« Notre cœur de métier reste le développement des réseaux d’infrastructure. C’est offrir de nouveaux gabarits, pérenniser la valeur d’un actif patrimonial, le moderniser afin de faire face à de nouvelles sollicitations et de nouveaux usages », a indiqué Etienne Willame, directeur général du SPW Mobilité et Infrastructures, lors de la journée du transport fluvial et de l’intermodalité en Wallonie le 7 décembre 2021.
Il avait au préalable rappelé la « lente érosion continue » des tonnages sur le réseau fluvial wallon depuis plusieurs années et les événements de crues et d’inondations dramatiques de l’été 2021 qui ont rendu indisponibles les infrastructures pendant quelques jours.
Le travail du SPW Mobilité et Infrastructures vise à augmenter la robustesse des infrastructures fluviales, la manière dont elles sont exploitées et les inscrire dans des itinéraires à l’échelle européenne qui vise le grand gabarit et le transport massifié mais sans oublier le « petit gabarit ».
Après avoir énuméré une liste des chantiers en cours sur le réseau et les ouvrages (voir encadré), Etienne Willame a souligné l’importance de « la gestion 4.0 des voies hydrauliques par la télégestion et la téléopération à partir de réseaux de communication qui soient les plus performants possibles ».
Le centre Perex 4.0 est ainsi opérationnel depuis un peu plus de 2 ans et est totalement « multimodal », c’est-à-dire qu’y sont gérés les réseaux routiers, autoroutiers et fluviaux. Cela permet d’améliorer l’attractivité du réseau et la disponibilité des ouvrages mais aussi d’optimiser les ressources en eau ; c’est un appui à la maintenance et à l’exploitation des voies navigables, selon ce responsable.
« Il faut savoir garder un très bon équilibre entre les équipes chargées de la télégestion de ce qui se passe sur le réseau et les ouvrages et celles sur le terrain qui connaissent les ouvrages et sont à l’écoute des différents usagers. Il faut toujours avoir ce lien entre la gestion à distance et la proximité », a ajouté ce responsable.
Au centre Perex 4.0, un ouvrage à Salzines est télécommandé depuis courant 2019 et 3 nouvelles écluses de la Sambre devraient suivre en 2022 (Floriffoux, Mornimont, Auvelais).
Accompagner la transformation des systèmes de transport
Le SPW Mobilité et Infrastructures mène des projets pour soutenir le développement du transport fluvial, notamment sur le petit gabarit. Il s’agit, par exemple, d’un inventaire et d’une caractérisation des quais sur cette partie du réseau et à partir desquels une offre optimale de transport pourrait être envisagée, en fonction de l’hinterland et des types de produits ou marchandises. A partir de cet inventaire, l’idée est de lancer des expériences-pilote là où c’est pertinent et à l’issue desquelles des conclusions peuvent être tirées pour pérenniser ou non les projets de transport.
« Nous accompagnons aussi les différentes transitions au travers du plan wallon d’aides aux modes de transport alternatif à la route. Par des subsides, la puissance publique accompagne la transformation des systèmes de transport », a continué le directeur général.
Pour les bateliers, l’accompagnement financier peut soutenir l’achat d’un premier bateau, de nouveaux moteurs, l’installation de systèmes de dépollution, une adaptation à la logistique fluviale. Pour les chargeurs et entreprises, les soutiens peuvent être pour les équipements de transbordement, les infrastructures nécessaires pour utiliser le fluvial à quai, la mise en place de navettes régulières nouvelles.
Depuis 1996, plusieurs plans d’aides se sont succédés et « le bilan est positif, selon Etienne Willame, attestant du bon partenariat entre subsides publics et investissements privés ».
En 25 ans, ce sont 1014 demandes qui ont été enregistrées avec 37 millions d’euros d’aides publiques versées et 147 millions investis par le secteur privé. Au total, depuis 1996, 93 dossiers fluviaux ont été traités et 8 pour le ferroviaire.
En 2020, cela a permis +4,7 millions de tonnes de trafic supplémentaire pour le fluvial et +700 000 tonnes pour le ferroviaire.
Les chantiers du SPW Mobilité et Infrastructures
Le SPW Mobilité et Infrastructures conduit notamment les travaux suivants :
- Lys mitoyenne : mise à gabarit Vb du chenal de navigation avec un achèvement prévu pour juin 2022. Des travaux identiques sont menés en Flandre et en France compte tenu qu’ils s’inscrivent dans le projet Seine-Escaut.
- Haut Escaut et traversée de Tournai : enfoncement à 2,90 m effectif depuis 2019, passage des bateaux de 110 m x 11,40 m possible depuis janvier 2020 (pont des Trous), télécommande de l’alternat depuis 2020. Des travaux se poursuivent jusque fin 2022 et s’inscrivent eux aussi dans le projet Seine-Escaut.
- Hérinnes : la modernisation de l’écluse et du barrage s’est achevée en 2021 pour permettre le passage des bateaux de 4000 tonnes, dans la perspective de Seine-Escaut.
- Manage : adaptation du quai prévu pour 2022 pour accueillir des bateaux de 110 m de long. Des travaux qui impliquent également le port autonome du centre et de l’ouest (PACO). S’inscrit aussi dans Seine-Escaut.
- Ecluses et stations de pompage du canal Charleroi-Bruxelles : depuis juillet 2021, les trois sites sont en services après modernisation. La préparation du déboublement des écluses avec augmentation du gabarit à la classe Va a débuté (Seine-Escaut).
- Plan incliné de Ronquière : des mesures de sauvegarde ont été menées jusqu’en 2021 avant une modernisation à partir de 2022. Une demande de financement va être déposée auprès de l’Union européenne dans le cadre du MIE.
- Auvelais : suppression d’un goulet d’étrangement sur la Sambre dans le projet d’augmentation du tirant d’eau à 2,80 m (Seine Escaut).
- Site éclusier d’Ampsin-Neuville : la mise en service de la nouvelle écluse de 225 m x 12,5 m est prévue pour le début 2022 après les tests en cours. La deuxième phase des travaux du site va commencer pour l’autre nouvelle écluse de 225 x 25m avec une mise en service annoncée pour la fin 2023. C’est lié à l’approfondissement de la Meuse à 3,40 m en 2022.
- Barrage et écluse de Monsin : accès essentiel pour le port de Wendre (Liège), les travaux ont bien avancé en 2021 et leur achèvement est prévu pour le printemps 2022.