Réunis à Compiègne, cité bordée par l’Oise et ville hôte des locaux de la Société du canal Seine-Nord Europe (SCSNE), les membres de l’Alliance Seine-Escaut ont tenu leur assemblée générale le 25 mai 2023.
C’est bien évidemment le lancement des travaux sur le terrain du canal Seine-Nord Europe dans le département de l’Oise qui a d’abord été souligné (voir article de NPI). Les détails de ceux déjà accomplis (aménagements routiers, livraison de premiers quais travaux…) et ceux en cours (en lien avec le rescindement de l’Oise, entre autres) ont été présentés par Jérôme Dezobry, président du directoire de la SCSNE. Cette société étant le maître d’ouvrage de la construction du canal de 107 km Seine-Nord Europe.
Ce responsable a confirmé l’organisation d’une réunion d’information à destination des entreprises sur les futurs travaux et aménagements du canal pour leur présenter les prochains appels d’offres auxquels elles pourraient participer. L’événement est prévu le 26 juin 2023 en partenariat avec la CCI des Hauts-de-France.
Trois points de vigilance
L’association a présenté son projet de « cartographie interactive de la liaison Seine-Escaut ». Cet outil a « pour vocation d’offrir à toutes les typologies de parties prenantes la capacité de mettre en avant leurs projets en lien avec les aménagements prévus ». Il s’inscrit dans l’une des missions de l’association de « mise en avant des initiatives territoriales générées par le projet, dans la suite de ses Livres Blancs 2009 et 2012 ».
Si les membres de l’association apprécient les avancées des travaux du futur canal, maillon central de la liaison Seine-Escaut, ils restent toutefois vigilants sur plusieurs points concernant :
- La confirmation des plannings de mise en œuvre des autres projets fluviaux et portuaires relatifs à la liaison Seine-Escaut. Il s’agit de MAGEO, de la mise au grand gabarit de la Seine entre Bray et Nogent mais aussi de la réalisation de l’accès fluvial direct à Port 2000 au Havre. Une « communication forte du gouvernement » sur ces grands projets d’infrastructures pour le développement du transport fluvial « est vivement souhaitée ».
- Les orientations envisagées par le gouvernement « pour la taxe qui sera adossée au futur emprunt de bouclage, appelé à compléter les financements européens, des collectivités territoriales et de l’Etat, et à couvrir les futurs aléas de chantier. Un sujet particulièrement prégnant aujourd’hui en raison de la hausse des coûts des travaux publics dans un contexte d’inflation ».
- La mise en œuvre du dispositif réglementaire zéro artificialisation nette (ZAN) notamment prévu dans la loi Climat et Résilience d’août 2021 et pour lequel un rapport spécial du Sénat en décembre 2022 a été suivi d’une proposition de loi pour faire évoluer certaines des mesures particulièrement mal accueillies par des élus locaux.
L’Alliance Seine-Escaut indique « soutenir les propositions faites par la commission spéciale sénatoriale, plus particulièrement l’article 4 ». Celui-ci « vise à préserver les grands projets en prévoyant qu’ils fassent l’objet d’une comptabilisation séparée et ne pèsent pas sur les enveloppes des collectivités concernées ». Il reste à voir quel sera la suite donnée à la nouvelle proposition de loi du Sénat.
L’assemblée générale a acté la succession entre Jean-François Dalaise et Didier Léandri à partir du 1er octobre 2023 à la fonction de vice-président et secrétaire général de l’association.
D’autres travaux autour de Seine-Nord
Lors d’une table-ronde, Voies navigables de France (VNF) par la voix de Marie-Céline Masson, directrice territoriale du bassin du Nord-Pas-de-Calais et gérante du GEIE Seine-Escaut, a rappelé que l’établissement était le maître d’ouvrage des travaux menés sur le réseau actuel (et donc hors des 107 km du canal Seine-Nord Europe) en vue de l’arrivée de la liaison Seine-Escaut.
2023 va voir en septembre la remise en navigation du canal Condé-Pommeroeul, transfrontalier entre le bassin du Nord-Pas-de-Calais et la Belgique. Sur la Seine, les travaux de rénovation d’écluses et de barrages sont engagnés et se poursuivent cette année (Andrésy, Port-Mort, Poses, Méricourt, Bougival, Champagne…).
Didier Léandri, président délégué général d’Entreprises fluviales de France (E2F), a souligné « le travail mené avec la SCSNE pour faire du transport fluvial un outil majeur d’acheminement des matières premières sur le chantier du canal et l’évacuation des déblais ». Il a fait part de sa certitude que « la cale française sera prête pour l’ouverture grâce à des efforts de formation et de transformation du pavillon français ».