A Lyon, le 18 mai 2022, le bateau Le Tourville a débarqué du vin, du fromage, et du matériel BTP sur plusieurs quais de la ville. Objectif de l’expérimentation : montrer qu’il est possible de mettre en place, rapidement, une logistique fluviale dans la métropole lyonnaise.
Parti à 5 h le 18 mai 2022 du port de Villefranche-sur-Saône, le bateau Le Tourville est arrivé à 9 h au quai Arloing, dans le 9è arrondissement de Lyon. A son bord : 30 kg de fromage, 57 cartons pour 342 bouteilles de Beaujolais et 50 tonnes de produits de BTP pour une expérimentation de logistique urbaine. « La question de voir s’il était possible de transporter des palettes était posée », indique Mathieu Gleizes, délégué général de Medlink Ports. Une preuve par l’exemple faite avec la livraison de plusieurs dizaines d’entre elles en ville.Déchargés grâce à une grue sur les quais Arloing puis Fulchiron, ces produits ont été acheminés par vélos-cargo et camionnettes électriques jusqu’à plusieurs commerces afin d’avoir une logistique du dernier kilomètre sans émission de CO2. Puis, 50 tonnes de produits BTP de l’entreprise Plattard, habituée du transport fluvial, ont été livrées au port Edouard-Herriot. « A la base, la société nous a demandé s’il y avait de la place pour 1700 palettes, sourit Florent Dupré, directeur du port de Villefranche-sur-Saône. On a dû leur rappeler qu’il s’agissait d’une expérimentation ». Capable de transporter jusqu’à 800 tonnes, Le Tourville n’a pas été rempli au maximum, loin de là. L’idée de l’exercice : montrer que cette logistique est possible et qu’elle peut être rapidement mise en place.
Un projet rondement mené
Dans cette initiative, le directeur du port de Villefranche a été « l’étincelle » qui a proposé le projet aux différents partenaires. Puis, les choses sont allées assez vite. En quatre mois, l’action a rassemblé les Vins Descombes, l’inter Beaujolais et la chambre d’agriculture du Rhône. Côté transport, il a mobilisé l’opérateur fluvial Desigaud, les entreprises BFT, Urby et Becycle pour la livraison du dernier kilomètre.« Dans un contexte où il faut renforcer l’autonomie alimentaire de la métropole de Lyon, il se pose la question de l’entrée dans celle-ci. Dans ce cadre, le transport fluvial a toute sa place, commente Fabien Michel, directeur commercial chez Eiffage, également partenaire de l’action. Sur des courtes distances, il peut résoudre les problèmes de congestion et répondre aux nouvelles réglementations liées à la mise en place de la zone à faibles émissions » (ZFE). Pleinement chargé, Le Tourville peut transporter l’équivalent de 28 camions. De quoi donner des idées aux entreprises.
Des aménagements à la marge
Grâce à cette expérimentation, les partenaires montrent que le transport fluvial peut revenir dans le centre de la métropole sans d’importants travaux. Florent Dupré évoque des aménagements, à la marge, pour permettre aux vélos-cargo, assez lourds, d’arriver plus facilement sur les quais. Ces derniers peuvent transporter jusqu’à 120 kg de marchandises. Pour lui : « Il n’y a pas besoin d’investir des millions. L’idée, aujourd’hui, était de dire : on est prêt, on sait le faire et c’est faisable ».Pour cette expérimentation, VNF a apporté son soutien technique et opérationnel. L’établissement a mis à disposition les quais Fuchiron et Arloing. A terme, il faudra des autorisations des collectivités en place pour permettre un développement d’autres quais. Il reste donc à convaincre les élus. « Cependant, cette expérience montre que nous n’avons pas non plus besoin de beaucoup de quais », souligne Florent Dupré.Il faut aussi imaginer cette nouvelle logistique urbaine à plus long terme. « Qu’est-ce qu’on construit derrière ? Est-ce qu’on met en place un service régulier ? Comment on peaufine le tout pour être efficace économiquement ? », s’interroge le directeur. En tout cas, il l’assure : la demande des entreprises est là. Il n’y a plus qu’à mettre en place ce service.D’ici là, la ville de Lyon, installée entre deux fleuves, verra un autre service de logistique fluviale se mettre en place côté Rhône, avec la société ULS qui a remporté en 2021 l'appel à projets de VNF et CNR (voir article de NPI). Déjà installée à Strasbourg, ULS doit lancer officiellement son dispositif, situé de l’autre côté de la presqu’île, le 29 juin.