A petits pas, le transport fluvial fait son retour sur les canaux toulousains. Tout au long du mois d’octobre 2021, deux jours par semaine, une expérimentation d’acheminement de colis sur les canaux de Garonne et du Midi a été menée entre la périphérie de Toulouse et son centre.
Le 20 octobre, la démonstration a été réalisée en présence des équipes de VNF et de Cécile Dufraisse, nouvelle élue en charge des fleuves et canaux à Toulouse Métropole.
La cargaison est éthique et «verte » : des caisses de champignons cultivés dans les sous-sols du Min de Toulouse, des bocaux de verre destinés à des plats à emporter, du compost à destination de fleuristes…
Stockées d’abord dans un conteneur sur les quais de Midinet, site de Lalande, les caisses sont embarquées à 6 h du matin sur un bateau de travaux fluviaux de la société Eseac, direction les ports de l’Embouchure et de Saint-Sauveur. Après deux heures de trajet, les caisses sont débarquées et chargées sur des vélos-cargo pour être livrées au centre-ville.
Pour les voyages retours, des collectes de cartons, papiers, matériels de bureaux et des bio-déchets issus de restaurants et de cantines atteindront le même conteneur.
Ces expérimentations permettent d’éprouver les conditions techniques d’une logistique dédiée à un secteur en plein essor dans les centres urbains.
Mutualisation et flux aller-retour
Les instigateurs, trois entreprises de l’économie sociale et solidaire, partagent les mêmes objectifs de mutualisation.
« Nous testons principalement les modalités techniques, comme la synchronisation des voyages, en vue de créer un modèle économique. Nous réalisons aujourd’hui entre 150 et 200 livraisons par jour. Le fluvial pourrait concerner un quart de ces livraisons et la moitié rapidement », explique Valentin Monteil pour Applicolis, spécialisé dans le « course à course ». Exportée dans d’autres villes, l’entreprise a vocation à devenir une société coopérative (SCIC). Localement, leur projet est de partager des quais et des bâtiments.
Même engouement pour Paul Chevallier, des Alchimistes, dont les collectes de bio-déchets explosent en ville : « Nous voulons développer un réseau d’entreprises et mettre en commun des outils de communication et des infrastructures ».
La jeune pousse toulousaine Bocal en Boucle, émanation d’Etic Emballage, fait partie de l’aventure.
L’économie circulaire montre l’exemple
Cette expérimentation d’un mois démontre la capacité du secteur de l’économie circulaire à s’organiser et à innover. Elle bénéficie d’un soutien dans le cadre du plan d’aide au report modal de VNF sur le secteur Sud-Ouest. Le gestionnaire de la voie d’eau poursuit ainsi son pari toulousain.
« Il y a une réelle cohérence à mettre ce type de marchandises sur l’eau, explique Ghislain Frambourt, directeur adjoint de VNF Toulouse, une barge de 40 tonnes ce n’est pas seulement l’équivalent de deux camions de 20 tonnes mais d’une multitude de petites camionnettes ».
La zone à faibles émissions-mobilités est programmée à Toulouse pour 2023. A ce titre, les entreprises à l’œuvre des futurs grands travaux du centre-ville sont aussi attendues sur l’utilisation des canaux.
VNF espère un effet d’entraînement. « Après les bilans technique et financier du test, nous devrons réfléchir à quels types de bateaux et quels besoins en infrastructure » commente Astrid Levern, chargée de communication chez VNF.
Ce test sera relié à l’appel à manifestation d’intérêt pour les quais de Lalande qui court jusqu’à fin octobre. « Ces quais appartiennent à VNF mais rien n’est décidé concernant la forme que prendront les futures occupations », ajoute Astrid Levern.