Delta 3 a donc bénéficié, indirectement, du confinement, avec une consommation accrue pour l’équipement de la maison, le sport et le bricolage. En fin d’année 2020, c’est la perspective du Brexit qui a pris le relais pour tirer l’activité, avec un effet de stockage dans les entrepôts britanniques en anticipation d’éventuels droits de douane ou entraves aux importations à partir du 1 janvier 2021. Certains flux à destination de la Grande-Bretagne ont aussi été massifiés sur Delta 3 pour traverser la Manche en train. Transfesa, filiale espagnole de la Deutsche Bahn, a effectué depuis juin 2020 des arrêts à Dourges sur une ligne entre l’Espagne et l’Angleterre. La montée en puissance se fera courant 2021 jusqu’à un train par semaine. La fin d’année a donc été très active à Dourges avec par exemple, pour le seul mois de décembre, trois fois plus de train en 2020 qu’en 2019.
Un peu moins de barges
« En mars, on ne pensait pas en être là fin 2020, souligne Emmanuel Favreuille. La diminution du nombre de passages chantier a, de plus, été compensée par l’augmentation en 2020 des transbordements de train à train, avec, par exemple, du trafic provenant du Benelux et réexpédié vers la région parisienne ou le sud de la France ».
Par « passage chantier », il faut comprendre que chaque unité de transport intermodal (UTI, c’est-à-dire conteneur ou caisse mobile), n’est comptée qu’une fois lors de son passage par le terminal, contrairement à l’usage portuaire où c’est le nombre de manutentions qui est décompté.
Alors que le terminal, comme en 2019, a reçu 3 200 trains en 2020, le nombre de barges a légèrement baissé, passant de 543 à 512. La répartition des flux entre les deux modes change peu : 91 % fer et 9 % fleuve en 2019, contre 92 % fer et 8 % fleuve en 2020. Si le fluvial accuse du retard sur le ferroviaire, c’est que les conteneurs parvenant par bateau à Dourges proviennent des ports maritimes du Range Nord, de Dunkerque à Rotterdam, et que le grand transport maritime est celui qui a été touché le premier, alors qu’en ferroviaire, il y a aussi des flux continentaux.
« Au printemps, il y a eu une certaine sidération et certains trains n’ont pas circulé, alors que d’autres étaient peu remplis. Mais les flux ferroviaires ont redémarré dès le mois de mai, avec un effet de rattrapage, explique Emmanuel Favreuille. Certains opérateurs ont fait une excellente année, notamment Froidcombi pour les liaisons avec Avignon, même si la fréquence a été allégée pendant le premier confinement. Les trains ont bénéficié d’une meilleure qualité de service sur le réseau avec des horaires mieux respectés. Au total, même ceux qui ont perdu du volume n’ont pas perdu de clients ».