En 2023 et 2024, 6 mois de fermeture exceptionnelle pour le canal du Midi

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A Toulouse, la berge du canal du Midi au niveau du boulevard de la Méditerranée en rive droite s’effondre.

Entre janvier 2023 et février 2024, les usagers toulousains de la voie d’eau se préparent à plus de 6 mois de fermeture exceptionnelle du canal du Midi, en deux longues périodes, pour réaliser deux grands chantiers au cœur de la ville. La concertation se poursuit pour limiter ou compenser les effets sur la navigation.

Entre janvier 2023 et février 2024, pendant 6,5 mois, la navigation sera interrompue sur le canal du Midi pour permettre la réalisation de deux chantiers distincts : la réfection de la berge supportant le boulevard de la Méditerranée par Toulouse Métropole et les travaux de préparation du prolongement de ligne 2 du métro par Tisseo (autorité des transports en commun de l’agglomération toulousaine).

« Comment le canal du Midi peut-il rester fermé si longtemps pour deux longs chantiers successifs programmés à 8 mois d’intervalle ? », interroge Valérie Piganiol de « Toulouse, Ô fil de l’eau », coordination des acteurs du réseau fluvial toulousain, de l’hôtellerie et de la restauration. Comme eux, beaucoup d’usagers ont fait part de leur incompréhension lors des deux dernières commissions locales des usagers (CLU) exceptionnelles, réunies autour des enjeux des chantiers.

A quelques semaines du premier coup de pelle, la direction territoriale Sud-Ouest (DTSO) de Voies navigables de France (VNF) tente encore de négocier un report auprès de Toulouse Métropole, maître d’ouvrage du premier chantier. « Tant sur le plan technique que sur le calendrier, nous aurions pensé les choses autrement, mais mes compétences ne peuvent juger du bien-fondé de ce choix hautement technique, sachant que le caractère d’intérêt général sur ces travaux prévaut », indique le directeur territorial de la DTSO, Henri Bouyssès.

Une première… depuis Vauban

Pour mieux comprendre le caractère exceptionnel des chômages prévus en 2023 et 2024, rappelons que la période habituelle se déroule chaque année sur deux mois, en janvier et février.

En 2023, le chômage va débuter le 2 janvier et durer jusqu’au 15 mars (2,5 mois). Une barge de 9 m de large va prendre place sur un canal large de plus de 13 m pour supporter l’engin qui va planter des palplanches de 5,5 m. Le talus est touché par des effondrements partiels qui mettent en péril la circulation routière sur un boulevard où 20 000 véhicules circulent chaque jour. « Pour cette portion, il y a superposition daffectations au profit de la métropole », précise Henri Bouyssès. Sur ce bief urbain de 12 km, très rarement vidé, la navigation reste habituellement possible pendant le chômage pour les bateaux-promenade, l’accès à la cale de radoubs des Demoiselles, au port technique de Ramonville et pour des convoyages.

Sur le même bief, 6 km en amont, de novembre 2023 à fin février 2024, le canal du Midi sera de nouveau coupé, pendant 4 mois. Le temps de construire un canal provisoire au-dessus du tunnel du métro qui passera sous le canal du Midi.

Ce sont ainsi deux grands chantiers qui perturberont l’activité fluviale sur plus d’une année entre la Méditerranée et l’océan.

Lors de la basse saison, la circulation sur le canal du Midi est estimée à une moyenne d’un bateau par jour, selon les statistiques des trois dernières années (source : Toulouse Métropole). Sur les trois exploitants de bateaux à passagers toulousains, seul le bateau-restaurant lOccitania poursuit ses prestations hebdomadaires en basse saison. Le Samsara et les Bateaux toulousains travaillent à la demande pour des croisères et des événements.

« Cest la première fois depuis Vauban que la navigation sur le canal du Midi sera fermée aussi longtemps », note Jean-Marc Samuel, président d’Agir pour le fluvial (APLF). Déjà des bateliers itinérants se demandent de quels côtés des travaux ils souhaitent se positionner sur ces deux périodes.

