Les canaux sont avant tout prévus pour permettre aux bateaux de passer d’une rivière à l’autre. Ils jouent cependant un deuxième rôle : celui de déplacer des masses d’eau. Pour alimenter les points hauts que constituent les biefs de partage, ont été constitués des barrages-réservoirs qui stockent l’eau en hiver et la restituent en période d’étiage.
Ce n’est pas le seul rôle de ces barrages-réservoirs. Lors de la construction du canal du Midi, par exemple, il avait déjà été prévu que l’eau stockée dans les barrages réservoirs de la montagne Noire soit aussi utilisée pour l’alimentation en eau potable et l’irrigation agricole. Ces prélèvements se font soit directement depuis le réservoir, soit via le canal qui sert ainsi au transport de l’eau. Les sites industriels peuvent aussi être alimentés en eau depuis les canaux, comme c’est le cas, par exemple, pour ceux installés le long du canal de la Marne au Rhin.
Sur le réseau des fleuves et rivières, c’est pour permettre la navigation que les cours d’eau ont été équipés de barrages. Ces aménagements hydrauliques, qui maintiennent un niveau d’eau constant même avec un très faible débit d’étiage, apportent de la résilience face au changement climatique. C’est ainsi grâce aux barrages de navigation dont elle est pourvue que la Seine reste haute à Paris en été, même lorsque le débit n’est plus que de 60 m³/s contre 200 m³/s en moyenne.
Maintenir un niveau d’eau pour tous les usages
« Lors des étiages particulièrement sévères des étés 2022 et 2023, nous avons pu maintenir tous les usages à peu près partout », rappelle Guy Rouas, expert Eau auprès du directeur général de Voies navigables de France (VNF). Cet établissement public est d’abord vu comme un acteur du transport fluvial, la fonction de gestion hydraulique étant moins connue. Ce sont pourtant les ouvrages de navigation qui apportent de fortes fonctionnalités pour maintenir les autres usages : irrigation agricole, alimentation en eau potable, refroidissement des centrales nucléaires, prélèvements des industries et même… natation en Seine lors des Jeux Olympiques de Paris en 2024. « Dans les secteurs où l’on manque d’eau, cette fonction de transport et de stockage de la ressource qui est celle du réseau navigable va être amenée à prendre davantage d’importance », estime Guy Rouas.
La totalité de l’entretien est à découvrir dans le magazine spécial, distribué lors de la première édition des Assises nationales du fleuve à Rouen, les 3 et 4 octobre. Organisé par Entreprises Fluviales de France et l’agence Ilago, avec le soutien de la métropole Rouen Normandie, ce congrès national a pour thème « l’imaginaire du fleuve et les enjeux d’aujourd’hui » (voir article de NPI).