« Nous concevons et exploitons des infrastructures partout dans le monde et employons 16 000 salariés. Parmi les projets que nous faisons, il y a en a un qui est emblématique des transports décarbonés, c’est le projet de canal Seine-Nord Europe qui doit permettre de relier les fleuves du Nord de l’Europe à la Seine », a expliqué Laurent Germain, pdg d’Egis, lors du LH Forum le 24 septembre 2021 au Havre et participant à une table ronde sur le thème « développer les transports décarbonés ».
L’entreprise Egis est mandataire du groupement One (rassemblant Ingérop, ISL, SBE, MDP et NEY & Partners) qui a été désigné fin 2019 pour assurer la maîtrise d’œuvre complète des secteurs 2 et 4 du futur canal Seine-Nord Europe (voir encadré)
Laurent Germain a poursuivi : « Ce canal va servir au report d’un transport carboné vers un transport moins carboné en décongestionnant l’autoroute A1 » où circule un grand nombre de poids lourds fortement émetteurs de gaz à effet de serre. « Le canal permet de réduire ces émissions, sachant qu’un bateau peut transporter jusqu’à 220 poids lourds. D’autre part, la consommation en carburant du mode fluvial est deux à quatre fois moins polluant que le transport routier ».
Le rôle de l’ingénieur
Pour ce responsable, le futur canal est également « emblématique du rôle de l’ingénieur en France par rapport à la décarbonation avec l’éco-conception. Celle-ci à chaque étape de la conception d’un projet pose les questions de l’impact futur de l’infrastructure sur l’environnement à la fois au moment où on la construira et où on l’exploitera. Il s’agit de se poser les bonnes questions avant qu’il ne soit trop tard, c’est-à-dire avant que l’infrastructure soit construite ».
L’éco-conception permet notamment de simuler au travers de « maquettes numériques » les conséquences de telle ou telle partie de l’ouvrage sur l’environnement. « C’est vraiment quelque chose de nouveau qui met l’ingénieur au centre de la problématique de la décarbonation ».
L’éco-conception « a déjà permis des décisions », a ajouté le responsable. Par exemple pour des aménagements écologiques le long du canal, pour l’alimentation en eau par l’Oise et non pas par les nappes phréatiques.
« Le canal Seine-Nord Europe démontre qu’il n’y a pas de contradiction entre écologie et développement économique. On peut construire des ouvrages qui sont plus décarbonés et, en même temps, contribuer à la croissance économique des territoires du Nord de la France avec la liaison fluviale vers l’Europe du Nord ».
Le pdg d’Egis a souligné que « la décarbonation va profiter d’abord à des filières pendant la phase de réalisation » du canal (BTP) puis « l’ensemble des activités économiques qui vont transiter par cette nouvelle voie de transport vont bénéficier des effets positifs externes de la construction de cette nouvelle infrastructure ».
Assumer le coût de la décarbonation
En conclusion, Laurent Germain a relevé que « la réalisation du canal atteint 5 milliards d’euros. Il faut être clair et tenir un discours de vérité : la décarbonation a un coût et nécessite de la réglementation. Il faut assumer ces deux éléments clés si l’on veut le développement de transports décarbonés. Et le bilan socio-économique sera positif ».
Maîtrise d’œuvre complète des secteurs 2 et 4 de Seine-Nord Europe
L’entreprise Egis est mandataire du groupement One (rassemblant Ingérop, ISL, SBE, MDP et NEY & Partners) qui a été désigné fin 2019 pour assurer la maîtrise d’œuvre complète des secteurs 2 et 4 du futur canal Seine-Nord Europe
Egis et ses partenaires assureront pendant 9 ans la maîtrise d’œuvre complète, des études de conception en passant par le suivi des travaux, jusqu’à la mise en service, des deux principaux secteurs du canal Seine-Nord Europe :
• Le secteur 2, d’une longueur de 48 km allant de Passel à Allaines,
• Le secteur 4, d’une longueur de 28 km allant de Etricourt -Manancourt jusqu’à Aubencheul-au-Bac.
Un communiqué du groupement indique : « Ces deux principaux secteurs couvrent près des trois quarts du tracé total et nécessitent une très haute technicité en matière de terrassements (55 millions de m3 de déblais, et d’étanchéité (4,5 millions de m2), mais aussi d’ouvrages de rétablissement, d’aménagements hydrauliques, de gestion et intégration des dépôts dans le paysage (transports des matériaux) ».