GRDF, gestionnaire du réseau de distribution de gaz en France, avec l’Ademe et VNF, a lancé au printemps 2023 un deuxième appel à projets (AAP) pour financer des études de remotorisation (rétrofit) et de conception de bateaux fonctionnant au BioGNV dont les résultats vont être bientôt annoncés. Ce deuxième AAP est doté d’un budget de 150 000 euros.
Un premier appel à projets a désigné à l’automne 2022 trois lauréats :
- Cimenterie Vicat : ce groupe industriel international produit du ciment, des granulats et du béton et porte le projet d’une remotorisation au BioGNV d’un de ses pousseurs, pour du transport de granulats en vrac entre les lieux d'extraction et les ports.
- Slop Normandie : cette PME rouennaise récupère les déchets des bateaux qui arrivent aux ports et envisage de construire un bateau neuf à motorisation hybride fonctionnant au biométhane pour poursuivre cette activité de manière vertueuse.
- Acanor : l’Armement Coopératif Artisanal du Nord accompagne les pêcheurs dans la construction d’unités de pêche artisanale neuves, lors d’une première installation ou lors d’un renouvellement de la flottille.
Des expérimentations positives. GRDF a la conviction que le BioGNV peut être l’un des carburants permettant la « décarbonation » des bateaux fluviaux. Le gestionnaire rappelle régulièrement qu’il est utilisé depuis plus de 25 ans dans le domaine routier.
Concernant spécifiquement le fluvial, il indique que « des expérimentations menées en Île-de-France ont montré que les bateaux hybrides circulant au BioGNV et à l’électricité émettent 90 % d’émissions de CO2 et 98 % d’émissions de d’oxydes d’azote (NOx) et de particules fines en moins que les bateaux à moteur diesel ».
Outre ces atouts en matière de réduction des émissions, le BioGNV est produit localement, poursuit GRDF, « en circuit court à partir de déchets issus de l’industrie agro-alimentaire, de la restauration collective, des exploitations agricoles ou encore de boues de stations d’épuration, s’inscrivant pleinement dans une économie circulaire vertueuse à la fois pour les territoires et pour la préservation de l’environnement ».
Des ambitions élevées. Le gestionnaire ajoute que le long de l’axe Seine, onze stations délivrent du BioGNV entre Paris et la Normandie, d’autres devraient suivre. Il estime que « le maillage, à terme, en stations multi-énergies incluant du BioGNV permettra l’avitaillement de l’ensemble des bateaux naviguant sur la Seine, soit environ 900 unités ».
Ce qu’il en est aujourd’hui. En attendant d’atteindre éventuellement un tel nombre, un premier bateau fluvial est en cours de transformation pour utiliser du BioGNV et marquera l’aboutissement du projet Green Deliriver (dont GRDF est l’un des partenaires aux côtés de Segula Technologies et d'autres dont VNF et Haropa Port). Il s’agit du rétrofit du Sydney qui est en cours et devrait lui permettre de participer à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024. Il utilisera à la fois un moteur électrique et du BioGNV, lors de ses itinéraires sur la Seine : à l’aller, pour transporter des marchandises depuis la périphérie urbaine (Limay, Gennevilliers, Achères, Bonneuil-sur-Marne) jusqu’au cœur de Paris ; au retour, pour évacuer des déchets urbains vers des centres de traitement et de valorisation.
Une avancée réglementaire. Il faut souligner que ce projet Green Deliriver a permis l’avancée réglementaire qui manquait pour une utilisation du BioGNV à bord d’un bateau fluvial en recevant une autorisation de la Commission centrale pour la navigation du Rhin (CCNR) en mars 2023 (voir article de NPI).
Segula Technologies envisage ensuite la construction d'un pousseur neuf à motorisation hybride électrique/bioGNC.