Les canaux sont utilisés pour de nombreux usages en plus des activités liées à la navigation fluviale. Le contexte de sécheresse exacerbe les tensions entre les différents usagers, comme le montre l’action d’agriculteurs sur le canal du Midi. VNF Sud Ouest a rappellé les principes du fonctionnement hydraulique au bénéfice de tous.
Une quinzaine d’agriculteurs de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles de l'Aude et du syndicat des Jeunes Agriculteurs a bloqué l’écluse de la Planque sur le canal du Midi le 20 mars 2023. Ils ont utilisé des bras télescopiques de leurs tracteurs, obligeant les premiers plaisanciers à faire demi-tour.
Par cette action, largement couverte par la presse régionale, les agriculteurs réclamaient une table ronde avec VNF, une restriction partagée de l’eau du canal dans le contexte de sécheresse, lui aussi largement évoqué ces dernières semaines (voir article de NPI). Sachant que la navigation reprend sur le canal du Midi avec le début de la saison qui commence.
Précisions sur le processus hydraulique
Dans un esprit d’apaisement, la direction territoriale Sud-Ouest de VNF a rappelé le processus hydraulique :
- L’eau du canal du Midi provient à 80 % des cours d’eau situés le long du linéaire (principalement du fleuve Aude) et à 20 % des barrages réservoirs alimentés par les eaux de la montagne Noire (Saint-Ferréol, Lampy et Ganguise).
- 50 % de l’eau transportée par le canal est orientée vers un usage agricole, il est nécessaire de transporter l’eau pour que l’irrigation soit possible.
Mais aussi les mesures exceptionnelles à appliquer :
- VNF doit diviser par deux cette année son quota d’eau issue des barrages réservoirs.
- Le groupage de bateaux aux écluses est rendu obligatoire à partir du 29 mars, date d’ouverture de la haute saison.
Pour VNF Sud-Ouest : « Nous allons assurer notre mission, celle de permettre la navigation sur le canal du Midi sans entraver le droit européen de libre circulation des personnes », indique Astrid Levern, chargée de la communication, qui rappelle qu’une loi sur l’eau existe afin de déterminer les priorités d’usage en cas de crise.
Crainte pour les activités du tourisme fluvial
Pour des acteurs du tourisme fluvial réunis au sein de l’Union des péniches du canal du Midi (UPCM) :
- « Les propos tenus par les représentants du monde agricole montrent une méconnaissance des règles et, pour le moins, une méconnaissance des mécanismes d’usage de l’eau des canaux ».
- « La navigation, contrairement aux autres usages, ne prélève pas mais restitue après stockage ».
Ils souhaitent une concertation avec la présence du préfet. Leur crainte est Leur crainte est de ne pas voir venir les touristes sur le canal du Midi croyant qui pourraient croire n'y a plus d'eau.
Une commission locale des usagers exceptionnelle a été organisée le 24 mars au cours de laquelle il a été précisé que :
- La préfecture a placé la navigation en mode « vigilance ».
- Les deux barrages réservoirs gérés par VNF sont remontés à 74 % et celui de la Ganguise géré par l'Institut des eaux de la montagne noire (IEMN) à 50 %.
Une table-ronde devrait avoir lieu prochainement, organisée par la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), avec tous les usagers de l’eau de la montagne Noire.