Quatre ports intérieurs le long du futur canal Seine-Nord Europe
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Publié le : Dernière Mise à jour : 04.10.2022Par : clotilde martinLecture : 3 min.
Alors que les travaux pour le « rescindement » de l’Oise (c’est-à-dire le déplacement sur 4 km de la rivière Oise pour libérer la place nécessaire au canal Seine-Nord entre Thourotte et Montmacq) ont commencé en septembre 2022, la région avance sur les projets de 4 ports intérieurs prévus le long du canal Seine-Nord Europe.
Concernant le chantier du canal Seine-Nord Europe, après la construction de deux giratoires et de deux quais et le lancement de la réalisation de plusieurs mesures compensatoires, l’un des premiers « grands travaux » a commencé en septembre 2022 portant sur le « rescindement » de l’Oise, c’est-à-dire le déplacement sur 4 km de la rivière Oise pour libérer la place nécessaire au canal entre Thourotte et Montmacq.Le nouveau site Internet de la Société du canal Seine-Nord Europe précise que « le nouveau lit de l’Oise est constitué de 2 parties : 650 m au sud-ouest de Montmacq,2,9 km entre le pont de la voie communale Thourotte-Montmacq et celui de la RD 66 entre Montmacq et Cambronne-lès-Ribécourt ». Autour de cette opération, deux ouvrages sont créés : un déversoir entre le nouveau lit de l’Oise et le futur canal, un siphon pour faire passer le ru du Moulinet sous le futur canal. Trois nouveaux ponts seront construits sur la RD 66 pour passer sur l’Oise rescindée, le canal Seine-Nord Europe et le canal latéral à l’Oise. Les deux ponts actuels sur le canal latéral à l’Oise et l’Oise seront, eux, déconstruits fin 2023. Une nouvelle route est créée à Pimprez, avec un pont permettant la liaison entre la RD 40 et la RD 932, bouclant ainsi la déviation de la zone industrielle de Ribécourt.
« Système nerveux central »
Au cours du mois de septembre 2022, le canal Seine-Nord Europe a été abordé lors de deux événements.Le 27 septembre, lors de la journée de la Fédération Norlink (voir article de NPI), Jérôme Dezobry président du directoire de la société du canal, a précisé qu’au cours des 5 ans écoulés, « un double défi a été relevé. D’abord, celui de l’acceptabilité et de l’acceptation d’un aussi grand projet d’infrastructures. Nous y avons travaillé partout dans les territoires concernés. L’autre défi est d’ordre administratif, en tenant compte que la dernière construction d’un canal en France date de plus de 50 ans et les conditions de réalisation d’aujourd’hui ne sont plus celles d’hier ». Un troisième défi est « technique » avec des ouvrages exceptionnels à construire en plus de creuser le canal en lui-même.A l’occasion de ce « Norlink Day », le préfet de région Georges-François Leclerc a déclaré : « Bientôt, Seine-Nord Europe sera là. Celui qui pense le littoral des Hauts-de-France sans ce canal ne prend pas en compte que c’est le système nerveux central de tout ce que l’on essaie de faire ».
Ecouter et déminer
Quelques jours auparavant, lors de la « rencontre du canal » à Amiens le 15 septembre (voir article de NPI), Frank Dhersin, vice-président du conseil régional, en charge des mobilités, des infrastructures de transport et des ports avait indiqué : « Il ne suffit pas de faire un canal pour y voir passer les bateaux. Il est essentiel de créer, autour de ce « tuyau », des ports intérieurs pour permettre aux entreprises de venir s’installer au bord du canal. Et c’est autour de ces plates-formes que vont se développer des activités économiques et se créer des emplois pérennes et non délocalisables. C’est cela toute la valeur ajoutée économique du canal Seine-Nord Europe pour les Hauts-de-France »,Le long des 107 km du canal Seine-Nord Europe, l’implantation de 4 ports intérieurs est prévue sur les secteurs de Noyon, Nesle, Péronne et Marquion-Cambrai. Il y a aussi 6 quais de transbordement industriels ou céréaliers, pour charger et décharger les bateaux, qui seront aménagés à Thourotte, Ribécourt-Dreslincourt et Pimprez (Oise), Languevoisin-Quiquery, Moislains (Somme) et Graincourt-lès-Havrincourt (Pas-de-Calais). Au total, ce seront 3 650 mètres de quais et plus de 330 hectares de terminaux portuaires et de zones d’activités qui vont être installées au bord du canal. Deux des ports intérieurs (Noyon et Péronne) seront bi-modal (fluvial-route), les deux autres (Nesle et Marquion-Cambrai) tri-modal avec l’installation d’une connexion ferroviaire. « La trimodalité ne peut pas être mise en place partout, d’abord car cela coûte cher, un terminal ferroviaire, c’est entre 20 et 50 millions d’euros, a expliqué l’élu régional. D’autre part, pour 107 km, deux ports avec une connexion ferroviaire suffisent pour répondre aux besoins, sachant que le trafic capté s’étend entre 40 à 50 km autour des plates-formes ».Les 4 ports représentent un investissement public d’environ 300 millions d’euros. La question de leur gouvernance fait partie des points à trancher. Au cours des derniers mois, la région a conduit des réunions de concertation sur les 4 futurs ports intérieurs pour permettre l’expression du plus grand nombre et favoriser l’acceptabilité des activités des sites. Selon Frank Dhersin : « Lors de ces réunions, je suis l’homme qui écoute et qui démine. J’écoute tout le monde, le public, les citoyens, les riverains, les acteurs concernés, les futurs utilisateurs qui ne sont pas seulement du transport de marchandises mais aussi du tourisme, des loisirs... Après 12 réunions publiques, une inquiétude domine chez les riverains : un port intérieur, c’est davantage de trafic de poids lourds sur les routes départementales autour des sites et dans les communes. Les prochains échanges apporteront des réponses à cette question ».