Le projet WEVA (abréviation de Waterstof Elektrisch Vrachtschip Antonie) rassemble un grand nombre de partenaires pour parvenir à construire un bateau fluvial propulsé à 100% à l'hydrogène pour une navigation « zéro » émission sur le réseau fluvial des Pays-Bas. Il a été lancé en 2019 (voir article de NPI).
Certificat provisoire. Le projet vient d’entrer dans sa dernière ligne droite cet automne à l’issue d’une série d’essais techniques et d’une inspection du Lloyd’s Register qui a délivré le 23 octobre 2023 un certificat provisoire à l’automoteur Antonie.
Parmi les partenaires du projet, le propriétaire du bateau Lenten Scheepvaart BV, armement néerlandais, dont Harm Lenten est la quatrième génération à naviguer. Le nouveau Antonie est en fait le troisième bateau portant ce nom, en souvenir du prénom de son père.
Diesel-électrique pour le moment. Le chantier naval Concordia Damen est un autre partenaire du projet et précise que si « la pile à combustible est déjà installée à bord, les conteneurs d’hydrogène ne le sont pas encore et devraient arriver d’ici la fin de l’année ». C’est la pile à combustible (puissance 400 kW) qui convertit l’hydrogène en électricité.
Autrement dit, pour le moment, Antonie est un bateau diesel-électrique, avec un générateur « qui ne sera plus utilisé » quand les installations pour utiliser l’hydrogène seront finalisées. La puissance de la batterie est de 1 000 kWh, l’autonomie atteint 9 heures.
10 millions d’euros. Le coût de cet automoteur atteint un total d’environ 10 millions d’euros. Une subvention de 4 millions d’euros a été accordée par le ministère des infrastructures du gouvernement néerlandais qui a tenu à soutenir ce projet qui est un démonstrateur de bateau fluvial « zéro » émission.
Un chargeur industriel. D’une longueur de 135 mètres et d’une capacité de 3850 tonnes, Antonie va transporter du sel depuis Delfzjil, dans le Nord des Pays-Bas, jusqu’à Rotterdam où est située l’usine d’un groupe spécialisé dans la chimie (Nobian). Celui-ci transforme le sel en chlore-alcali et, à l’issue du processus, il reste de l’hydrogène « de manière résiduelle ».
Economie circulaire. La boucle d’économie circulaire est ainsi bouclée, l’hydrogène qui va approvisionner Antonie sera fourni par cet industriel qui le produit à partir d'électricité « verte ». Une station de ravitaillement en hydrogène a d’ailleurs été construite à Delfzijl, là aussi avec une subvention du gouvernement néerlandais.
Concordia Damen et Lenten Scheepvaart estiment qu’avec « trois conteneurs d’hydrogène à bord, l’automoteur disposera de suffisamment d’énergie pour un transport entièrement zéro émission aller-retour Delfzijl-Rotterdam-Delfzijl ». La consommation serait pour ce trajet d’1,2 tonne d’hydrogène avec une pression à 300 bar. C’est un voyage que fait déjà régulièrement l’armement mais avec une autre unité jusqu'à présent.
2050 et le « zéro émission ». « Avec Antonie, nous souhaitons montrer qu'il est techniquement et économiquement viable d'équiper un bateau de navigation intérieure d'un système de propulsion hydrogène-électrique. Nous visons aussi à démontrer la faisabilité d’une nouvelle méthode de ravitaillement et de stockage de l’hydrogène. La navigation intérieure à zéro émission, tel est l’objectif », indiquent les partenaires de WEVA. Un objectif qui apparaît en ligne avec les ambitions fixées au niveau national par les Pays-Bas et l’Union européenne d’ici 2050.
Antonie constitue un autre démonstrateur de bateau fluvial conçu en construction neuve pour fonctionner à l’hydrogène après le Zulu 6 du groupe Sogestran. Le Maas renommé H2Barge1 de Future Proof of Shipping était, lui, déjà construit et a été converti pour utiliser de l’hydrogène.
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