Troisième plan Rhône-Saône : les éléments pour le transport fluvial

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Le fleuve Rhône à Lyon.

Crédit photo Clotilde Martin
Le Plan Rhône-Saône est une stratégie globale pour le développement durable de l’axe Sud et sa mise en place résulte du traumatisme des inondations de 2002 et 2003 du fleuve Rhône. Un troisième Plan, adossé comme les précédents à un CPIER Rhône-Saône, a été signé à l’automne 2023. Quels sont les éléments à retenir pour le transport fluvial ?

A l’origine, les inondations de 2002 et 2003. Le « Plan Rhône » est une stratégie initiée en 2005 et courant jusqu’en 2025 mise en place à la suite des inondations « catastrophiques » du Rhône en 2002 et 2003 et « qui ont rappelé qu’une gestion à l’échelle du fleuve était nécessaire ». Avec les années, son nom a évolué en « Plan Rhône-Saône », la stratégie s’étant étendue à cette rivière, affluent principal du fleuve Rhône.

Construite sur une période allant de 2005 à 2025 avec des mises à jours régulières, la stratégie se veut « interrégionale pour l’aménagement durable des territoires autour du Rhône et de la Saône » et ne se limite pas aux enjeux des risques d’inondation dans la vallée mais comporte plusieurs volets d’actions dont deux intéressent plus particulièrement la filière fluviale :

  • Celui lié aux transports dont l’objectif est de « gérer la demande exponentielle de déplacements dans la vallée du Rhône en assurant un meilleur équilibre et une complémentarité entre les différents modes de transport en favorisant notamment le report modal vers le fluvial ».
  • Celui lié au tourisme dont l’objectif est « d’assurer à partir du fleuve et de ses berges le développement d’un tourisme de qualité exploitant au mieux les potentialités des espaces naturels et du patrimoine historique et culturel ».

Un grand nombre d’acteurs rassemblés. Le traumatisme des inondations du Rhône en 2002 et 2003 a entraîné une dynamique entre des acteurs très divers liés par le fleuve et l’instauration d’une gouvernance de long terme.

Le plan Rhône-Saône fédère ainsi un grand nombre d’intervenants autour du et sur le fleuve Rhône et la rivière Saône : l’Etat (représenté par la préfète coordinatrice de l’axe Rhône-Saône) et ses différentes administrations dans leurs déclinaisons territoriales (DREAL…), les régions concernées (Occitanie, PACA, Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche Comté), les établissements et opérateurs publics de l’Etat (Voies navigables de France et plus particulièrement la direction Rhône-Saône, les Agences de l’eau), des entreprises (Compagnie nationale du Rhône, EDF), ou encore le comité de bassin Rhône-Saône-Méditerranée.

Trois plans. Au cours des décennies, ce sont plusieurs plans qui ont été élaborés et paraphés par les partenaires, adossés à autant de CPIER (contrat de plan interrégional Etat-régions) successifs constituant la partie financement.

  • Le premier a été signé en 2007 pour 5 ans,
  • le deuxième en octobre 2015 pour la période 2015 à 2020 (pour un investissement global estimé à 850 millions d'euros).
  • Le troisième pour les années 2021 à 2027 a été paraphé en septembre 2023. Le document est disponible sur le site internet dédié au Plan Rhône-Saône.

Le CPIER « permet d'accompagner la mise en œuvre du Plan Rhône-Saône sans être exclusif d’autres actions et financements à l’initiative des partenaires sur la période contractualisée, et au-delà ».

475 millions d’euros. Le nouveau contrat CPIER de la troisième période du Plan Rhône-Saône signé en septembre 2023 par l’ensemble des partenaires « finalise leurs engagements financiers qui s'élèveront à plus de 475 millions d’euros sur la période 2021-2027 ».

Comme lors des deux autres CPIER, des fonds de l’Union européenne vont abonder les sommes prévues : ce sont déjà 32 millions d’euros qui vont s’ajouter aux 475 millions d’euros aux financements apportés par les partenaires.

Les partenaires précisent que « des échanges sont en cours pour un engagement supplémentaire qui pourrait atteindre 175 millions d’euros dédiés au report modal sur l’axe Méditerranée-Rhône-Saône ». Autrement dit, un volet « mobilités » de ce CPIER est en cours de négociation pour un ajout du montant indiqué.

Le transport fluvial « sous-exploité ». Dans le nouveau CPIER, l’une des « orientations » de la programmation concerne « le nécessaire développement du transport fluvial ». Le texte ajoute : « Axe de transit privilégié entre l’Europe du Nord et la Méditerranée, le développement du trafic sur la vallée du Rhône a saturé les infrastructures routières alors que le mode fluvial est sous-exploité. Le transfert modal vers le fleuve est un enjeu écologique et économique, avec de forts potentiels de développement à accompagner ».

