Green Praxis entend relever les défis de la gestion de la végétation, y compris les plantes invasives, des exploitants d'infrastructures, fort d’une équipe d’informaticiens et d’ingénieurs en environnement. Des collaborations sont en cours avec SNCF Réseau et de grandes entreprises.
250 millions d’euros, c’est le coût annuel d’entretien des végétaux qui serpentent le long des milliers de kilomètres de voies ferrées en France. Pour RTE, 100 millions d’euros sont dédiés chaque année à la coupe des végétaux des lignes à haute tension. Jusqu’à présent, l’entretien empruntait deux solutions possibles : mécanique ou chimique.
A 57 ans, Martin Guillaume propose une nouvelle voie, encore en friche, en faisant appel à l’informatique. Fort d’une première carrière auprès des géants de l’informatique et des télécoms (IBM, Ericsson, Sony), il fonde sa société Green Praxis.
Après avoir testé sans succès un moyen de valoriser les écosystèmes des forêts, il s’attaque à la gestion du couvert végétal auprès des gestionnaires de grandes infrastructures : rails, routes, panneaux photovoltaïques, aéroports… « Nous proposons une alternative qui repose sur la connaissance de la nature, la panification d’un écosystème. Nous avons le choix parmi 7000 plantes en tenant compte de la nature des sols, de la taille des racines, de la température, du taux d’hygrométrie. Il faut entre 3 et 10 plantes différentes pour répondre aux impératifs de la composition des sols et du gestionnaire du réseau. Nous avons également conçu une solution naturelle de biominéralisation pour empêcher la pousse des plantes invasives », explique Martin Guillaume.
Des solutions prêtes pour une plus grande échelle
Avec ses équipes d’informaticiens et d’ingénieurs en environnement, soit une dizaine de collaborateurs, il signe un partenariat de R&D en 2021 avec SNCF Réseau et sa filiale Sferis, pour concevoir et fournir une solution durable de restauration et de gestion de l'écosystème fondée sur la nature.
Après les tests en laboratoire, une douzaine d’expérimentations sont réalisées depuis 2022 le long des voies de chemin de fer. « Certaines solutions sont prêtes pour un déploiement à grande échelle », souligne Martin Guillaume.
Il a également convaincu Total Energies Environnement d’aménager en 2022 un démonstrateur sur une parcelle d’un demi hectare pour réduire la fréquence d’entretien des végétaux de la centrale photovoltaïque de Villers-Saint-Paul, implantée sur d’anciens bassins de lagunage.
Avec Vinci Autoroutes, un test est en cours sur un échangeur d’autoroute au Nord d’Orléans pour réduire le ravinement et améliorer l’entretien du couvert végétal. Dernièrement, le groupe papetier suédois Stora Enso a sélectionné Green Praxis parmi 80 entreprises pour concevoir un logiciel destiné à réduire les risques phytosanitaires et d’incendie dans les forêts.
Green Praxis, intégrée il y a quatre ans au sein de l’incubateur universitaire Impulse, a grandi au sein de l’accélérateur M de la métropole Aix-Marseille avant de rejoindre la pépinière Cleantech. Premier pôle d’innovation en France, le technopôle de l’Arbois occupe la quatrième place au niveau mondial sur le thème de l’environnement. Après avoir réalisé 200 000 euros de chiffre d’affaires en 2022, Green Praxis annonce 700 000 euros en 2023. Au deuxième semestre, elle ambitionne de lever près de 3 millions d’euros pour passer à une autre échelle de développement.