A Gambsheim, les plus importantes écluses intérieures françaises, lieu de passage de quelque 20 millions de tonnes annuelles de marchandises sur le Rhin, engagent une phase de rénovation en profondeur pour 30 millions d’euros, jusqu’à début 2026.
La direction territoriale de Strasbourg de Voies navigables de France (VNF) entame le plus gros « morceau » de son plan d’investissement décennal : la régénération des écluses de Gambsheim (Bas-Rhin). Avec son montant de 30,3 millions d’euros, ce chantier constitue en effet un pilier majeur du volet territorial du contrat d’objectifs et de performance (COP) à l’horizon 2030 signé entre VNF et l’Etat en avril 2021. Il bénéficie du soutien de la région Grand Est pour 2 millions d’euros et de celui de l’Union européenne : il capte l’essentiel des 8,7 millions d’euros de crédits européens qui ont été accordés en juillet 2020 à l’ensemble des travaux du site éclusier de Gambsheim, reconnu à cette occasion comme l’un des « 140 projets-clés de transport » du Mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE).Les dimensions des deux écluses justifient ces efforts particuliers. Ces ouvrages mis en service en 1974 sont les plus importants de France pour les voies navigables intérieures avec les 270 mètres de longueur des sas, leurs 24 mètres de largeur et leur hauteur de 17 mètres conçue pour gérer une chute d’eau de 10 mètres. « Dernières écluses avant Rotterdam, elles assurent le passage de 20 millions de tonnes de marchandises chaque année et voient transiter 70 bateaux en moyenne chaque jour, principalement pour le fret », poursuit Bastien Dion, responsable d’unité à la DT Strasbourg de VNF.
Navigation garantie
La dernière intervention majeure sur le site remonte à 2016. Celle qui démarre consiste à « résoudre tous les dysfonctionnements mécaniques et structurels liés au vieillissement, afin d’augmenter la durée de vie de trente ans », résume VNF. Les joints d’étanchéité sont vérifiés les uns après les autres et selon les besoins, des nouveaux en néoprène de dernière génération seront posés. La porte aval sera rénovée au moyen de diverses interventions que rend possible l’installation de batardeaux flottants qui l’isoleront du réseau hydraulique. La dépose de la porte amont mobilisera quatre grues dont une géante de 750 tonnes, etc.Les travaux sont divisés en deux lots principaux, l’un de génie civil attribué à l’entreprise de construction Demathieu Bard, l’autre de mécanique, pour Endel. Ils concerneront à chaque instant l’un des deux sas, laissant l’autre libre, si bien que la navigation ne sera jamais interrompue. « Tout au plus, peut-on s’attendre à des temps d’attente supplémentaires en période de pointe », souligne Bastien Dion. Depuis avril et jusqu’à juin 2022, le sas Est est entièrement vidangé, ce qui est mis à profit par exemple pour remplacer les câbles de levage des portes ainsi que leurs galets de calage. A partir d’octobre, le sas Ouest sera rénové pour 18 mois. Une période de six mois suivra pour la vérification de l’efficacité des travaux avant que les opérations se déplacent vers le sas Est, pour 18 mois à nouveau. Le calendrier aboutit ainsi à une fin de chantier en avril 2026.
Le Caring en attente
Les crédits européens, du fonds Connecting Europe Facility (CEF), porteront aussi sur l’amélioration de la navigabilité par rétablissement de l’écoulement sédimentaire en amont et aval des écluses, ainsi que sur la construction du nouveau bâtiment du Caring : le Centre d’alertes rhénan d’informations nautiques de Gambsheim est hébergé sur place pour assurer son rôle de superviseur de la navigation sur toute la rive française du Rhin. Les appels d’offres « sont en préparation », selon VNF, pour ce projet dont le calendrier de réalisation n’est pas encore arrêté.