Aperçu des divergences

Aux propositions de reporter le premier chantier ou de l'adapter sur le plan technique pour réduire le temps de fermeture, l’élue de la métropole, Cécile Dufraisse, met en avant une « urgence relative à des dommages structurels graves sur une chaussée très empruntée ».

Anne Ackermans, présidente de lAssociation nationale des plaisanciers en eaux intérieures (ANPEI), a rappelé en CLU avoir signalé les premiers effondrements des berges en 2007. En 2016, VNF identifie « des désordres sur le talus ». Sur ces 300 m de linéaire, le rapport de la métropole fait état de forte érosion, d’effondrement partiel et d’un recul de la berge de un à plusieurs mètres.

« Depuis plusieurs années que les deux chantiers sont annoncés et attendus, comment se fait-il quils ne soient pas sur un même calendrier ? », s’étonne Pierre Cardinale, de Toulouse, Ô fil de l’eau.

Lors de la CLU, l'élue toulousaine a répondu : « Toulouse Métropole a étudié la faisabilité du passage des bateaux pendant la période des travaux fluviaux et il a été montré l’impossibilité technique de permettre la navigation sur ce secteur et ce afin de garantir la sécurité des usagers de la voie deau et du chantier ».

Pour Jacques Garissou, directeur de la société Balineau en charge du chantier : « Nous avons suivi un cahier des charges qui présentait un canal fermé à la navigation. Aujourdhui, un report serait très coûteux pour la métropole ».

« Dans une telle situation, le cahier des charges des travaux aurait dû stipuler que les travaux ne devaient pas avoir de conséquence sur la navigation », estime Jean-Marc Samuel.

La question a aussi été posée sur la possibilité d’une barge moins large comme pour d’autres chantiers. « Nous avons pris les mesures en rapport à la hauteur des palplanches », répond Jacques Garissou.

Compensation économique

Pour appréhender les réactions politiques et citoyennes, le directeur général de VNF, Thierry Guimbaud, est venu le 4 octobre 2022 répondre aux usagers de la voie d’eau : « Il faut expliquer et communiquer autour de la marque commune « canal du Midi » et présenter les choses de manière positive en expliquant les possibilités dagir et en minimisant les travaux. On crée un canal du Midi artificiel : il faut le valoriser. Cest grâce à lui que lon peut réaliser les travaux, tout en maintenant la navigation (il y aura 3 ans de travaux, NDLR). Ce sont des travaux impactants et complexes, mais qui préparent lavenir. Il faut voir le type daction que lon peut mener pour en faire éventuellement une attraction ponctuelle ».

Dans l’attente de la décision de fermeture du canal qui revient à la direction générale de VNF, seize conseillers départementaux et la député écologiste, Christine Arrighi, ont envoyé des courriers au préfet de Haute-Garonne et au directeur territorial de VNF Sud-Ouest demandant une coordination sur le projet de fermeture.

Selon le service de presse de la métropole, un arrêté municipal a été pris récemment pour interdire le passage des piétons, complété par un arrêté préfectoral pour réduire la vitesse de navigation et éviter les vagues provoquées par le passage des bateaux qui auraient aggravé phénomène.

Pour Richard Munoz, propriétaire de l’Occitania qui embarque entre 12 000 et 15 000 passagers sur 360 croisières par an : « On ne peut pas sopposer à un projet dintérêt général mais il faut, comme cest la règle, que la collectivité dédommage du préjudice causé. La fermeture du canal nous oblige à revoir complétement notre concept avec, par exemple, des croisières plus courtes ou de la restauration à quai. Cette nouvelle organisation subie présentera beaucoup moins dintérêt pour les clients. Nous avons estimé une perte de chiffre daffaires de 33 %. Nous allons bien sûr demander des compensations ». Des obligations dont le directeur territorial de VNF a tenu à informer les maitres d’ouvrage.

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