L’entreprise EcoFluv a été fondée en 2021 par Dario Malcuit, artisan-batelier naviguant sur le Rhône depuis 1984, qui a souhaité se lancer dans un nouveau projet de bateau innovant pour du transport fluvial urbain. Son entreprise va exploiter l’unité dessinée et conçue spécialement pour la ville de Lyon. Cette collectivité, tout comme la métropole, ayant instauré depuis avril 2020 une « zone à faibles émissions » (ZFE), un bateau « zéro émission » allié à des vélos-cargo ou des VUL « décarbonés » peut constituer une solution de substitution aux véhicules routiers qui ne peuvent plus accéder aussi aisément au centre-ville.
Créer un plus pour le transport fluvial. Dario Malcuit est intervenu lors d’une table-ronde du salon Riverdating le 12 décembre 2023 : « L’idée, c’est le zéro carbone, ne plus polluer, créer un plus pour améliorer le transport fluvial. L’idée est aussi de trouver un équilibre économique avec le bateau. Après ? Dupliquer ? Pourquoi pas ? Il faut aimer le fluvial pour le développer ». Il a présenté les différentes innovations du bateau EcoFluv.
Bateau et entrepôt. D’une longueur de 27 mètres pour une largeur de 7,50 m, EcoFluv est un bateau conçu comme un entrepôt mobile par l’installation d’une zone couverte pour accueillir les marchandises avec une hauteur de hangar de 2,40 m et une zone de cargaison de 150 m2.
Il rappelle un peu l’aspect d’un autre bateau-entrepôt fluvial existant (Fludis) et opérant sur l’axe Seine.
Manutention en autonomie. Le bateau dispose à bord de plusieurs équipements qui permettent une manutention lors des opérations de chargements et déchargements sans avoir besoin de faire appel à des engins à quai :
- un bras de chargement de 1,2 t à 12 m (un équipement que l’on trouve sur les bateaux-ponton de type Zulu, dont le numéro 5 est d'ailleurs opérationnel à Lyon),
- un chariot-élévateur de 1,5 t,
- des rampes d’accès aux quais ou « passerelles automatisées » situées à bâbord et à tribord qui peuvent s’ajuster à une variation d’hauteur de quai variant de -30° à +30°. Elles peuvent supporter une charge de 6 t, accueillir des véhicules (jusqu’à 2 m de largeur, avec un PTAC inférieur à 6t) dont le chariot-élévateur ou des deux roues. Elles fonctionnent à l’électricité.
Ces rampes permettent de charger/décharger les colis sur des quais en pente ou situés plus haut ou plus bas que le pont du bateau, de récupérer les déchets des bateaux équipés d’une trappe dans la cale pour sortir leur poubelle.
Divers types de colis et de marchandises. La capacité d’emport d’EcoFluv atteint 143 tonnes qui peuvent être composées de divers types de colis : palettes (jusqu’à 99), rolls, big bags, véhicules…
Il s’agit de proposer le transport et la livraison à quai de :
- tous les types de marchandises à destination d’entreprises, de cafés, bars, hôtels, restaurants, magasins alimentaires, commerces de proximités…
- tous les types de colis pour les professionnels comme pour les particuliers.
Les filières attendues vont des matériaux de constructions, à l’ameublement, aux voitures, à l’électroménager, aux vêtements, aux charpentes (jusqu’à 18 m de longueur), aux cosmétiques, aux produits médicaux et pharmaceutiques.
Services aux autres bateaux. EcoFluv prévoit de proposer la solution de livraison aux autres bateaux fluviaux qu’ils soient de passage ou stationnant régulièrement avec des activités de fret ou de tourisme/passagers ou de plaisance, ou de bar, de restauration, d’événementielle, sans oublier les péniches servant d'habitation.
EcoFluv va leur proposer également d’autres services : récupération des déchets, boues et eaux usées. Il est en effet équipé d’un système de récupération des eaux usées (capacité de pompage de 86 m3 d’eau noire) et d’une cuve ADBlue (livraison de 7m3). Comme il est prévu que le bateau fasse plusieurs tournées par jour (4 à 6), ces volumes peuvent être multipliées d’autant.
« Zéro émission ». EcoFluv relève aussi le défi du « zéro émission » avec une propulsion électrique sur batteries alimentant les moteurs (2x125 kw) pour la navigation (autonomie de 6h) et les équipements de manutention. Il y a toutefois du diesel également à bord, comme l’exige la réglementation actuelle.
Des panneaux solaires disposés sur le toit du « hangar » fournissent une énergie qui alimente les services embarqués et les services auxiliaires à bord.
35 points d’accostage définis. Il est prévu que le bateau réalise un itinéraire au départ du port de Lyon Edouard Herriot et desservant 35 « points d’accostage » le long du Rhône et de la Saône jusqu’à Villefranche-sur-Saône. Il est annoncé un temps de chargement/déchargement de 30 mn, 6 rotations par jours, 365 jours par an « sauf intempéries ».
A chaque quai, des vélos-cargo, VUL électriques, triporteurs… prendront en charge les marchandises pour la livraison au client final sur les derniers kilomètres routiers. Et la boucle d’une logistique urbaine durable, « décarbonée » est bouclée.