Eté 2023 : quel impact de la sécheresse sur la navigation ?

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La sécheresse ne concerne pas seulement le Sud et le canal du Midi mais aussi les canaux de Bourgogne.

Crédit photo VNF Centre Bourgogne

Après un été 2022 très sec et un hiver peu pluvieux, à quelle situation doit-on s’attendre sur le réseau navigable pour l’été 2023 ? Quel est l’état des réserves en eau qui l’alimentent ? Des restrictions de navigation sont-elles à prévoir ?

Fin mai 2023, selon le bilan établi par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), 68 % des nappes, qui constituent une alimentation indispensable au réseau navigable, sont en dessous de leur niveau normal. C’est le cas en particulier dans le Sud-Ouest et pour partie dans le Bassin parisien, dans le Nord et en Bourgogne-Franche-Comté.

Pour savoir s’il y aura de l’eau cet été sur les canaux et rivières canalisées, il faut aussi prendre en compte un deuxième critère : les précipitations. L’hiver a été très sec, ainsi que le début du printemps. Depuis quelques semaines, des précipitations ont un peu regonflé les rivières et une partie de la cinquantaine de retenues dont dispose Voies navigables de France en Grand-Est, Bourgogne-France-Comté ou Sud-Ouest.

Le constat

Pour ces retenues, très utiles pour alimenter les canaux à bief de partage en milieu et fin d’été, la situation n’est pas non plus très satisfaisante. Au 15 mai, le niveau de remplissage moyen n’était que de 78 %, contre 88 % pour la moyenne des dix dernières années. Pour les trois mois d’été, les prévisions saisonnières de Météo France annoncent des températures plutôt élevées, mais ne dégagent pas de scénario clair en ce qui concerne les précipitations.

« A cette époque de l’année, on n’est pas très loin de la situation de la saison 2022, qui ne s’est finalement pas trop mal passée malgré un épisode de sécheresse long et exceptionnel. Sur le réseau navigable, VNF a tenu ses objectifs, sans arrêt de navigation sur le réseau à grand gabarit et avec un maintien des autres usages : alimentation en eau potable, irrigation agricole, usages industriels et refroidissement des centrales nucléaires », selon Guy Rouas, expert « eau » auprès du directeur général de Voies navigables de France.

Sur le grand gabarit, la navigation avait été maintenue sans restriction à l’été 2022 sur 98 % du réseau. La Moselle, où des mesures des restrictions d’enfoncement avaient été prises, représentant les 2 % restant.

Sur le petit gabarit, la situation en 2022 a été moins favorable puisque 15 % du réseau avait fait l’objet de restrictions ou d’interdictions de navigation, principalement dans le Nord-Est et en Bourgogne.

Une règle d’or : anticiper

« Tous les chiffres dont nous disposons aujourd’hui montrent une sécheresse annoncée, ajoute Guy Rouas. On aura, malgré nos retenues, une tension sur l’eau que nous devons gérer. Mais nous ne sommes pas non plus à l’abri d’une crue estivale, comme il y en a eu, il y a deux ans, sur le Rhin et sur la Meuse en Belgique et aux Pays-Bas.

Nous n’avons pas de boule de cristal mais des agents sur le terrain prêts à agir. L’anticipation se fait dans les instances nationales pour partager une vision, et dans les instances locales pour prendre des décisions basées sur les besoins des acteurs ».

Réuni début mai 2023 sur l’initiative du ministère de l’environnement, le comité d’anticipation de la situation hydraulique, qui rassemble tous les acteurs de l’eau, prévoit à l’échelle nationale pour l’été 2023 une situation proche de celle de l’an dernier. « La reproduction globale de l’évènement à l’échelle nationale ne veut pas dire que la situation sera similaire sur chaque bassin », nuance Guy Rouas.

Les solutions possibles

VNF, qui dispose en interne de son propre comité de suivi pour faire le point tous les 15 jours sur l’état de son réseau, évalue aussi la situation au niveau local via ses comités d’usagers pour prendre des décisions adaptées à chaque bassin. C’est à ce niveau que se prévoient les réductions d’enfoncement, les regroupements de bateaux aux écluses ou encore les arrêts de navigation sur les canaux.

Ainsi, sur le canal du Midi, l’ouverture de la saison a été retardée au 15 mars contre mi-février habituellement, afin d’économiser de l’eau à une période où l’activité touristique est relativement faible. VNF a reconstitué ses réserves dans le Sud-Ouest, mais affiche la plus grande prudence car les prises d’eau dans les rivières seront forcément limitées, en particulier dans l’Aude. L’alimentation en eau potable est évidemment priorisée.

Des précautions sont aussi prises en Bourgogne, comme l’indique Guy Rouas :

  • « Pour se préparer à une éventuelle sécheresse estivale, nous avons pris, tôt dans l’année, des mesures d’anticipation en réduisant les enfoncements là où ça ne perturbe pas trop la navigation, c’est-à-dire là où l’activité principale est la plaisance.
  • Un enfoncement réduit de 1,8 m à 1,6 m ne gêne pas les bateaux de plaisance, mais limite la quantité d’eau nécessaire à chaque passage d’écluse et réduit aussi les fuites, qui se font beaucoup par la partie haute des canaux. Nous discutons avec les acteurs concernés avant de prendre de telles décisions.
  • C’est ce que nous avions fait l’été dernier, avec succès puisque l’évolution du trafic passagers a été positive sur certains secteurs. Des enfoncements à la carte sont aussi possibles là où le passage de bateaux de commerce pourrait le justifier ».

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