La volonté affichée est de « développer le transport fluvial et sa mutation : cohérence et efficacité des aménagements le long de l’axe, amplifier le transport fluvial, améliorer sa compétitivité économique et ses performances environnementales, en cohérence avec la stratégie initiée par les travaux de la délégation interministérielle au développement de l’axe portuaire et logistique Méditerranée-Rhône-Saône ».

Le document signé en septembre 2023 insiste sur l’insertion de l’orientation concernant le transport fluvial qui se décline en défis, axes de travail et liste d’actions dans les travaux menés sur l’axe Rhône-Saône-Méditerranée par cette délégation qui a agi entre les années 2019 et 2021 puis par le Conseil de coordination interportuaire et logistique (CCIL) de l'axe Méditerranée-Rhône-Saône depuis le courant de l’année 2022 et qui s’est réuni à deux reprises en 2023.

Des défis. Développer le transport fluvial sur l’axe Rhône-Saône est qualifié de « défi » dans le document qui fixe des objectifs chiffrés :

  • Augmenter de 25% le tonnage du transport fluvial dans les échanges le long de l’axe Rhône-Saône à l’horizon 2027 ;
  • Améliorer la performance multimodale des ports en augmentant les transbordements portuaires de 25% vers chaque mode massifié ;
  • Verdir de 30% la flotte captive du bassin Rhône-Saône ;
  • Une meilleure compétitivité du transport fluvial de marchandises exprimée en termes de prix, de fiabilité et de qualité de service logistique.

Trois axes de travail. La mise en place d’un « transport fluvial performant et écologique » se décline autour de 3 axes :

  • En développant le fluvial et améliorant l’ancrage territorial et socio-économique des ports, par la promotion, la prospective, les innovations et les expérimentations, la formation, la stratégie foncière, la gouvernance, l’évaluation… ;
  • En modernisant les infrastructures fluviale et multimodales, y compris les interfaces mer/fleuve dans les ports maritimes et fer/fleuve dans les ports intérieurs pour renforcer la performance des ports et l’attractivité de la filière (ouvrages, infrastructures, capacités de stationnement, plateformes portuaires, réparation navale et déchirage) ;
  • En accompagnant la transition énergétique, écologique et numérique du transport fluvial et des ports, flotte et outillages, technologies numériques, services à terre, qualité de l’air et avitaillement en énergie alternative.

16 actions. Ces trois axes se déclinent en 16 actions dont voici quelques exemples :

  • Accompagner le développement de l’économie circulaire et soutenir les innovations de logistique fluviale dans le cadre de démonstrateurs et d’appels à projets ;
  • Moderniser les écluses/barrages de la grande Saône (notamment par des travaux sur les ouvrages de Charnay, Pagny, Dracé, Couzon), mettre en sécurité les écluses du Rhône (études) et faire évoluer le système d’éclairage ;
  • Moderniser les infrastructures linéaires et assurer la restauration et le développement du canal du Rhône à Sète (y compris gestion sédimentaire et confortement des berges). C’est dans ce cadre que 60 millions d’euros sur la période 2021-2027 sont fléchés vers ce canal ;
  • Augmenter les capacités de stationnement le long de la Saône et du Rhône (poursuite du programme des postes de stationnement, restauration de la façade fluviale de Port Saint- Louis) et enrichir l’offre de services à terre ;
  • Soutenir la conception, la construction, l’acquisition de nouveaux bateaux plus performants et accompagner le verdissement des motorisations (systèmes de dépollution, développement des énergies renouvelables) pour la navigation et les équipements portuaires (notamment dans le cadre des dispositifs d’aides notifiés PAMI et PARM) ;
  • Développer le réseau de services dans les ports et le long de la Saône et du Rhône, avitaillement en électricité, eau, collecte des déchets, recyclage.

Des actions déjà accomplies ou en cours. Même si le document a été paraphé par les partenaires en septembre 2023, certaines actions ont été engagées en amont de cette signature, par exemple :

  • Sur et autour du canal du Rhône à Sète, le lancement d’une étude relative au développement du tourisme et des loisirs,
  • Des travaux de rehaussement des sites industrialo-portuaire de Beaucaire et de Tarascon,
  • A Mâcon, le développement du ferroutage avec la création d’un arrêt de l’autoroute ferroviaire Calais-Le Boulou au port, aménagement d’une zone de manutention de conteneurs dans le cadre du développement des activités multimodales,
  • A Chalon-sur-Saône, la création de 1500 m de voie ferrée pour la manœuvre des trains de 750 m permettant la desserte du port par l’autoroute ferroviaire, une extension de 1500 m du terminal pour le stockage des marchandises, la réalisation d’une installation de traitement thermique de grumes de bois à l’export, d’une aire de stockage sécurisée pour le transport de matières dangereuses,
  • La construction d'un bateau école pour le lycée des Catalins permettant de former les futurs navigants et dont la mise en service est prévue pour la rentrée scolaire 2024.

Les partenaires ont annoncé qu’une réflexion a été lancée pour réfléchir à un Plan Rhône-Saône pour l’après 2025, date d’échéance de la stratégie élaborée en 2005 et mise à jour régulièrement depuis.

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