Les hydroliennes fluviales, c’est-à-dire utilisant le courant d’une voie d’eau pour produire de l’électricité, font partie des innovations portées par quelques entreprises dans le monde, y compris françaises.
C’est l’un des champs d’expérimentation soutenu par l’établissement Voies navigables de France (VNF), plus particulièrement sur l’axe Méditerranée-Rhône-Saône.
VNF a dédié une portion du réseau non navigable en amont de Lyon, entre les parcs de Saint Clair (Caluire et Cuire) et de la Feyssine (Villeurbanne), pour des implantations et des tests d’hydroliennes.
Pour produire de l’hydroélectricité, la solution la plus connue est d’utiliser les barrages de navigation, comme ceux présents sur le Rhône conçus et exploités par la Compagnie nationale du Rhône (CNR). VNF cherche aussi à développer la production d’hydroélectricité sur le réseau que gère cet établissement sur la Seine, la Saône, la Meuse.
Qu’est-ce qu’une hydrolienne ?
En 2018, sur le secteur du Rhône en amont de Lyon dédié par VNF, 4 hydroliennes de la société Hydroquest (voir article de NPI) ont été installées. Elles ont ainsi constituées une première « ferme » d’hydroliennes fluviales dites « à turbine ».
- Elles utilisent la vitesse du courant qui, en faisant tourner les pales, entraîne un arbre de rotation reliée à une machine produisant du courant électrique (génératrice), raccordée au réseau local d’électricité.
- Elles produisent de l’électricité propre, régulière et économique.
- Aucune chute d’eau n’est nécessaire, nul besoin de travaux de génie civil pour implanter cet équipement.
- L’installation, sans danger pour la faune et la flore, respecte la biodiversité et la qualité de l’eau. Il faut juste veiller aux éventuels débris pouvant se retrouver dans l’eau.
- Ouvrage « zéro émission de gaz à effet de serre » et sans nuisance sonore, une hydrolienne permet d’éviter l’émission de 300 tonnes de CO2 par an
Quelle est la nouveauté en 2023 ?
La start up française EEL Energy a obtenu de VNF d’installer sur la partie du domaine fluvial dédié quatre hydroliennes fluviales dites « biomimétique » ou encore « à membrane ondulante ».
Par ces mots, il faut comprendre que l’électricité « verte » est « produite par ondulation, c’est-à-dire en imitant le mouvement des poissons. La membrane ondule sous la pression du fluide en mouvement. On transforme ces déformations périodiques de la structure en électricité via un système électromécanique ». Les puissances possibles vont jusqu’à 10MW.
Concrètement :
- Une première machine va être mise en place sur le site d’ici la fin du mois de juin. Elle sera assemblée au port de Lyon et convoyée par voie fluviale.
- Trois autres suivront selon le même processus jusqu’à la fin de l’année 2023.
- Les infrastructures de raccordement sont déjà existantes.
- Il s’agit de réaliser « un test technique grandeur nature de ces nouveaux types d’hydroliennes avant d’envisager un déploiement sur d’autres sites fluviaux ou marins » en France ou ailleurs.
- L’électricité produite, qui sera injectée dans le réseau national, est évaluée à 400 MWh, soit l’équivalent de la consommation de 100 foyers.
Un essai en cours en rade de Brest
Depuis mai 2022, EEL a réussi « un passage à l’échelle » avec une hydrolienne « biomimétique » de 30 KW testée en rade de Brest, installée sur un système flottant, dont les premiers résultats ont été concluants, selon la start up.
Celle-ci, en partie implantée à Boulogne-sur-Mer (avec un site d’essai à Gravelines chez Aquanord), bénéficie, par ailleurs, d’un soutien de la région Hauts-de-France dans le cadre des fonds européens Feder (subvention de 950 000 euros) pour un projet nommé « Opal’EEL ». Celui-ci recouvre la conception, l’assemblage et le test sur un site d’essai d’un prototype d’hydrolienne à membrane ondulante d’une puissance de 30KW.