En Wallonie, sur la Meuse, les travaux de mise à grand gabarit du site éclusier d’Ampsin-Neuville ont démarré il y a cinq ans en 2018 (voir article de NPI).
Le chantier se déroule en deux étapes afin de permettre le passage des bateaux par l’une des deux écluses qui reste disponible pendant les travaux pour l’autre.
Ampsin-Neuville est le troisième site éclusier le plus important de Wallonie en termes de marchandises transportées. Le maintien de la navigation avec une écluse a permis le passage de 8,38 millions de tonnes de marchandises en 2021 et de 7,7 millions de tonnes de marchandises en 2022.
C’est un chantier important pour l’amélioration du réseau fluvial wallon. Ampsin-Neuville est situé sur la Meuse et « constitue le dernier goulet d’étranglement présent sur cette voie navigable reliant Namur aux ports maritimes d’Anvers et du nord de l’Europe », rappelle la Sofico. Cela signifie qu’il est le seul à ne pas être à « grand gabarit » alors qu’en aval et en amont Namur ou Ivoz-Ramet le sont.
Quelle était la situation du site avant le début des travaux en 2018 ?
Depuis 1958, le site comprenait deux écluses :
- une de « gabarit moyen » (136x16 mètres) pour une capacité adaptée à des bateaux de 2000 tonnes.
- une de « petit gabarit » (55x7,5 mètres) pour une capacité adaptée à des bateaux de 600 tonnes.
Ces deux écluses présentaient des dimensions inférieures à celles des sites amont et aval.
La décision a donc été prise de les remplacer par deux nouvelles écluses « grand gabarit » avec une longueur identique (225 mètres) mais des largeurs différentes (12,5 mètres pour l’une et 25 mètres pour l’autre). L’objectif étant de « réduire les temps d’attente des bateliers et permettre le passage de bateaux de plus grands gabarits ».
Une première phase de travaux de 2018 à janvier 2022
La première phase de travaux à partir de 2018 a eu pour objectif le remplacement de l’écluse de 55x7,5 mètres par une écluse de 225x12,5 mètres (capacité de 4 500 tonnes).
Il a d’abord fallu démolir l’écluse de 55x7,5 mètres (à partir d’août 2018) puis ont débuté les premières opérations de construction du nouvel ouvrage en mars 2019. Parmi les phases marquantes suivantes : pose des portes en janvier 2021, mise en service du nouveau poste de commande et début de la phase probatoire (essais) en novembre 2021.
Cette première écluse a été mise en service officiellement le 18 janvier 2022. Son franchissement s’effectue en une vingtaine de minutes (vidange ou remplissage du sas + fermeture et ouverture des portes).
Ces travaux illustrent le défi que représente un chantier fluvial :
- La démolition de l’ancienne écluse et la construction de la nouvelle nécessitaient une période de plus de deux ans et chevauchaient nécessairement deux hivers, période pendant laquelle le risque de crue est le plus élevé et durant laquelle il est donc impératif d’éviter la présence d’obstacle à l’écoulement du fleuve, rappelle la Sofico.
- La réalisation de cette écluse de 4 500 tonnes s’effectuait en partie du côté du fleuve et y nécessitait une emprise par la pose de palplanches afin de mener certaines opérations au sec.
- La nouvelle écluse a dû être construite sur une île entre le fleuve et une écluse maintenue en service. Cette spécificité a nécessité la construction d’un pont provisoire permettant l’accès à la zone de chantier.
Une deuxième phase de travaux de janvier 2022 à fin 2023
La deuxième étape des travaux a été lancée dans la foulée de l'achèvement de la précédente. Depuis janvier 2022, a commencé la réalisation de la deuxième écluse de grand gabarit (225x25 mètres, capacité de 9 000 tonnes) pour remplacer celle de 136x16 mètres.
Comme pour la précédente, il a d’abord fallu démolir l’ancienne écluse de 136x16 mètres (janvier à juin 2022). Depuis juin 2022, la réalisation des bétons de l’infrastructures a débuté et dure jusqu’en juillet 2023.
A la mi-mai 2023, est prévu le placement des portes amont et aval puis en novembre la mise sous eau de l’écluse suivie de la phase d’essais à partir de décembre. L’ouverture officielle à la navigation est programmée au cours du premier trimestre 2024.
Quel est le coût total des travaux ?
La Sofico est le maître d’ouvrage de ces travaux d’un montant total d’environ 138 millions d’euros HTVA, qu’elle finance :
- avec l’aide d’un prêt remboursable octroyé par la BEI (à concurrence au maximum de la moitié de l’investissement et plafonné à 88 millions d’euros),
- avec une subvention octroyée par la Commission européenne dans le cadre du Mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE/CEF Connecting Europe Facility) (à concurrence de maximum 30 % de l’investissement et plafonné à 50 millions d’euros).
Le SPW Mobilité et Infrastructures est le maître d’œuvre des travaux et apporte une assistance technique à la Sofico.
Les ouvrages ont été conçus par le bureau d’études Greisch en association momentanée avec Tractebel Engineering. L’entreprise Duchene réalise les travaux de génie civil de ce chantier et Besix Unictec l’électromécanique.
