Un consortium majoritairement bordelais est l'un des lauréats de l’appel à projets de VNF « bateaux décarbonés et autonomes » pour les JOP 2024. L’un des membres de ce consortium, BlueNav, présente le « BlueBoat », catamaran électrique et autonome.
« C’est l’appel à projets de VNF qui a provoqué cette idée de « passeur de rives ». Notre « roadmap » de développement prévoyait la navigation autonome, cette occasion était, pour nous, le moyen d’accélérer le mouvement », déclare Hervé Frouin, ingénieur, informaticien et fondateur de la start up BlueNav, porteur du projet « BlueBoat ».
Celui-ci est le seul projet 100 % français parmi les trois lauréats de l’appel à projets (AAP) lancé par VNF à l’été 2022 pour la mise en œuvre de démonstrateurs de bateaux à navigation automatisés et « décarbonés » dans la perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris 2024. NPI a déjà présenté un autre lauréat, le consortium Hyke et RiverCat.
Impliqué dans les « BatCub »
BlueNav est spécialisée dans la motorisation électrique des bateaux par hybridation douce. Basée à Bordeaux, cette jeune société de trente salariés, en pleine croissance, coopérait déjà avec l’opérateur Keolis pour équiper les navettes fluviales de cette ville (« Batcub ») et avec Orion Naval engineering, le cabinet d’architecture navale associé au projet. « Nous avons choisi de répondre en groupement, en associant la métropole et le Grand port maritime de Bordeaux, l'opérateur de transports publics Keolis. La présence de ces acteurs représente, pour nous, un signe fort pour assurer une « piste d’héritage » au BlueBoat », explique Hervé Frouin.
Selon l’ingénieur, le « BlueBoat », mini ferry 100 % électrique, est autant une innovation sociale que technique. Long de 12 mètres avec une capacité d’accueil de 12 personnes et une autonomie de 12 heures, le passeur aura comme mission de faire traverser fleuves et plans d’eau aux piétons et à leurs deux roues ou tous autres modes de transports légers. « Les mobilités douces et lentes se développent vite, mais les ponts sont souvent éloignés pour elles. Il devient de plus en plus nécessaire de trouver d’autres solutions pour passer d’une rive à l’autre ».
Un catamaran ultra maniable
Sur le plan technique, plusieurs innovations caractérisent « BlueBoat », notamment l’agencement de la motorisation et son automatisation.
« Petit » catamaran amphidrome, il sera équipé de quatre moteurs électriques diagonaux, des « BlueSpin », ayant une poussée et une capacité giratoire à 360 degrés pour permettre une maniabilité optimale. Pour le pilotage, l’ordinateur de bord fonctionnera grâce à un système de radars, de caméras et de lidar (télédétection émettrice d’impulsions de lumière infrarouge). Pour assurer la sécurité, le logiciel fournira une gamme complète de détecteurs.
L’automatisation sera conçue par étape à partir du procédé du « What if », c’est-à-dire « qu’est ce qu’il doit se passer si… ? ». « Par un système d’auto-apprentissage, l’ordinateur, d'abord guidé par un pilote professionnel, élaborera petit à petit son autonomie complète. Le pilote automatisé pourra faire face à un grand nombre de situations et il continuera à apprendre tout au long de sa vie », détaille l’informaticien. Un procédé qui sera entraîné pendant six mois avant la mise en service.
Transport à la demande
Autre partie innovante : le transport à la demande. Un système de billetterie digitale sur applications smartphone, ou sur place avec un bouton d’appel, offrira une grande souplesse d’utilisation, « sur le principe de l’ascenseur », illustre l’ingénieur.
Ce reponsable ajoute : « Nous souhaitons un abord simple et rassurant. Il est nécessaire qu’un bateau automatisé inspire confiance, pour cela nous travaillons avec des équipes spécialisées en sciences humaines. Une équipe d’intervention rapide sera disponible en permanence et connectée notamment à l'aide de ses caméras ».
Le bateau fonctionnera pendant les Jeux Olympiques 2024 à Bordeaux. « Le contexte festif permettra d’attiser une certaine curiosité », complète Hervé Frouin qui ne souhaite pas communiquer sur le coût du projet.
Pour la commercialisation du « BlueBoat », le consortium bordelais représente déjà une première assurance. Hervé Frouin confirme l'intérêt de nombreuses villes en France et à l’international. Les premières navigations sont prévues lieu en janvier 2024, le public pourra embarquer en juillet.