Des bateaux hybrides pour une « décarbonation » totale

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L’hybridation fait partie des options à envisager pour la « décarbonation » totale des bateaux fluviaux. Plusieurs raisons expliquant la pertinence de cette solution ont été données lors du webinaire « Vert le fluvial » ainsi qu'un exemple de rétrofit d’un automoteur.

« Les bateaux construits aujourd’hui seront ceux qui navigueront en 2050 sur nos voies navigables. Ce qui signifie qu’un opérateur construisant aujourd’hui un bateau doit réfléchir à la manière dont il va s’adapter aux futurs objectifs de réduction des émissions », a indiqué Cécile Cohas, chargée de recherche et innovation à la DT VNF Rhône-Saône, lors du webinaire « Vert le fluvial » de VNF organisé le 17 mars 2023.

Sachant qu’en 2050, il s’agit de mettre un terme aux émissions de gaz à effet de serre et autres polluants. L’une des options possibles pour cette « décarbonation » totale en 2050 peut être l’hybridation des bateaux fluviaux.

Selon Cécile Cohas qui s’appuie sur les résultats de l’étude Fluent :

  • « L’hybridation permet de s’inscrire dans le temps et de traverser les villes en électrique sans émission en utilisant les batteries à bord des bateaux. Dans l’éventualité d’une extension des ZFE au transport fluvial en métropole, elle permet d’être conforme aux exigences imposées dans ces zones ».
  • Par exemple, un automoteur en construction neuve avec une propulsion en hybridation de série avec des groupes électrogènes qui fonctionnerait aujourd’hui au GNR, pourrait demain utiliser du biomass to liquid (BTL) ou du HVO ou du biogaz. Ces groupes électrogènes au GNR pourraient ensuite être remplacés pour utiliser du gaz, puis des piles à combustible, de l’hydrogène ou du méthanol ou davantage de batteries peut-être moins lourdes et plus performantes que celles actuellement disponibles.
  • « L’hybridation ne permet pas un gain énergétique significatif mais elle répond à deux enjeux : le passage en zone à faible émission des bateaux pour des transports de longue distance et un besoin de « décarbonation » totale ».
  • « Faire le choix de l’hybridation, c’est faire le choix de remplacer des moteurs thermiques par des moteurs électriques, le surcoût existe. Toutefois, celui-ci au regard du coût total d’investissement pour la construction d’un bateau est peu impactant sur le coût total de possession du bateau. Le plus impactant est le choix de l’énergie ».

Un rétrofit hybride électricité et bio-GNC

Segula Technologies s’est vu confier en 2021 par Coalis la transformation d’un automoteur (le Sydney naviguant sur la Seine) utilisant du GNR vers une hybridation électrique (batteries) et bio-GNC.

« Le rétrofit est prévu pour la fin 2023 après avoir reçu une dérogation en décembre 2022, nous avons ainsi levé l’intégralité des verrous techniques et règlementaires. Peut-être que le bateau sera prêt pour les Jeux olympiques de Paris en 2024 », a dit Clément Leroy, responsable naval chez Segula.

Le bio-GNC a été retenu car il est disponible, simple à produire et à utiliser. L’électricité sur batterie lui permettra de naviguer sans émission dans Paris.

Segula met en avant la modularité, la flexibilité de l’hybridation mais aussi une meilleure manœuvrabilité du bateau, un meilleur confort (notamment acoustique) pour l’équipage, ou encore la mutualisation de l’ensemble des systèmes de bord.

Une fois le bateau rétrofité, il s’agira de « tirer les conclusions une fois le bateau en exploitation, indique Clément Leroy, il faudra toujours être sobre en utilisant l’écoconduite. Et il reste à franchir le pas pour une construction neuve hybride ».

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