La navigation reprend sur le canal du Midi

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Un exemple des travaux de défense des berges sur le canal du Midi (photo VNF DT SO).

Le début de la saison touristique fluviale se profile sur le canal du Midi où la navigation reprend à la demande au cours de cette deuxième quinzaine du mois de mars. L’occasion de faire un bilan des travaux effectués au cours des 8 semaines du chômage annuel 2023 avec la direction territoriale Sud-Ouest de VNF.

« Auparavant, les chômages du canal du Midi se déroulaient en novembre et décembre, désormais, c’est en janvier et février. En 2023, c’était la première fois que le chômage avait lieu ces deux mois-là », rappelle Jean Niquet, chef du service infrastructure, eau, environnement, exploitation de la direction territoriale Sud-Ouest (DT SO) de Voies navigables de France (VNF).

L’arrêt annuel de navigation ou chômage dure huit semaines tous les ans sur le canal du Midi. En 2022, VNF a décidé d’intervertir les périodes entre le canal latéral à la Garonne et celui du Midi.

Des travaux d’entretien récurrents

« Le canal du Midi est un ouvrage très fréquenté, avec quasi exclusivement des activités touristiques, avec des péniches-hôtel, des bateaux de location... Les écluses sont fortement utilisées et nécessitent un entretien régulier », poursuit Jean Niquet. Lors du chômage 2023, ont été réalisés :

  • Des travaux « classiques et récurrents » de maçonnerie et d’étanchéité sur les bajoyers de certaines écluses, d’étanchéité sur certaines portes d’écluses.
  • Des traitements de fuite sur un bief en particulier pour éviter des pertes d’eau. « On voit avec la sécheresse de l’été 2022 et cet hiver qu’il y a un vrai enjeu sur la ressource en eau. Ce sont des travaux pertinents pour l’économie d’eau ».

Le chantier de la « voûte arborée »

Pour lutter contre le chancre coloré (un champignon microscopique qui s'attaque aux platanes uniquement et les tue en quelques mois ou parfois en quelques années), VNF conduit un programme d’abattage de ces arbres et de replantation depuis 2012. Le chancre coloré ayant été détecté sur le canal du Midi pour la première fois en 2006.

  • Sur 40 000 platanes, 30 000 ont déjà été abattus, soit un quart du total du patrimoine arboré qui s’élève à environ 160 000 arbres.
  • Près de 18 000 arbres ont été replantés, des chênes chevelus pour une bonne moitié mais aussi des érables, micocouliers, des charmes, des houblons... « C’est un nombre considérable, souligne le chef de service. On plante des arbres qui ont 6 ou 7 ans, ce qui suppose d’anticiper afin d’en disposer suffisamment au fur et à mesure de l’avancement du programme ».
  • Les plantations s’effectuent en respectant plusieurs principes comme des « sujets » de grande taille pour restituer, à terme, l’effet « voûte arborée », espacement de 7 à 8 mètres, maintien/restauration d’une symétrie sur les deux rives, homogénéité des essences sur de grands tronçons…
  • Une fois abattus, les arbres sont brûlés pour éviter la propagation du chancre coloré.
  • Les platanes, considérés comme des symboles du canal du Midi, n’ont, en réalité, été installés qu’au 19ème siècle.

Des travaux de défense des berges sont nécessaires dans le cadre du programme d’abattage et de replantation car les racines des arbres coupés ne « tiennent » plus en quelque sorte les berges qui risquent alors de s’effondrer.

  • « Cette année, nous avons refait environ 8 km de berge en vue de futures plantations. En tout, depuis 2012, avec ces 8 km, nous sommes à 65 km de berges refaites. C’est un chantier important qui se déroule sur différents biefs et sections en fonction des abattages réalisés,
  • Comme nous sommes sur le canal du Midi, ouvrage classé au patrimoine mondial de l’Unesco, en amont des travaux de défense de berge, nous devons respecter des procédures spécifiques et obtenir l’ensemble des autorisations spéciales et des avis favorables ». Ce qui a été le cas. 
  • Pour respecter le patrimoine du canal du Midi, la défense des berges se fait en recourant à des techniques « douces », pour un aspect « naturel » avec, par exemple, des tunages en bois.

Des diagnostics approfondis des berges ont été conduits sur plusieurs biefs qui ont été totalement vidangés pour être menés à bien.

  • « Il s’agit de planifier les futurs travaux de défense de berge à mener lors des prochains arrêts annuels de navigation.
  • Nous avons besoin de connaître à l’avance l’état de la berge, y compris la partie qu’on ne voit pas quand le canal est en eau.
  • Vu de l’extérieur, je comprends que cela peut choquer de voir tout un bief vidangé voire plusieurs alors qu’apparemment, rien ne s’y est produit mais ce n’est pas le cas. Nous anticipons l’avenir et nous avons pu réaliser tous les diagnostics prévus sur les biefs vidangés ».

En 2023, pour l’établissement, le chantier de la voûte arboré représente un budget cumulé de 90 millions d’euros.

Des changements de portes d’écluses

Un autre chantier important lors de l’arrêt annuel de navigation en janvier et février 2023 du canal du Midi a concerné des changements de portes très endommagées d’écluse.

Ce sont quatre paires de portes qui ont été remplacés aux écluses de Gay et Villepinte, pour un coût d’un peu plus de 1,3 million d’euros.

« Nous sommes maître d’ouvrage pour ce chantier avec un appel à maîtrise d’œuvre pour la réalisation qui doit se faire sur une période très courte. Tout est planifié très à l’avance, sur plusieurs années », indique Jean Niquet.

Des agents VNF impliqués

Des travaux de modernisation ont concerné l’écluse des Minimes à Toulouse avec le changement de la passerelle et des automatismes.

  • « Il s’agit de permettre la télécommande pour le passage de cette écluse dans la perspective de la reprise de trafic de fret », plus particulièrement pour des flux de logistique urbaine en lien avec un appel à projets lancé à Toulouse. Celui-ci n’a pas été fructueux mais un autre est en préparation.
  • Deux autres écluses ont déjà été pareillement équipées (celle du Béarnais et de Bayard).
  • Les travaux à l’écluse des Minimes ont été réalisés « en régie VNF » par les équipes de la maintenance spécialisée de la DT SO sauf pour la chaudronnerie de la passerelle.

« Ce qu’on appelle le chômage annuel est une période très active pour les équipes des services territoriaux mais aussi en amont avec la nécessité de préparer et planifier, lancer les appels à la maîtrise d’œuvre… Les agents de VNF sont fortement impliqués et mobilisés pour régénérer et moderniser le réseau, pour préparer l’avenir », tient à souligner Jean Niquet en conclusion.

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