HySilabs a mis au point une innovation visant à faciliter le transport et le stockage d’hydrogène. Cette société dit susciter l’intérêt des ports nord-européens tandis que ceux de France seraient plus difficiles à convaincre.
« Les ports du Nord de l’Europe sont plus ouverts au risque et multiplient les tests, développent des prototypes afin de mettre en place une stratégie d’importation massive d’hydrogène. Ils ont pris conscience plus rapidement que ceux de France de la nécessité de travailler sur « l’après-pétrole », estime Pierre-Emmanuel Casanova, co-fondateur d’HySilabs, aux côtés de Vincent Lome, directeur recherche et développement.
« Il existe six technologies de vectorisation de l’hydrogène dans le monde. Les meilleures, dont la nôtre, permettent d’atteindre jusqu’à 30 % d’économie sur le transport d’hydrogène en le comprimant sous haute pression », ajoute ce responsable.
Les origines de la découverte
Des chercheurs de l'université d'Aix-Marseille Provence planchaient sur une nouvelle molécule à vocation médicamenteuse. Ils découvrent une propriété étonnante de l’hydrine de silicium, à savoir sa capacité à se charger en hydrogène.
Pierre-Emmanuel Casanova et Vincent Lome expliquent :
- « En partant de la solution, nous avons trouvé le problème à résoudre. Personne ne savait à l’époque que cette découverte allait devenir un vecteur de l’hydrogène.
- Après dix années de recherche, nous avons modifié la molécule de silice pour créer de la silice hydratée pour la charger en hydrogène. L’hydrure de silicium est transparent, inodore, légèrement visqueux ». Les molécules d’hydrogène renfermées dans ce carburant sont libérées à la demande dans le véhicule grâce à un catalyseur.
- « La facilité de manipulation de notre produit permettra de passer plus rapidement à l’hydrogène. Il faudra développer des piles à combustible en fonction de la puissance des navires ».
La société HySilabs a été fondée en 2015 suite à cette découverte et emploie aujourd’hui une vingtaine de personnes dont certaines se consacrent aux projets maritimes et portuaires. En février 2023, un financement de 13 millions d’euros avec des acteurs industriels européens a été bouclé.
A la recherche d'un port français
Les ports de Rotterdam, Hambourg et Amsterdam s’intéressent à cette technologie française de vecteur d’hydrogène révélée par hasard. Ils sont engagés, depuis quelques années, dans « l’après-pétrole » et testent actuellement une multitude de technologies relatives au transport et au stockage d’hydrogène. Ils sont bien résolus à jouer un rôle décisif dans la « décarbonation » des mobilités lourdes et de l’industrie.
Convaincre les ports français de la valeur de leur innovation, c'est ce que cherchent à faire les dirigeants d’Hysilabs : « Malgré notre ancrage en Provence, les discussions ne sont pas aussi avancées avec les ports français. Nous espérons développer un projet-pilote avec Marseille-Fos ».
Une étude pour convaincre
HySiLabs travaille sur plusieurs pilotes industriels, dont « H2Gate » avec le port d'Amsterdam (stockage d'hydrogène à l'échelle industrielle) et « QualifHY » avec le fabricant de piles à combustible Helion Hydrogen Power. Par exemple, l’ambition du projet « H2Gate » est de parvenir à importer 1 million de tonnes d’hydrogène par an sur le port d’Amsterdam.
La société avance également sur une étude qui « vise à contribuer aux orientations des ports sur l’hydrogène et aux applications à développer. Nous sommes confiants, notre technologie est compétitive. Notre objectif pour 2023 consiste à accélérer notre développement sur le territoire provençal en s’appuyant sur les résultats de notre étude », dit Pierre-Emmanuel Casanova.