La gare du Canet, située au Nord de Marseille, à la lisière du quartier populaire éponyme, aligne 41 voies ferroviaires dont 20 voies principales pour un linéaire de 16,4 km ! Une infrastructure sur laquelle circulent chaque jour des trains Naviland Cargo et TAB en direction ou en provenance de Lyon, Paris, Bonneuil-sur-Marne et Lille. Sur place, les transporteurs routiers apportent et enlèvent les caisses mobiles qui alimentent, à la fois, la cité phocéenne, la Riviera, Vitrolles et Miramas. Une activité intense appelée à disparaître dans quatre ans, suscitant l’inquiétude des opérateurs.
« Nous voulons conserver un terminal urbain. Fermer la gare du Canet équivaut à remettre des camions sur la route, cela va à l’encontre du souhait du gouvernement », s’alarme Jean-Claude Brunier, pdg de T3M. La disparition de cette gare du réseau inquiète d’autant plus que la métropole d’Aix-Marseille élabore en ce moment même une stratégie de logistique urbaine de livraison du dernier kilomètre, à partir de zones de massification, et travaille sur un projet de réseau ferroviaire fret inter-urbain.
Transformer les 24 ha en un parc pour les habitants de « Smartseille »
Autour de la gare du Canet, les entrepôts désaffectés ont laissé la place à des immeubles d’habitation. Un nouveau quartier, baptisé « Smartseille », est sorti de terre en 2018. L’établissement public Euroméditerranée veut métamorphoser les 24 ha de la gare en un parc dit parc des Aygalades. Histoire d’offrir un ballon d’oxygène aux habitants de cette « éco-cité », située à quelques encablures seulement de la tour CMA CGM. « Le projet repart, j’ai instruction du comité de pilotage de libérer la gare du Canet en 2023 », explique Jacques Frossard, directeur régional SNCF Réseau en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Regroupement des flux en deux phases : combiné d’abord puis fret continental
L’établissement portuaire pourrait regrouper les flux maritimes et continentaux voire même y ajouter une nouvelle composante dédiée aux remorques avec deux terminaux Modalohr en projet (sur le terminal roulier et à Pinède). Les flux continentaux du Canet seront traités sur 6 ha, à l’arrière du terminal à conteneurs de Mourepiane, mais dans une deuxième phase qui interviendra à l’issue de la réalisation du chantier combiné. Cette première étape débutera en 2021 avec la rénovation des voies ferrées bord à quai et l’augmentation de capacité de 4 à 8 voies sur le terminal à conteneurs dédié aux flux maritimes. Des aménagements qui permettront de composer des trains entiers de 55 conteneurs pour 750 m de long. Le terminal étant limité à l’heure actuelle à l’accueil de coupons.
« Ce nouveau terminal ne fonctionnera que s’il est connecté au réseau national, aux lignes Marseille-Estaque et Paris-Lyon-Marseille », précise Jacques Frossard. Ce fameux raccordement de Mourepiane, qui a fait l’objet de travaux pour 13 M€, a été stoppé en 2016 après l’avis défavorable du commissaire enquêteur et la vindicte des riverains. Pour favoriser l’acceptabilité de ce transfert, le projet devrait donc être plus modeste. Une étude d’impact doit être lancée prochainement.
