La reconversion des maisons éclusières du canal des Deux Mers

Sur le linéaire du canal des Deux Mers, de l’étang de Thau (34) à Castets-en-Dorthe (33), VNF Sud-Ouest est propriétaire de 450 bâtiments dont les maisons éclusières. Une soixantaine est toujours réservée au service d’astreinte et habitée par des agents VNF alors que quatre-vingts ont été reconverties. Dans le but de développer une offre de services dédiés au tourisme, elles sont soumises à des conventions d’occupation temporaire (COT) et remises à la concurrence tous les 5 à 10 ans.

A l’issue d’un premier appel à projets thématique en 2022 pour réhabiliter dix sites éclusiers et un foncier, un premier objectif est atteint pour la direction territoriale de VNF Sud-Ouest.

Trois thématiques d’activités

« Entre 2015 et 2020, nous avons étudié l’existant et l’évolution des attentes sur le canal. Nous avons vu ce qui a fonctionné ou non et évalué les risques de multiplier les mêmes offres et donc une certaine concurrence. Depuis 2022, plutôt que d’attribuer les maisons au coup par coup, nous avons réfléchi à une stratégie immobilière. Aujourd’hui, nous recherchons davantage des projets multiples répondant à plusieurs demandes tout en gardant un lien avec les usages du canal. Nous recherchons des projets types tiers-lieux » commente Alexis Palmier, responsable du service développement de cette direction territoriale de l’établissement.

Depuis 2020, chaque année, une dizaine de sites est proposée par le biais d’appels à projets. Soucieux de répondre aux mieux aux aspirations des usagers de la voie d’eau et des territoires, VNF a défini trois thématiques pour orienter les porteurs de projets :

• « Itinérance sur le canal » pour des programmes mixtes de services, d’accueil, de restauration, de réparation ;
• « L’art de vivre sur le canal » pour du tourisme patrimonial et culturel ;
• « Le canal mis en scène » pour développer une offre culturelle et artistique.

Cinq projets retenus en 2022

À l’issue de la première vague de 2022, cinq projets sont sortis du lot :

• Un gîte d’étape pour les pélerins des chemins de Saint-Jacques de Compostelle s’installe à la maison du site éclusier du Sanglier à Ayguesvives (31),
• De la restauration à l’écluse d’Herminis à Carcassonne (11),
• Une ressourcerie (atelier de réparation et revente d’objets), une guinguette, des chambres d’hôtes, des services de location de vélos, d’activtés nautiques, à la maison éclusière de la Méditerranée du Mas Saintes-Puelles (11),
• Un restaurant, de l’hébergement, une épicerie, une librairie, un camping, une ferme, un potager pédagogique et un service de location de vélos, à la maison de la prise d’Alzeau (81)
• Un café associatif librairie, salle d’expositions et résidences d’artistes à la maison de Villesèquelande.

Du côté des porteurs de projet

« Notre projet répond à un réel besoin du territoire chaurien, sur le plan touristique mais aussi concernant le secteur de l’économie circulaire, sociale et solidaire », détaille Mélissa Moreau, qui se lance avec son conjoint, Jérome Laverdure, dans une nouvelle vie proche de Castelnaudary.

« La guinguette permettra d’assurer une pérennité économique et la ressourcerie répondra à des enjeux environnementaux. L’objectif est de sensibiliser les usagers du canal tout en développant une filière qui manque au territoire ».

Pour les résidences d’artistes à Villessèquelande, les offres sur le patrimoine et la culture s’inscrivent autant dans les intérêts du territoire que dans l’esprit des nouvelles politiques de gestion du « Bien canal du Midi ». « Il s’agira, en plus de l’accueil, de valoriser artistiquement le patrimoine du canal », se félicite Sonia Martin, une des deux salariés de l’association Grain d’Art, initialement basée à Argens-Minervois. Pour l’association, l’investissement s’élève à 40 000 euros de rénovation et d’aménagement.

Pour tous ces bâtis, VNF fournit le « clos et le couvert », le reste restant à la charge des futurs résidents. Si ces bâtiments plaisent pour leur cachet et leur emplacement exceptionnel, les porteurs de projets les découvrent souvent délabrés. Pour le projet de ressourcerie, une subvention européenne (programme Leader) a été accordée en complément d’autres subventions et de fonds propres. Il leur restera à honorer une COT annuelle de 5 500 euros pour 90 m² à laquelle s’ajoute une redevance sur le chiffre d’affaires. Les maisons éclusières reconverties devront ouvrir pour la saison estivale 2023.

Fin février 2023, dans la même veine, un nouvel appel à projets se clôturera autour de dix maisons et un moulin, un patrimoine bâti qui suscite un renouveau d’intérêt.