L’inauguration de la capitainerie du port de Niort le 20 janvier 2023 marque une nouvelle étape accomplie sur le chemin du lancement d’une offre de navigation fluviale touristique sur la Sèvre niortaise. Un projet entériné par un plan de financement et d’engagement de l’ensemble des collectivités et de l’État signé en juillet 2016.
Sept ans auront été nécessaire pour concrétiser ce projet articulé autour du tourisme « fluvestre » et il ne reste plus que quelques semaines avant le début de la première saison ce printemps 2023, la mise en location des bateaux étant annoncée pour mars et le début des croisières pour avril.
Mise à niveau de l’infrastructure
En 2016, une étude de faisabilité sur le développement du tourisme fluvial sur la Sèvre Niortaise montre une réelle opportunité pour le territoire de proposer une activité nouvelle de navigation fluviale valorisant la Sèvre Niortaise, la jeune et la vieille Autise et le canal du Mignon sur un linéaire total de 109 km.
« En mettant en synergie les activités nautiques et les activités de découverte à terre (visites, restauration, activités de loisirs…), c’est l’ensemble du Marais poitevin, de Niort à Marans en passant par Fontenay-le-Comte qui pourrait profiter d’une nouvelle clientèle touristique essentiellement nord-européenne ».
Il faut noter que depuis 2014, ces différentes voies d’eau du domaine public fluvial ont été transférées par l’Etat à l’Institution interdépartemental du bassin de la Sèvre Niortaise (IIBSN).
L’un des volets du projet a concerné la Sèvre Niortaise elle-même avec une mise à niveau des équipements de la rivière : création de haltes-escales et aménagements des ports de Niort Boinot et de Marans, adaptation de quelques passerelles pouvant se révéler gênantes, adaptation des écluses pour un montant d’investissement total d’environ 4,9 millions d’euros.
10 haltes-escales jalonnent le parcours navigable, de Niort Boinot à Marans avec des aménagements étalés de l’automne 2022 à mars 2023. Le port de de Niort Boinot se situe à l’extrémité est du linéaire navigable et il est la base de départ des deux bateaux. Marans se trouve à l’ouest de l’itinéraire et constitue l’autre « tête de ligne ». Entre ces deux ports, les autres haltes sont : Niort-La Roussille, Magné, Coulon, Arçais, Damvix, Bouillé-Courdault, Maillé, La Ronde-Bazoin, La-Grève-sur-Mignon, Taugon-Les Combrands. Elles sont aménagées suivant un calendrier qui s’étend de novembre 2022 à mars 2023.
Le projet de rendre à nouveau la Sèvre Niortaise navigable aux embarcations habitables a été mené notamment par l’IIBSN. L’ensemble de la signalisation a été réinstallée, un important travail de mise aux normes et de maintenance des écluses et ouvrages a été réalisé. L’itinéraire entre Niort et Marans comprend le franchissement de 7 écluses, de nombreux ponts, dont plusieurs ponts levis. A terme, toutes les écluses seront en libre-service, actionnable par télécommande ou par commande manuelle.
Deux bateaux habitables et électriques
Un autre volet du projet a porté sur les bateaux habitables sans permis destinés à la location. La volonté a été d’innover avec des bateaux habitables à propulsion 100 % électrique (voir article de NPI) « pour préserver l’environnement », adaptés à la navigation sur la Sèvre. Le financement des deux bateaux « s’est fait à parts égales entre les communautés de communes Aunis Atlantique et Vendée Sèvre Autize, l’agglomération niortaise, les départements de la Charente-Maritime, des Deux-Sèvres et de la Vendée, les régions Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire ».
Le premier des deux bateaux habitables en aluminium à propulsion électrique a été mis à l’eau à la fin septembre 2022, au port de Marans. Le deuxième en fin d’année. Des panneaux photovoltaïques ont aussi été installés. Les bateaux sont équipés de quatre batteries lithium, dont deux alimentent le moteur de 10 KW et se rechargent uniquement par branchement à quai. Les deux autres fournissent l’énergie aux éléments de confort à bord qui peuvent aussi être alimentés par les panneaux solaires installés sur le toit. Ils font 13 mètres de long sur 4,15 m de large avec un tirant de 0,80 m et un tirant d’air de 2,40 m.
Les bateaux s’appellent Kifanlo et Helios, ont été conçus par un architecte de Naviwatt et réalisés par le chantier Alubat et ses prestataires
Les bateaux peuvent accueillir quatre à six personnes pour un week-end et jusqu’à une semaine ou quelques heures sur la journée. Ils sont dotés de tout le confort : une terrasse, un carré salon largement ouvert sur l’extérieur, une cuisine entièrement équipée, deux chambres, un WC et salle d’eau.
Une offre complète et variée
Le Parc naturel régional du Marais poitevin est propriétaire des bateaux et les a concédés, suite à un appel d’offres, à une agence (Pamplemousse/Kapalouest/Au bout du marais) basée à La Rochelle, avec une expérience dans la location maritime depuis 14 ans mais aussi les croisières et événements privatifs. En 2022, elle a accueilli 43 000 passagers.
L’agence a en charge la commercialisation et l’exploitation des bateaux sur la Sèvre Niortaise et ses affluents, le canal de la Vieille Autise et le canal du Mignon. « Il lui appartient de construire progressivement son offre de prestations et de séjours sur le territoire ».
Pour l’activité fluviale de l’agence, les bureaux sont situés au port de Niort-Boinot, dans la capitainerie dont l’aménagement a été inauguré le 20 janvier 2023, après la réalisation de la restauration de ce même port finalisée en 2020.
A partir des différentes haltes, toute l’offre touristique existante à terre du marais poitevin sera proposée : voies cyclables et déplacement à vélo, balade à pied ou en canoé, visites et découvertes de la faune et de la flore, des sites remarquables… C’est ici toute la dimension du tourisme « fluvestre ». L’agence évoque aussi la possibilité de « compléter l’expérience fluviale avec une croisière en mer, en voilier, au départ de Rochelle ».
Les retombées économiques attendues sur le territoire de la nouvelle activité de navigation touristique fluviale sont évaluées entre 700 000 et 850 000 euros par an dont plus de 50 % bénéficieront à des activités locales (visites de site, restauration, commerces de proximité…), selon la région Nouvelle Aquitaine.