Les travaux pour la préparation des Jeux Olympiques et Paralympiques, effectués par Voies navigables de France, s’achèvent, notamment ceux relatifs à l’aménagement du bras secondaire de Gennevilliers. La navigation en Seine bénéficiera de l’héritage olympique mais, à plus court terme, comment sera-t-elle affectée par l’organisation des Jeux, dont une partie se déroulera sur le fleuve ? De premières informations circulent qui devraient être détaillées ce 31 janvier par la préfecture de région lors de la réunion d’une commission des usagers.
Le fluvial a été mis à contribution pour la préparation des Jeux olympiques de Paris 2024, à commencer par la construction du village olympique, au sujet duquel un accord a été passé entre VNF, Haropa et la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) dès janvier 2020. Ce nouveau quartier figurera dans l’héritage olympique, de même que le nouveau pont entre Saint-Denis et l’Île-Saint-Denis, ou encore l’aménagement du bras secondaire de l’île Saint-Denis, celui qui longe Gennevilliers et Villeneuve-la-Garenne.
Pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP), le bras principal, côté Saint-Denis et Épinay, sera fermé à la navigation, pour des raisons de sécurité/sûreté à cause de sa proximité avec le village des athlètes. Des travaux ont été nécessaires pour rétablir la navigation dans le bras secondaire, qui voit aujourd’hui passer quelques bateaux par jour pour la desserte locale mais en verra transiter quotidiennement une cinquantaine lors de la période des JOP.
Bras secondaire. « On arrive au bout des travaux effectués par VNF pour réactiver ce bras secondaire », indique François Houix, chargé de mission « JO 2024 » à la direction territoriale bassin de la Seine de VNF. Ce bras étroit accueille 65 bateaux logements, trois chantiers navals et un port de plaisance, en plus de quais de chargement gérés par Haropa Port.
Financés par la Solideo à hauteur de 10 millions d’euros, les travaux ont d'abord été les suivants :
- Dragages, qui se sont terminés en décembre 2023.
- Aménagement de postes d’attente : après une première phase en 2020, avec des postes qui ont servi pour la construction du village olympique dont une grande partie des déblais a été évacué en transport fluvial, d’autres postes d’attente ont été achevés en janvier 2024.
Création d’un alternat. C'est le troisième volet des travaux. Les postes d’attente serviront pendant les Jeux, puisqu’un alternat sera mis en place dans le bras secondaire de l’île Saint-Denis. Les premiers tests de cet alternat seront effectués en avril.
Les postes d’attente vont aussi être utilisés pour les grands chantiers franciliens, car la zone va être concernée par la construction de la ligne 15 ouest et celle de l’hôpital Grand Paris, à Saint-Ouen.
Pour le fonctionnement de l’alternat, une fibre optique est en cours d’installation jusqu’en février 2024 entre les écluses de Suresnes et celles de Chatou. Des caméras seront installées en mars. « Après les JO, cet équipement servira à la téléconduite des ouvrages de la Seine aval, explique François Houix. Pendant les Jeux, elle sera utile à la supervision du trafic. L’alternat, en effet, ne sera pas automatique comme celui de Paris, mais sera déclenché par l’éclusier pour fluidifier la navigation. Ainsi, tout le passage de l’île Saint-Denis sera géré comme une grande écluse de 5 km de long ».
Les travaux sur le bras secondaire ont aussi compris l’enlèvement d’une dizaine d’épaves, dont deux étaient coulées et qu’il a fallu renflouer, et le déplacement d’une vingtaine de bateaux logements qui n’étaient pas en situation régulière. Il reste, fin janvier, encore trois à quatre épaves à envoyer au déchirage et quelques bateaux logement à déplacer.
Un héritage post-JOP. Après les Jeux, le bras principal de l’île Saint-Denis sera rendu à la navigation. Fonctionnant en double sens, 24 heures sur 24, il absorbera 95 % du trafic. Le bras secondaire, quant à lui, accueillera des loisirs nautiques mais son usage sera partagé. Jusqu’à présent réservé au sens montant, il restera ouvert à la navigation commerciale dans les deux sens de navigation pour la desserte locale : chantiers navals, quais du centre de tri Veolia et de la semoulerie Panzani, ainsi que des quais à usage partagé de Haropa.
« Dans le bras secondaire, un outil de supervision des trafics sera conservé, pour faire cohabiter les différents usages, précise François Houix. VNF travaille d’ailleurs avec les élus pour établir un bon usage partagé entre navigation de commerce, loisirs nautiques et même baignade en Seine, qui constituera un autre héritage des JO ».
Qu’en est-il des arrêts de navigation sur la Seine ?
Pour les arrêts de la navigation fluviale sur la Seine pour les activités de transport de fret comme de passagers/tourisme, il faut distinguer la situation avant la cérémonie d'ouverture et celle pendant les Jeux eux-mêmes avec des compétitions prévues dans la Seine. Les épreuves de nage en Seine vont perturber la navigation dans le bief parisien pendant les Jeux Olympiques (26 juillet à 11 août) et Paralympiques (28 août à 8 septembre).
Les inquiétudes. C'est une inquiétude pour les bateaux à passagers, pour qui l’afflux de touristes est important l'été. C'est une inquiétude pour les chargeurs et transporteurs, à commencer par les céréaliers de la Seine amont pour lesquels l’été est une période de pointe pour le transport du blé vers les silos d’exportation de Rouen.
« La période des JO est celle des récoltes, rappelle Thierry Dupont, le président de Sénalia. Il est très important de pouvoir transporter pendant l’été, et un report sur le train n’est pas envisageable au vu des volumes en jeu. La profession, à ce sujet, est en discussion avec les pouvoirs publics pour obtenir des plages horaires de circulation des bateaux, même si l’on sait que les impératifs de sécurité primeront ».
Avant la cérémonie d'ouverture. La préfecture de région Ile-de-France a déjà décidé en novembre 2023 d'un arrêt de navigation de 7 à 8 jours avant la cérémonie pour des raisons de sécurité. Elle va de nouveau communiquer lors d’une commission locale des usagers qui doit se tenir ce 31 janvier en présence de représentants du Comité d’organisation des JO. L’arrêt de navigation devrait durer une semaine avant la cérémonie d’ouverture, soit du 19 au 26 juillet (ou au 27 midi), et concerner le fleuve dans Paris.
Pendant les compétitions. Pendant les épreuves de nage en Seine, qui auront lieu tous les jours du 28 juillet au 11 août entre le pont Alexandre III et le pont de l’Alma, la navigation sera interdite à partir de 2h du matin pour permettre l’installation des pontons de départ. A 11h, après démontage des pontons, la navigation pourra reprendre. Un horaire adapté aux bateaux à passagers, très nombreux dans Paris intra-muros, qui naviguent surtout l’après-midi et en soirée. La même organisation se répétera du 28 août au 3 septembre, pour les Jeux Paralympiques à la nuance près que l'horaire serait de 2h à 12h, selon les précisions indiquées par Haropa Port le 29 janvier 2024.
Horaires élargis pour les écluses. Les bateaux de fret qui ont l’habitude de traverser Paris tôt le matin devront s’adapter. Pour le leur permettre, les écluses de la Marne et de la Seine amont qui ferment habituellement à 20h resteront ouvertes jusqu’à minuit les veilles d’épreuves. VNF et Haropa ont établi un recensement des stationnements à l’amont comme à l’aval de Paris, pour permettre aux bateaux d’attendre et de s’amarrer.
L'ensemble des dates exactes, horaires et périmètres de navigation concernés doivent être détaillés par la préfecture de région lors de la réunion de la commission des usagers du 31 janvier.