La sécheresse est (re)venue en tête de liste des préoccupations dans la suite d’une publication de Météo France le 21 février 2023, alertant sur une situation « affolante » : « La pluie n’est pas tombée en France depuis le 21 janvier, soit 31 jours consécutifs (20 février inclus), du jamais vu durant un hiver météorologique ».
Cet épisode devient le nouveau record de sécheresse pour des mois d’hiver (le précédent était de 22 jours en 1989), alors que les mois entre septembre et mars sont cruciaux pour la recharge des nappes phréatiques. Là est d’ailleurs la particularité de l’hiver 2022-2023 : il n’a pas été suffisamment humide dans la plupart des régions.
D’autre part, au-delà de la situation exceptionnelle d’absence de pluie entre le 21 janvier et le 20 février 2023, Météo France souligne que « la France subit une sécheresse météorologique préoccupante (…) depuis août 2021, tous les mois sont déficitaires en pluie à l’exception de décembre 2021, juin et septembre 2022 ».
Du côté du gouvernement
Le gouvernement a réagi le 23 février en réunissant un « premier comité d’anticipation et de suivi hydrologique de l’année ».
Le Président de la République a évoqué, le 25 février, lors de sa visite au salon de l’agriculture, la nécessité d’établir un « plan de sobriété sur l’eau ».
Le 27 février, le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires Christophe Béchu a rassemblé les préfets coordinateurs de bassin pour évoquer ce sujet de « la sécheresse hivernale inédite en France », les appelant à prendre des arrêtés de restriction d’eau « dès maintenant » pour anticiper d’éventuelles situations de crise pendant l’été.
Une mobilisation en février qui peut surprendre alors même qu’en janvier, la publication du plan de gestion de l’eau du gouvernement a été repoussée de plusieurs semaines. Un plan qui s’inscrivait dans la foulée d’un été très chaud et très sec, le gouvernement ayant lancé en septembre 2022 « un exercice de planification pour accélérer la mise en œuvre d’actions concrètes et quantifiables pour une gestion de l’eau plus résiliente et plus sobre. Cette accélération est nécessaire pour adapter la gestion de l’eau au changement climatique actuel et à venir, et atteindre l’objectif de baisse de prélèvements de 10 % d’ici 2025 et de 25 % d’ici 2035 ».
Du côté de VNF
Dans l’une de ses communications sur le thème de la sécheresse, le ministère de la transition écologique relève que « de nombreux acteurs sont impliqués dans la surveillance des ressources en eau » citant Météo-France, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), l’Office français de la biodiversité (OFB) mais aussi Voies navigables de France (VNF).
Un exemple des missions de cet établissement en matière de gestion de la ressource en eau est venu de la direction territoriale Sud-Ouest (DT SO) de cet établissement le 24 février 2023 en ce qui concerne un ouvrage fluvial exceptionnel, le canal du Midi.
« Les derniers mois ont été particulièrement secs sur le bassin Sud-Ouest et les deux barrages-réservoirs gérés par VNF dans la montagne Noire ont un niveau de remplissage de 55 % contre 85 % à la même époque en 2022. C’est pourquoi nous avons décidé de différer au 15 mars 2023 la remise en eau complète de certains biefs du canal du Midi vidangés pour les besoins de travaux de maintenance pendant la période de chômage cet hiver », explique la DT SO. Le chômage a débuté le 2 janvier et courait jusqu’au 24 février (voir article de NPI). Le remplissage auraît dû commencer à partir du 25.
Ce report doit permettre de « reconstituer au maximum les réserves d’eau des bassins-réservoirs du Lampy et de Saint Ferréol. Cette mesure fait économiser environ 400 000 m3 d’eau. Par ailleurs, un remplissage plus progressif permettra également de capter les précipitations éventuelles qui pourraient intervenir dans les prochains jours et représenter ainsi des apports complémentaires significatifs », ajoute la DT.
Préserver l’ensemble des usages de l’eau
Il faut bien comprendre que l’eau servant à l’alimentation hydraulique du canal du Midi provient majoritairement de l’eau des rivières (Aude, Cesse, Hérault), mais aussi des barrages-réservoirs (Lampy, Saint Ferréol, Ganguise).
« Lors d’étiage, quand les prélèvements en eau dans les rivières sont limités par des restrictions prises par les services de l’Etat dans un objectif de préservation de la ressource en eau et de la biodiversité, l’eau dans les barrages-réservoirs est alors plus particulièrement utilisée. L’eau des barrages-réservoirs est libérée de manière progressive et concertée, ce qui permet de maintenir le niveau d’eau dans le canal », poursuit la DT.
Une telle opération a été d’ailleurs été mise en place au cours de l’été et de l’automne 2022 « pour maintenir le niveau d’eau dans le canal du Midi et satisfaire l’ensemble des usages de l’eau ». Parmi ceux-ci, il y a l’irrigation agricole en plus des activités autour de la navigation et autres loisirs.
Au cours de l’été 2022, des mesures spécifiques avaient été mises en place sur le canal du Midi comme le groupage des bateaux pour le passage des écluses à partir du mois de juillet. Cette année, le regroupement des bateaux va être mis en place dès la mi-mars, sachant que 800 m3 d’eau sont utilisés à chaque passage. Moins de passage en rassemblant les bateaux signifie économie d'eau.