Entretien avec Laurent Cyrot, directeur de projet canal du Midi auprès du préfet de la région Occitanie, suite à la signature du contrat-cadre du canal du Midi pour la période 2022-2027 le 8 février 2023. Ce qui permet d’aborder les projets en cours et à venir sur cette voie d’eau, de revenir sur le plan de gestion Unesco, le schéma d’interprétation, le déploiement de la « Marque » du canal du Midi.
NPI : Expliquez-nous les étapes qui ont abouti à la signature du nouveau contrat-cadre 2022-2027 du canal du Midi ?
Laurent Cyrot : Il faut d’abord rappeler la signature en décembre 2018 d’une convention créant une « Entente pour le canal du Midi » entre le préfet de région, la présidence de la région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée, Voies navigables de France (VNF), et les représentants des présidents des départements de l’Aude, de la Haute-Garonne, de l’Hérault et du Tarn.
En 2019, un premier contrat-cadre a été signé pour la préservation et la valorisation du canal du Midi et de ses territoires et a fixé les objectifs et priorités des actions sur cette voie d’eau jusqu’en 2021. Le financement était adossé au contrat de plan Etat-région 2015-2020. C’est une première étape.
En avril 2021, la validation du plan de gestion Unesco du canal du Midi constitue une autre étape. Sur la base d’un diagnostic, les enjeux actuels et futurs ont été identifiés, des orientations stratégiques ont été définies et un plan d’actions a été élaboré pour que le canal continue à honorer sa « valeur universelle exceptionnelle » reconnue par l’Unesco.
Le nouveau contrat-cadre du canal du Midi 2022-2027 signé le 8 février 2023 s’adosse, d’une part, à ce plan de gestion du canal du Midi validé en 2021. Cela signifie que les priorités et orientations qu’il propose sont issus du plan de gestion.
D’autre part, le nouveau contrat-cadre s’adosse au nouveau contrat de plan Etat-région 2021-2027 qui a été paraphé par le préfet et la présidente de région le 1er décembre 2022.
Au final, le contrat-cadre du canal du Midi 2022-2027, ce sont les priorités du plan de gestion et leur financement sur la base du CPER pour la période. Sa signature ne pouvait donc pas intervenir avant celle du nouveau CPER.
La nouveauté par rapport au précédent est que ce contrat-cadre 2022-2027 reprend les orientations et les actions du plan de gestion de l’Unesco validé en 2021.
NPI : Quelle est l’importance du plan de gestion Unesco ?
Laurent Cyrot : Le plan de gestion Unesco a été construit par tous les partenaires de la gouvernance du canal du Midi.
C’est un document transmis à l’Unesco, qui engage, en quelque sorte, l’Etat français et tous les partenaires en expliquant comment va être gérer le bien inscrit sur la liste du patrimoine mondial dans les années futures.
L’Unesco ne demande pas qu’on mette le bien « sous cloche » mais qu’on préserve sa valeur universelle exceptionnelle qui lui a permis d’être inscrit au patrimoine mondial tout en permettant la poursuite des activités dans le 21ème siècle.
Le contrat-cadre concilie ces deux aspects de valorisation et de préservation du canal du Midi et des territoires irrigués par le bien.
NPI : Qu’en est-il des financements ?
Laurent Cyrot : C’est le volet territorial du CPER, signé par le préfet et la présidente de région, qui concerne les canaux de la région Occitanie. Les crédits de VNF, principalement de l’Etat, pour le canal du Midi y sont intégrés aux côtés de ceux du conseil régional, et de ceux territoriaux du FNADT et de la DSIL.
(Voir un autre article de NPI sur le montant des investissements prévus : 77,2 millions d’euros de VNF- dont 26,2 millions d’euros du plan France-Relance- et 40,75 millions d’euros de la région).
NPI : Quelles actions peuvent illustrer ce qui se fait ou va se faire dans les années à venir sur le canal du Midi ?
Laurent Cyrot : Les activités sur le canal du Midi sont quasiment en intégralité liées au tourisme. Le plan de gestion comporte toutefois un volet fret mais l’économie du canal est orientée vers le tourisme.
Entre 2019 et 2021, une grosse opération, en cours de finalisation, concerne une véloroute le long du canal dans l’Aude et l’Hérault par une restauration du chemin de halage avec des financements de l’Etat, du conseil régional et de VNF.
Parmi les chantiers à venir, certains concernent les ports comme celui d’Agde avec une volonté d’agrandissement et en valorisant les abords du canal, ou encore un projet de construction d’une halte fluviale à Portiragnes et à Ayguesvives.
Nous allons installer des services comme des stations de dépotage pour la collecte et le traitement des eaux sales des bateaux pour éviter les rejets dans le canal.
Il y a aussi des schémas plus globaux de valorisation du canal dans les territoires, par exemple vers Béziers, avec une opération regroupant trois intercommunalités pour mener une étude en vue de déterminer quels services ou aménagements, quelles offres à mettre en place pour accueillir les touristes et visiteurs, recenser les sites touristiques, dans une démarche « Grand site de France »…
NPI : Que pouvez-vous nous dire concernant le schéma d’interprétation ?
Laurent Cyrot : Il s’agit de réfléchir à comment on parle du canal du Midi aux visiteurs en leur permettant d’appréhender qu’ils se trouvent en présence d’un ouvrage unique tout au long de l’itinéraire et, en même temps, qu’ils connaissent les spécificités des territoires situés aux abords de la voie d’eau.
L’idée est de parvenir à leur raconter quelles spécificités le canal a amené dans les territoires traversés, leur en parler de manière homogène mais sans se répéter d’un lieu à l’autre.
La réflexion cherche à déterminer comment aborder les différentes thématiques pour faire en sorte que les visiteurs connaissent toutes les facettes du canal du Midi : des hommes et des femmes qui naviguent, des bateliers, la biodiversité, le patrimoine…
Le schéma d’interprétation définit des thématiques et comment on les décline dans tel ou tel territoire. L’interprétation, ce n’est pas forcément un panneau ou un musée.
La concrétisation nécessitera des investissements à l’avenir, vers 2024 ou 2025, avec des financements prévus dans le contrat-cadre.
NPI : Quels sont les événements programmés pour la saison 2023 ?
Laurent Cyrot : Un nouveau site Internet est en cours de construction qui devrait être lancé en juin de cette année en abordant les aspects aussi bien patrimoniaux que touristiques. Le CRT Occitanie et VNF portent ce projet. C’est une action concrète des membres de l’Entente et financée par le contrat-cadre.
Le premier week-end de juillet, « les escales du canal » sont organisées par de nombreuses communes. Une première édition a eu lieu en 2022. La volonté est d’attirer les riverains, pour qu’ils se réapproprient le canal lors d’une grande fête autour d’un repas partagé. Le plan de gestion de l’Unesco a d’ailleurs identifié cette nécessité de faire redécouvrir le canal aux riverains qui en sont les premiers ambassadeurs.
Nous travaillons également sur la « Marque canal du Midi », dévoilée en juillet 2021 (voir article de NPI), déposée par l’Etat, et gérée par VNF et les autres membres de l’Entente. Elle se déploie sur le territoire avec une signalétique. Toutes les communes, intercommunalités et collectivités peuvent l’utiliser, l’idée étant de donner un sentiment d’appartenance et de développer la visibilité.
