Plutôt centrée sur la navigation intérieure, la journée du transport fluvial et de l’intermodalité en Wallonie, le 7 décembre 2021, s’est aussi intéressée à l’autre mode massifié avec une intervention de Benoît Gilson, directeur général d’Infrabel, gestionnaire du réseau ferroviaire belge.
« L’infrastructure ferroviaire est un facteur de compétitivité pour l’économie en général, affirme-t-il. Certains secteurs comme la logistique, la chimie, l’automobile, la sidérurgie ou les carrières sont très dépendants du rail pour leur compétitivité, qui décline si ce mode de transport perd en performance ». Les chiffres mis en avant par Benoît Gilson parlent d’eux même : pour chaque euro apporté par le gouvernement national à Infrabel, l’entreprise publique contribue à hauteur de 2,83 € sur le PIB de la Belgique.
Un trafic orienté vers les ports maritimes
Neuf opérateurs sont actifs sur le fret ferroviaire en Belgique, dont Lineas, la filiale fret de la compagnie nationale SNCB, ainsi que des opérateurs privés comme Europorte, ou encore les entreprises publiques des pays voisins comme Fret SNCF et Deutsche Bahn. En 2020, Infrabel offre 153 711 sillons par an, pour 59 Mt de marchandises transportées par le rail. « L’activité marchandises est fortement orientée vers les ports maritimes, qui captent une grande partie du trafic. Cependant, cela ne favorise pas seulement la Flandre mais aussi la Wallonie car les flux traversent les deux régions, ce que les acteurs économiques comme le gouvernement fédéral ont bien compris », souligne Benoît Gilson.
Parmi les ports maritimes, Anvers se taille naturellement la part du lion avec 39 982 trains de fret pour 22 Mt de cargaison en 2020. Gand tire son épingle du jeu avec 12 054 trains pour 6,1 Mt. Zeebruges arrive en troisième position avec 9 874 trains pour 4,5 Mt de marchandises.
L’ambition d’Infrabel est de doubler la part modale du rail dans le trafic terrestre du port d’Anvers, en la portant de 7 % à 15 % d’ici 2030. Même en atteignant cet objectif, le port scaldien serait encore loin des parts modales ferroviaires constatées à Bremerhaven (47 %), Hambourg (42 %) ou même Dunkerque (31 %), des concurrents qu’Anvers devance largement, il est vrai, en ce qui concerne la part modale du fluvial.
Faire de la Belgique la porte d’entrée ou de sortie de l’Europe
Au total, Infrabel s’est fixé pour objectif d’augmenter de 60 % le tonnage transporté par le rail d’ici 2040. Pour cela, d’importants investissements sont prévus pour améliorer la qualité du service ferroviaire et le niveau de sécurité, mais aussi pour augmenter l’efficacité économique du fer en portant à 740 m la longueur des trains par exemple. L’accès des entreprises au réseau ferroviaire doit aussi être amélioré selon Benoît Gilson : « Commander un sillon est aujourd’hui très compliqué ; cela doit devenir aussi simple que quelques clics sur le web. Le contexte sociétal est favorable au développement du ferroviaire, avec une attente très forte de transports durables ».
Le plan de relance belge prévoit 250 M€ d’investissements sur le réseau ferroviaire en trois ans, dont 180 M€ spécifiquement pour le transport de marchandises. « C’est la première fois qu’autant d’argent est mobilisé en si peu de temps pour le fret ferroviaire, note Benoît Gilson. Cela nous permettra de faire rouler des trains plus longs, plus lourds et plus rapides, pour rendre plus compétitives les entreprises belges. Notre ambition est que le fret soit le premier choix des industriels à partir de 300 km. La qualité du réseau ferroviaire peut aussi permettre que la Belgique soit la porte d’entrée ou de sortie préférée en Europe, ce qui permet de créer de l’activité logistique ».