Après bien des difficultés depuis l’inauguration du bateau Fludis en septembre 2019, cette solution de logistique urbaine fluviale semble trouver sa voie de développement. Aux côtés du bateau qui transporte des vélos-cargo sur la Seine pour des livraisons de fournitures de bureau dans Paris, deux barges devraient être exploitées sur le canal Saint-Denis pour un nouveau client à partir d’août 2022.
Depuis janvier 2022, le bateau Fludis est de retour en exploitation quotidienne sur la Seine. Mis en service en septembre 2019 pour assurer les transports entre Gennevilliers et Paris de trois entreprises (Lyreco, Ikea et Paprec), le bateau a connu peu de temps après une avarie qui l’aura immobilisé de nombreux mois. Il s’agissait d’un problème de mise au point de la motorisation innovante du navire, constituée de moteurs électriques alimentées par batteries qui lui permettent de se passer de son groupe électrogène 80 % du temps.L’entreprise a néanmoins continué son activité avec un autre bateau, dans l’attente du retour de Fludis. Des changements sont intervenus entre temps : le bateau est désormais au service exclusif de Lyreco pour des livraisons dans Paris de fournitures de bureau. Cette entreprise n’ayant plus d’établissement à Gennevilliers, les embarquements se font désormais quai d’Austerlitz, où la marchandise palettisée passe directement à bord de Fludis, depuis les camions en provenance de l’entrepôt logistique de Lyreco, situé à Villaines-la-Juhel (Mayenne).C’est à bord du bateau, y compris pendant le temps de navigation, que les fournitures de bureau (principalement des ramettes de papier et de l’eau en bouteille) passent des palettes aux vélos cargos. Fludis dispose pour cela de deux étages de cale. Les vélos-cargo y sont chargés, puis une fois arrivée à destination prennent l’ascenseur pour monter sur le pont, d’où ils sont grutés en direction du quai.
Les flux Lyreco montent en puissance
Plate-forme itinérante de cross-docking, le bateau a pour l’heure deux escales dans Paris : l’une au port du Gros-Caillou, l’autre au port de Solférino. De là, les 8 à 10 vélos-cargo présents à bord peuvent effectuer quatre tournées par jour pour livrer quotidiennement 5 à 10 t de colis dans les arrondissements parisiens bordés par la Seine. « La limite des vélos-cargo, c’est leur capacité d’emport et la distance parcourue, explique le fondateur de la société, Gilles Manuelle. Il faut donc un entrepôt de proximité, rôle assuré par notre bateau qui est présent tous les jours à la même heure au même endroit. Cela garantit un cadencement régulier que le transport routier ne sait plus faire à Paris ».Le bateau Fludis étant désormais trop petit pour les flux qui lui sont confiés par Lyreco, Gilles Manuelle envisage de construire une nouvelle barge poussée pour ce trafic. La décision reste cependant suspendue à la signature d’un nouveau contrat pour le repositionnement de Fludis sur un autre flux, pour un autre client.
Des vélos-cargo sur le canal Saint-Denis
Gilles Manuelle a aussi un projet concernant le canal Saint-Denis. Le nom du client n’a pas été dévoilé, mais le contrat est ici bel et bien signé puisque deux barges sont en cours de construction au chantier Manche Industrie Marine, à Dieppe. Elles devraient entrer en service début août à Saint-Denis. Il s’agira de barges poussées, ce qui présente l’avantage de désolidariser l’exploitation de l’entrepôt flottant d’une part et la motorisation d’autre part.« Il ne s’agira pas de pousseurs électriques », indique Gilles Manuelle qui ne se fait pas plus précis sur la solution de poussage retenue mais souligne que son entreprise « essaye d’avoir ses propres équipes ». On peut imaginer qu’une solution de « décarbonation » des pousseurs sera trouvée dans un second temps, ce qui serait cohérent avec l’utilisation de vélos-cargos électriques.
