Les années se suivent et ne se ressemblent pas pour Sénalia. Avec des récoltes plus abondantes, le groupe qui exploite des silos portuaires à Rouen a pu afficher de bons résultats lors de son assemblée générale, qui s’est tenue le 11 janvier 2019 à Paris. L’activité est tirée à la hausse par le blé meunier, dont les exportations ont triplé pour atteindre 1,7 Mt, ainsi que par l’orge de brasserie, dont Sénalia a exporté 977 kt. Au total, les exportations maritimes sont en essor de 49 %, atteignant 2,7 Mt pour la campagne d’exportation 2017-2018. Les manutentions liées à l’agro-industrie (sucre, cacao, trituration d’oléagineuses) représentent toutefois, pour la deuxième année consécutive, un peu plus de la moitié de l’activité de Sénalia, qui atteint ainsi un objectif de diversification.
Le groupe Sénalia revendique d’avoir réalisé 22 % des exportations de céréales françaises pour la campagne 2017-2018. L’Algérie, premier pays importateur des céréales françaises, est aussi le principal client du groupe, devant l’Union européenne, le Maroc, l’Arabie saoudite et la Tunisie. L’ensemble de ces pays concentrent 80 % des volumes exportés depuis les silos rouennais de Sénalia.
Nouvelle logistique ferroviaire et fluviale
À l’entrée des silos Sénalia, la part de la Normandie reste stable (746 kt) mais les régions de l’hinterland progressent fortement : Centre et Pays-de-la-Loire (770 kt), Île-de-France (598 kt) et Hauts-de-France (486 kt). Sénalia explique cela par la « nouvelle logistique terrestre mise en place », qui a porté à 41 % la part des modes massifiée, soit 1,167 Mt. Cette nouvelle logistique terrestre, ce sont des navettes ferroviaires et fluviales, lancées il y a cinq ans, et dont la part atteint 30 % des céréales à destination des silos rouennais, soit 360 000 t en 2018. Pour le ferroviaire, Sénalia reçoit, trois fois par semaine, une rame de 22 wagons. Les cinq coopératives participantes ont ainsi apporté 140 000 t en 2018, et devraient atteindre 170 000 t en 2019.
Côté fluvial, ce sont dix organismes stockeurs implantés à proximité de la Seine, de l’Oise et de l’Aisne qui utilisent le système de navette mis en place par Sénalia, apportant 220 000 t en 2018. Un chiffre qui a été multiplié par quatre en quatre ans, et devrait encore doubler pour dépasser 400 000 t en 2019. Et ce sont peut-être les crues de 2018 qui ont convaincu des avantages des navettes fluviales mises en place par Sénalia, selon Gilles Kindelberger, directeur général du groupe Sénalia : « En 2018, nous avons subi les crues de la Seine. Ceux qui n’avaient pas contractualisé via la navette ont vu leurs coûts de transport multiplié par 2,5. Pour la navette, en revanche, le prix est simplement passé de 6,5 € à 7,5 €, grâce à la contractualisation avec les mariniers sur le long terme ».
Le fluvial est aussi désormais, et pour la deuxième année, utilisé en sortie du site Sénalia de Rouen, pour du blé dur provenant par train de la région Centre, et réexpédié par bateau jusqu’aux Grands Moulins de Paris, à Gennevilliers. Une façon de répondre aux difficultés d’accès à la région parisienne pour les autres modes, qui a concerné 70 000 t de blé dur en 2018 et devrait se développer à l’avenir.
Investissements et rapprochements
Toujours dans le but de développer ses transports ferroviaires et fluviaux, le groupe Sénalia a procédé, en octobre 2018, à la reprise de la participation d’Invivo dans le commissionnaire de transport Magestiv, qu’il détient désormais à parité avec la coopérative Scael. L’objectif affiché par Sénalia est de doubler l’activité de sa nouvelle filiale Magestiv, qui détient 450 wagons et transporte déjà 1 Mt par an de céréales en ferroviaire et en fluvial. Le rapprochement avec Scael concerne aussi les silos portuaires que détient, via Lecureur SA, cette coopérative au Val-de-la Haye (port de Rouen) et à Bonnières-sur-Seine (entre Rouen et Paris) : ces deux silos seront désormais exploités par Sénalia, qui porte ainsi à 630 000 t sa capacité de stockage.
2018 a aussi vu un changement majeur apporté aux silos Sénalia de Grand-Couronne, avec l’arrivée en décembre de trois nouveaux portiques, permettant de charger les navires à une cadence atteignant jusqu’à 3 000 t/h. Ces trois portiques peuvent en effet être utilisés simultanément et se déplacer le long du quai, le navire restant immobile, ce qui diminue de 30 % le temps de chargement. Au total, Sénalia a investi 11,5 M€ pour la modernisation de ses installations de chargement, tandis que le Grand port maritime de Rouen a amélioré l’infrastructure, avec notamment l’approfondissement de la souille, pour un coût de 9 M€. Sénalia peut désormais charger des navires jusqu’à 60 000 t, et présente son site de Rouen comme « le plus moderne et le plus performant en Europe ».