Pour les artisans-bateliers, le tablier trop bas rend la navigation particulièrement compliquée. Le nouveau pont en construction à Pont-sur-Yonne est 38 centimètres plus bas que l'ouvrage qu'il remplace. L’action des artisans-bateliers avait pour objectif de démontrer concrètement les difficultés afin de mener le conseil départemental à prendre en compte leur demande de révision des travaux du pont. Mobilisés depuis novembre 2020, les artisans-bateliers se tournent désormais vers la justice avec un référé devant le tribunal administratif de Dijon par Entreprises Fluviales de France, précise son délégué général Didier Léandri : « Nous avons été jusqu’au bout de la concertation avec le département. L’action au tribunal est, pour nous, la dernière extrémité. Nous ne pouvons pas permettre que les impacts économiques et de sécurité pour la profession ne soient pas pris en compte ».
« C'est la dernière solution. On a épuisé tous les recours à l’amiable possibles. Donc il n'y a plus que ça qu'on puisse faire, a indiqué Pascal Malbrunot, à nos confrères de la presse locale. On ne peut pas laisser poser ce pont à cette hauteur-là. C'est une vraie entrave au transport fluvial. Ce n'est pas acceptable. C’est devenu le pont le plus bas de tout l’itinéraire. On est obligés de lester les bateaux pour passer, et c’est extrêmement compliqué de passer bien au milieu du pont. A l’époque où le gouvernement a une volonté de report modal vers les modes de transport propre, on ne peut pas laisser faire ça ».
VNF mobilisé également
Les artisans-bateliers proposent une solution : « C'est de poser directement le second tablier qui n'est pas encore posé à la bonne hauteur, à 50 ou 60 cm plus haut, de ce fait, de pouvoir rendre à la circulation ce deuxième tablier et remonter ensuite le premier, qui a été posé trop bas, à cette nouvelle hauteur », a détaillé Pascal Rottiers, président du collège « artisans » d’Entreprises fluviales de France, à nos confrères de la presse locale.
Un autre élément a renforcé les artisans-bateliers dans leurs mobilisation et action : « On apprend que le second tablier allait être posé dans la semaine (de la fin avril, NDLR). Donc forcément, le 3 mai, la réunion de concertation n'avait plus aucun intérêt puisque si le deuxième tablier est reposé à la même hauteur, non seulement on augmente le budget pour les relever, mais cela inscrit dans le marbre la disposition du pont aujourd'hui et ça nous grève sur cet axe pour les 30 ou 40 prochaines années », a précisé Pascal Rottiers à nos confrères journalistes.
Voies navigables de France a proposé de prendre en charge à hauteur de 1 million d’euros les travaux nécessaires pour relever le pont de 50 cm via une subvention au conseil départemental. Mais celui-ci reste pour le moment fermé à toutes les solutions pour sortir de la situation en prenant en compte les besoins des artisans-bateliers en plus de ceux des riverains qui utilisent le pont pour leurs déplacements routiers.
Le calendrier des travaux du nouveau pont de Pont-sur-Yonne prévoit une livraison de l'ouvrage fin juin 2021 avec un coût total d’un peu plus de 7 millions d'euros.
