage, sur la gestion de l’électricité, de l’énergie qui sera produite par les fermes solaires au meilleur coût. Nous avons développé un partenariat avec l’école nationale supérieure des officiers des sapeurs-pompiers d’Aix-en-Provence afin de former les personnes qui interviendront sur le site », a détaillé Olivier Machet, d’Engie, codirecteur du projet Masshylia aux côtés de Gloria Vendrelle, lors des premières rencontres Meet4 Hydrogen à Toulon les 23 et 24 mars 2022.

Un hub d’hydrogène pour de multiples usages

Deux tiers de l’hydrogène décarboné produit par les installations serviront à alimenter la bioraffinerie et un tiers sera destiné à d’autres usages, notamment la mobilité lourde. Le projet associe d’ailleurs 25 partenaires (RDT13, Iveco, FNTV, CMA CGM McPhy…). « Nous préparons l’aménagement d’un quai de chargement de l’hydrogène afin de le distribuer. Nous regardons également du côté du efuel avec la production de emethane. Masshylia va créer des emplois directs, indirects et consolider la filière hydrogène », annonce Olivier Machet. La bio raffinerie de Châteauneuf-Les-Martigues sera alors alimentée par des sources d’énergie renouvelables, notamment des champs photovoltaïques (30 %) et éoliens (25 %), complétées par une part d’électricité du réseau français. La zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer rejette chaque année dans l’atmosphère 10 millions de tonnes de CO2, dont 8 millions générés par Arcelor-Mittal. Masshylia évitera le rejet de 15 000 tonnes d'émissions de CO2 par an.  « Pour parvenir à la neutralité carbone en 2050, nous devons décarboner le pétrole, les biocarburants, les bioplastiques, les gaz pour produire du biogaz. L’hydrogène vert a conduit à la création du projet Masshylia à la Mède. Nous sommes entrés sur le marché de l’électricité il y a cinq ans. Nous comptons 350 unités de production d’électricité renouvelable. Nous travaillons sur les nouvelles mobilités et avons un plan de déploiement de bornes de recharges des véhicules électriques. Nous avons annoncé la création d’un gigafactory pour fabriquer des batteries qui équiperont les véhicules des constructeurs Mercedes et Stellantis. Nous travaillons avec nos clients afin de décarboner leurs usages et les produits qu’ils utilisent », a précisé Isabelle Patrier, directrice France de Total Energies. Ce groupe investit actuellement 3,5 milliards d’euros pour atteindre la neutralité carbone en 2050.  

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